Blog de Jamal Berraoui

Des lobbys et du lobbying

Au Maroc, nous avons hérité de la France une détestation du lobbying. Le mot est péjoratif, il signifie manœuvres dilatoires pour défendre des intérêts privés, nécessairement contre l’intérêt général. Aux USA, c’est un métier reconnu, organisé et qui participe au débat public, voire même à la marche des institutions. Les élus n’ont aucune honte à les recevoir, à écouter leurs explications avant de voter une loi, certains lobbys sont de grands donateurs lors des campagnes électorales.

Mais la législation punit sévèrement tout enrichissement personnel d’un élu ou d’un fonctionnaire. Ainsi, dans la bataille contre le tabac plusieurs lobbys s’affrontent à chaque projet de loi.

En France, après l’affaire Médiator, on découvre chaque jour des collusions entre des élus et des intérêts privés. La ligne est franchie et c’est encore l’image de la classe politique qui en prend un coup. Parce qu’ils ont préféré ignorer les réalités, les politiques français la reçoivent à la figure. La réalité c’est qu’il est normal qu’un élu écoute les secteurs concernés par une loi en préparation, qu’il soupèse leurs arguments, à condition qu’il choisisse en conscience et en fonction de l’intérêt général, ce qui est le cas chez les anglo-saxons. La Commission européenne voit ses couloirs arpentés chaque jour par des lobbyistes affichés.

Au Maroc, nous faisons mieux. Les lobbys préfèrent être présents eux-mêmes au Parlement et à la Deuxième Chambre. Les gros agriculteurs ont compris cela depuis longtemps et son bien représentés dans les deux Chambres. C’est une force de négociation loin d’être négligeable.

Mais la tendance est à la politisation des élections et la question d’encadrement législatif du lobbying se posera. Car, depuis la nuit des temps le législateur est toujours soumis à la pression de groupes dont l’activité est impactée par sa décision. C’est positif quand cela lui permet d’avoir toutes les données avant de faire pencher la balance, c’est négatif quand il y a soupçon de concussion. Le modèle anglo-saxon est un moindre mal.

 
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