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Crise du PAM ou crise de la politique ?

Le PAM est traversé par une grave secousse. Mais celle-ci ne traduit-elle pas l’impasse de l’ensemble de la classe politique.

Depuis le départ d’Ilyas El Omari, on savait que la lutte des clans couvait au PAM. Celle-ci s’est ouvertement déclarée la semaine dernière. Benchemmas et les siens ont émis des sanctions contre deux présidents de régions, des élus pour des raisons organisationnelles.

En fait, Akhchichine et Bakkouri sont des membres fondateurs du mouvement pour tous les démocrates, matrice du PAM.

Le problème est politique. Le PAM a été conçu comme un assemblage de notables et d’intellectuels devant constituer une machine électorale à même de contrer les Islamistes.

Cet assemblage se fissure publiquement. Les notables, les financiers rifains, prenant le contrôle du parti. Le fait que l’on parle de plus en plus, d’un pari sur le RNI, n’est pas étranger à cette situation. On peut y voir une réaction des notables du PAM qui ne veulent pas jouer les utilités.

Mais les autres partis sont loin d’avoir la forme olympique. Le PJD est clairement en crise profonde. L’impopularité de l’exécutif aiguise les différends entre pro-Benkirane et pro-Othmani. L’unité de façade risque de s’écrouler à tout moment.

Les autres partis sont atones, n’ont qu’une vie interne cosmétique. Pourquoi ? Il est entendu que le fameux blocage a créé un fossé entre la population et la classe politique. Les institutions représentatives ne jouissent plus d’aucun crédit. Dans ces conditions, les partis politiques n’ont plus les moyens d’exprimer leurs différences.

C’est une véritable crise institutionnelle, aggravée par l’absence de référentiel des organisations partisanes. À part le PJD, les partis politiques ne sont plus les lieux de réflexions profondes, à partir d’un référentiel idéologique clair. C’est cette faiblesse qui aboutit à des prises de position comparables sur les sujets de l’économie.

Parce qu’il n’y a pas de démocratie sans démocrates, il y a besoin de partis politiques pour parfaire la construction démocratique. En l’état actuel des choses, nous avons 32 partis qui ne remplissent pas leur rôle. Il faut donc reconstruire la classe politique.

Ceci est possible à condition que l’autonomie de décision des structures partisanes soit une règle immuable. Ce n’est qu’à ce prix que la politique peut à nouveau attirer les talents et la jeunesse, condition sine qua non pour revitaliser la vie politique.

Dans cette démarche, beaucoup de partis disparaîtront d’eux-mêmes parce que parfaitement inutiles. Même le PAM, malgré sa force électorale vit ce risque. S’il devient un simple parti de notables, ceux-ci peuvent rejoindre une bannière qui a le vent favorable.

Nous avons deux années devant nous pour voir cette transformation. Sinon, elle s’imposera dans la douleur. Si en 2021 les électeurs ne se déplacent pas, si le taux de participation est très bas, les institutions qui en seront issues, n’auront aucune crédibilité. La nature ayant horreur du vide, il faudra bien reconstruire une vie politique sur ce champ de ruines.

 
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