Blog de Jamal Berraoui

De l’acceptabilité de l’impôt par ( Jamal Berraoui )

Etant anti-paperasse, cela fait plus d’une décennie que je n’ai jamais demandé une fiche de paie. J’ai été amené à le faire pour des besoins administratifs. Je paie chaque mois 17.762 dirhams au titre de l’IGR. Je vous laisse faire le calcul annuel, moi, cela me fait mal au crâne.

Payer ses impôts est un acte de citoyenneté fondamental. Mais si les salariés étaient au déclaratif, est-ce que je serai prêt à payer autant ? Sincèrement je me pose la question. 

La scolarité de mes enfants, les soins médicaux de la famille, sont à mes frais exclusifs. Je ne me souviens pas avoir pris les transports publics plus d’une dizaine de fois en un demi-siècle. La seule chose que l’Etat m’a donné, c’est ma propre éducation, je suis un pur de l’école marocaine. La majorité des hauts salaires sont dans ma situation. Heureusement pour le fisc  que le prélèvement est à la source !

L’impôt doit être acceptable par tous, au moins dans son principe. Mais cette acceptabilité est fonction de réalités. La cohésion sociale en est une. Elle passe par l’accès égalitaire aux services publics, les filets sociaux, un enseignement public de qualité, un système de santé efficient, une politique sécuritaire adéquate, une justice qui fonctionne … etc. Quand ces fonctions régaliennes sont assumées, nul ne peut refuser de payer sa quote-part, par la voie de l’impôt, même si le taux d’imposition est toujours un sujet de débat.

Est-ce le cas au Maroc ? Le recours à l’enseignement privé est une obligation pour tout bon père de famille qui en a les moyens. A tel point que je ne trouve pas scandaleux que certains réclament que les frais de scolarité des enfants soient déduits de l’impôt. C’est la même chose pour la santé, puisque les hôpitaux n’ont pas la capacité d’assurer l’accès aux soins à tout le Monde. Et seule la solidarité individuelle vient au secours des plus miséreux.

Les patrons utilisent le même argument en y ajoutant celui de la corruption vécue par eux comme un impôt obligatoire. Ce sont là des réalités qu’il nous faut prendre en compte dans le débat sur la fiscalité et la nécessité de lutter contre l’évasion et la fraude fiscales.

Il faut renforcer les recettes de l’Etat, c’est un impératif si on veut le voir améliorer ses performances, assumer correctement ses fonctions régaliennes. Je ne pense pas que la prédication suffise pour que les professions libérales et les patrons payent leurs impôts. Il faut d’abord les convaincre par un projet clair, évaluable dans le temps. C’est ce qui nous manque le plus. Sinon, il faut instaurer un système répressif très dur, au coût politique élevé. C’est ce choix que devra faire la réforme fiscale à venir.

 
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