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De New York 1994 à Moscou 2018 : ce qui a changé dans le foot marocain

Commençons par rendre grâce à un phénomène tout puissant. Sans lui, les meilleures architectures s’effondrent mais dès qu’il apparaît, même de manière inattendue, voire inespérée, alors même les plus branlantes structures deviennent solides.

Ce phénomène décisif, incontournable et souverain, c’est le résultat. Oui, le résultat, ou plus simplement encore, le score d’un match de football. Un but raté ou un but marqué et voilà tout votre univers chamboulé.

Après la récente Assemblée Générale de la FRMF, toutes sortes d’observateurs du foot national ont voulu comparer les mérites des uns et des autres avec pour thème principal de réflexion : Est-ce que Fouzi Lekjaa, Président de ladite FRMF, a vraiment bouleversé le foot national ?

Il n’y a pas eu de réponses claires tout simplement parce qu’il ne peut y en avoir.

Juger le football est perturbant, car il vous expose à trancher entre ceux qui le dirigent ou l’ont dirigé. C’est aussi exceptionnellement injuste, car si comparaison n’est pas raison, il y a aussi toutes les politiques politicardes et les polémiques vachardes ou bâtardes qui ont encombré le parcours des uns et des autres.

Aujourd’hui, Fouzi Lekjaa a pu organiser une Assemblée générale quasi triomphale, d’où il est ressorti rasséréné, ragaillardi et plus décidé que jamais, à mener le bateau du foot encore plus loin.

Bien, on apprécie et on applaudit et d’ailleurs les dirigeants présents à Skhirat pour cette réunion, n’ont pas manqué de le faire, copieusement et abondamment.

Le petit monde du football, si turbulent traditionnellement se serait-il assagi ? Ou bien Lekjaâ, en roué homme de terrain, outre ses résultats flatteurs, aurait-il trouvé la manière de mater les trublions ?

Lundi matin, une méchante langue résumait l’A.G du foot made by Lekjaâ par des mots lapidaires : « L’A.G s’est fort bien passée elle a été calme, un peu trop même, Lekjaâ aurait dû l’organiser à Moscou lors du Mondial, car tous ceux qui étaient à l’A.G étaient en Russie, cela nous aurait fait gagner du temps et de l’argent.»

C’est dur de plaire à tout le monde. Dans la vie quoique vous fassiez, il y aura toujours des mécontents, des contents, des partisans et des tireurs embusqués. La constatation ironique dont on vous a fait part ci-dessus, émane d’un homme très versé dans le foot et même, disons-le franchement, plutôt proche de Fouzi Lekjaa.

On ne donnera pas de nom, tous les courageux anonymes se reconnaîtront et cela dessine bien l’ambiance générale autour du foot et de ceux qui le dirigent. Quant on applaudit, cela ne veut pas dire qu’on est content, on suit juste le mouvement, idem lorsqu’on parle de foule en colère, ce n’est pas aussi dramatique qu’on veut bien le croire.

Toute colère est passagère, surtout en foot, où les résultats s’effacent d’eux-mêmes et s’annulent les uns les autres.

Ainsi en 1994 avec le très populaire Blinda, dans un match de Coupe du monde qui se joua à New York, l’équipe nationale succombe (1-2) face à l’Arabie Saoudite. Le choc sur le public fut immense et entraina la dissolution de la fédé alors présidée par le Colonel Major Zemmouri.

4 ans plus tard, le général Housni Benslimane et Henri Michel remirent les choses en place et les Lions de l’Atlas respirèrent, à nouveau, le doux parfum d’une phase finale de Coupe du Monde. Ce sera, on s’en souvient, la participation à France 1998.

C’était la dernière du siècle et aussi la dernière pour l’ère Benslimane. Pour le Mondial 2002 c’est le Sénégal qui allait nous éliminer.

La qualif en Coupe du Monde 2006, avec Zaki comme coach, fut, elle aussi, ratée. Le navire Benslimane, chavira mais tint bon.

