Les chroniques de Jamal BerraouiSanté

Confinement : des arguments fragiles

La cause est entendue, le gouvernement a tranché, ce qui est son rôle, il nous condamne à trois semaines supplémentaires de confinement. On verra à l’usage si l’adhésion populaire va suivre, ou si au contraire, ici ou là, apparaîtront des signes d’exaspération.

Mais l’argumentaire du Chef du gouvernement a du mal à passer. Il dit que la situation sanitaire n’est pas assez maîtrisée. C’est faux ! Malgré les clusters qui sont de la responsabilité de l’Etat, puisque c’est à lui de faire respecter les lois dans les usines et les marchés, les chiffres sont à la baisse.

Mais les bons chiffres ne sont pas publiés, ou alors il faut les calculer, ce sont ceux des lits disponibles. Depuis plus de dix jours, le nombre de guérisons dépasse celui des nouveaux cas. Nous gagnons donc des lits, mais le plus précis c’est celui des lits de réanimation, parce que tout engagement aurait des conséquences tragiques. On nous l’a fourni une seule fois, il y avait 50 lits d’occupés dont 20 nécessitaient des respirateurs artificiels. Depuis ce chiffre n’est plus fourni, parce qu’il va à l’encontre du discours de l’exécutif bâti sur la culture de la peur.

La communication est la grande faiblesse de cette séquence. « Restez chez vous » est devenu un totem. La propagande à la coréenne empêche de convaincre les gens de l’essentiel, du vital, de ce qui devra devenir notre seconde nature : les mesures barrières.

Lire aussi : Maroc : le confinement prolongé

Faut-il attendre le jour du déconfinement pour établir les protocoles sanitaires adaptés à chaque lieu, chaque métier ? La raison dit non, mais c’est à l’exécutif de trancher. En faisant du confinement la panacée on ne peut pas promouvoir ce qui devra être notre quotidien de demain. C’est une erreur de communication assez puérile.

L’exécutif doit s’agiter sur 3 fronts : garder la vigilance sanitaire en préférant les fameux protocoles et en les discutant avec les intéressés, améliorer le fonctionnement des mécanismes de solidarité, puisque des milliers d’inscrits n’ont rien reçu ce qui porte atteinte à la crédibilité de l’ensemble et surtout livrer les pistes du plan de relance. Cela fait un sacré programme. Le confinement est au mieux un pis-aller qui ne fait que retarder les échéances, parce qu’il faudra bien vivre avec le virus.

 
Article précédent

L’indien Gujarat Fluorochemicals accélère ses investissements au Maroc

Article suivant

Le vrai du faux sur le coronavirus au Maroc, ce mardi 19 mai