Blog de Jamal Berraoui

De l’aménagement du territoire

A Oualidia, sur décision royale nous dit-on, aucune autorisation de construire n’a été délivrée depuis plus d’un an, en attendant un plan d’aménagement urbanistique qui préserve la beauté du site.

Essaouira, par une décision prise du temps de l’ancien gouverneur Abdeslam Bikrat il est interdit de surélever les constructions en bord de mer et dans l’Intra-muros, ce qui préserve le charme éternel de la première ville du Maroc à être « conçue », conceptualisée, parce que créée de manière volontariste.

Dans les deux cas, il s’agit de décisions pertinentes. Le taux d’urbanisation est un vrai drame. La ruralisation des villes, accélérées par le dynamisme économique de certaines d’entre elles, c’est le cas de Oualidia et Essaouira, se transforme en  complot de la laideur.

Parce qu’il n’y a pas de maîtrise de l’élargissement des villes, les élus ne font que suivre le mouvement. A Casablanca, par exemple, ville gérée par dérogations pendant près d’un quart de siècle, des quartiers entiers ont été construits, habités, obligeant les autorités à les aménager, à les doter des infrastructures de base, tel que l’assainissement, ou l’eau potable. Les anciennes médinas, par le truchement de la colocation nécessitent des investissements énormes pour la maintenance des réseaux existants face à la surpopulation.

Des efforts sont faits pour le rattrapage. En particulier, toutes les villes côtières du Maroc ont été embellies par des corniches offrant un espace piéton. Ironie de l’histoire, c’est dans les villes qui n’ont « bougé » économiquement que récemment, que la chose est la plus aisée, parce que sans attrait, elles n’ont pas subi un grand exode rural. Essaouira en est le parfait exemple. A la fin des années cinquante, Safi et Essaouira avaient des populations comparables. L’industrialisation de l’ancienne capitale de la sardine a fait que 30 ans plus tard, Safi compte 3 fois plus d’habitants que sa voisine, en ayant perdu son âme de vieille cité.

Les autorités centrales et locales sont sensibilisées au problème et tente de réagir. Ce n’est pas un hasard si nous avons enfin un ministre de la politique de la ville.

Il faut penser global et agir localement, en imposant des schémas directeurs de manière rigide, c’est-à-dire en interdisant les dérogations, souvent source de corruption, mais surtout force d’inertie.

L’aménagement du territoire est un enjeu essentiel du développement. Maintenant que tout le monde en est convaincu, il nous reste à mettre en place une politique.

 
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