Il sombrera, corps et âmes lors des éliminatoires pour le Mondial 2010 où une incroyable défaite face au Gabon, à Casablanca, avec Roger Lemerre et Fathi Jamal, aux commandes. Cela eut pour conséquence la démission de Housni Benslimane et de son équipe (dont Aouzal et d’autres dirigeants méritants) et l’arrivée de Ali Fassi Fihri.

Ce dernier homme sage, pondéré et technocrate averti pensa à la restructure de la fédé, à l’image de ce qu’il faisait au FUS, équipe dont il était aussi le président. Ce travail ingrat, car invisible pour le grand public, travail qui consiste à codifier, légiférer, raviver tous les textes et les statuts (dirigeants, entraîneurs) réfléchir à la formation, ne pesa pas lourd, car sur le terrain, l’équipe nationale ratait tout ce qu’elle pouvait.

Avec le « controversé salarié » Eric Gerets, on passa à côté d’une CAN, celle de 2012 qui nous paraissait acquise. Un match d’ouverture, contre la Tunisie, le manque de réussite des Hajji et Chamakh et voici le Maroc éliminé et Gerets débarqué.

Ali Fassi Fihri, resta solidement en place malgré tous les coups bas dont il eut à souffrir de la part d’une certaine presse très remontée contre sa manière de faire.

Taoussi, oui Rachid, qu’on verra ce vendredi 21 Septembre à Sétif pour le match du Wydad, Taoussi donc reprit le flambeau des Lions de l’Atlas et cap sur le Mondial 2014.

Echec là aussi.

Le temps commençait par devenir long.  Ni Zaki, ni Fathi Jamal, ni Taoussi n’ont pu vaincre le signe indien, et pourtant si on se donnait la peine de revoir les matchs qui nous ont pénalisés, on y verrait que notre Onze national s’y est plus battu lui-même qu’il ne fut surclassé sur le terrain.

C’est que donc quelque chose se passait au sein de la fédé et du staff technique des Lions qui n’était pas clair.

Le général Housni Benslimane, fidèle à la tradition militaire n’en parla jamais. Son successeur, Ali Fassi Fihri, préférait les dossiers aux conférences de presse. Pourtant les deux hommes en auraient eu des choses à dire eux qui, souvent, furent victimes des erreurs, voire des manigances de certains.

Exit donc le général et le stratège, arrivée alors de Fouzi Lekjaâ. Lui, il ne se posa pas de questions, il choisit de foncer dans le tas, s’entourant des « meilleurs » présidents de clubs, ou supposés tels. Il en abandonnera quelques-uns en route (Bouchehati d’Al Hoceima et Boudrika du Raja), sans état d’âme, et en homme qui a tout compris du football et de la perception du public envers le ballon rond, il se consacra entièrement à l’équipe nationale.

Sachant que les « ratages » de 2010 et 2014 avaient coûté cher à ses deux prédécesseurs, il réussira une qualification historique pour le Mondial 2018.

Qualification que tout le monde a encore en mémoire, et qui a grandement contribué à la réussite de cette A.G de la fédé dont on vous parlait plus haut.

Qu’on eût été éliminé, en ce 11 novembre 2017, par la Côte d’Ivoire et peut être que l’expérience Lekjaâ-Renard serait terminée.

Méditons bien cela, avant de dire que tel président a été meilleur que l’autre.

Ce jugement sera forcément aléatoire car il tiendra du hasard du foot et de ses résultats de match.

Cependant, fort de cette victoire retrouvée, Lekjaa peut poursuivre, tranquillement, tout le travail en profondeur, entamé par Benslimane, continué par Fassi-Fihri, et que les vents contraires avaient stoppé et caché aux yeux du public.

Désormais, Lekjaâ, avec une équipe nationale recouvrée et rassurante, prête à affronter les aléas de toutes sortes, a entamé une autre conquête.

Il l’a promis à la fin de l’A.G : « L’an prochain, en 2019, les Lions de l’Atlas iront chercher la victoire en CAN ». Victoire qui serait la première depuis …. 1976.

Mais cela, est une autre histoire. Qui sera belle … si le résultat le permet.

Ce résultat qui fait toute la différence.

 
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