Politique au Maroc

Discours du Trône : Une attention particulière en direction de l’économie

Après de longues semaines pendant lesquels les oriels des Marocains ont été mis à rude épreuve avec l’avalanche des orateurs acteurs de la crise politique de la majorité, le discours royal est venu pour apaiser les ardeurs et éclairer la route. Les vrais grands dossiers sont étalés loin de toute raideur politicienne. L’Homme d’Etat parle aux générations, illumine les perspectives et inscrit l’action des responsables de la période dans le long processus de renforcement de l’édifice de la nation. Le Roi n’a pas besoin d’avoir la majorité relative ou absolue, il a le peuple. C’est à lui qu’il parle et c’est  sur ses intérêts qu’il  veille.
 
Les messages à caractère économiques et sociaux du discours du Trône ont touché des axes très importants. L’accent a été mis sur le développement économique continu et durable et sur la solidarité sociale. Ces chantiers sont aussi importants que l’achèvement des différents chantiers constitutionnels et ceux de la bonne gouvernance dans le cadre de l’Etat de droit.
 
Retour des gros revenus agricoles au système d’imposition
 
La défiscalisation de secteur agricole a trop duré sans qu’elle ne donne lieu à une transformation réelle de monde rural. Les 80 % de notre tissu agricole reste en dehors de la modernité. L’essentiel en matière d’aide à ce secteur est allé aux plus grands. Les efforts de financement et les subventions n’ont malheureusement pas créé de révolution en matière de productivité. Le retour à un régime fiscal normal ne concerne que «  les grands investissements agricoles ». Les petites et moyennes agricultures demeurent, pour des raisons sociales et économiques, dans l’espace de la défiscalisation. Il serait judicieux d’évaluer l’apport des impôts sur les grandes  activités agricoles pour les comparer à l’effort budgétaire fourni par l’Etat dans ce domaine.
 
L’Initiative nationale pour le développement humain (INDH)
 
Cette initiative qui a entamé sa deuxième phase ne doit pas rester cantonnée dans une vision d’aide aux plus pauvres ou aux plus démunis. Elle doit dorénavant s’inscrire dans une stratégie d’ouverture sur les grands chantiers de développement  visant à réduire les disparités sociales et géographiques. Les programmes de l’initiative nationale pour le développement humain (INDH) doivent  être élargis et renforcés au moyen d’autres mécanismes donnant une priorité aux activités génératrices de revenus. L’INDH avait besoin d’une revitalisation afin qu’elle continue à répondre aux objectifs de sa création. Les activités génératrices de revenus (AGR) restent l’élément le plus fragile dans les différents programmes de l’INDH. Les structures d’appui à ces activités n’ont pas fait  preuve d’une grande innovation dans l’encadrement et l’accompagnement des porteurs de projets. L’initiative est venue pour combler des déficits énormes en matière de lutte contre la pauvreté et la précarité dans les milieux rural et urbain. Elle devait constituer un effet de levier en renforçant la convergence de tous les acteurs locaux. Les services déconcentrés n’ont, pour des raisons bureaucratiques, pas jouer le jeu. Les collectivités territoriales ne sont pas appropriées les programmes de l’initiative. Le changement s’impose dans ce domaine. Les opérations d’évaluation des réalisations doivent être continues et ne pas se limiter à des audits annuels et ponctuels.
 
La reconfirmation de l’importance des programmes sectoriels
 
L’encouragement de l’investissement  se justifie par la priorité donnée à toutes les actions qui renforcent le développement et créent l’emploi. Les secteurs industriels (plan émergence), touristique (vision 2020) agricole (plan Maroc vert et plan halieutis) et celui des énergies renouvelables (plan solaire)  ont enregistré des résultats positifs et doivent être renforcés afin de réaliser les objectifs des différents programmes adoptés.  Ce sont des plans à long terme qui doivent traverser les gouvernements et rester comme axes stratégiques de toutes les politiques publiques.
 
Les gouvernements précédents ont laissé un héritage saint et positif
 
Ce message  revêt une importance particulière dans le contexte actuel. Sa lecture fait ressortir l’importance donnée par SM le Roi au comportement politique responsable qui doit accompagner l’action des acteurs de la scène. Le succès d’un programme de développement ou d’un grand projet est le résultat d’un processus qui doit enregistrer avec reconnaissance les efforts déployés par tout responsable ayant contribué à sa réalisation. Les luttes politiciennes ne doivent pas jeter le discrédit total sur les responsables des gouvernements passés. La reconnaissance de l’importance des paliers successivement atteint dans le combat contre le sous développement est une valeur morale qui a une relation directe avec l’enracinement du comportement citoyen dans notre pays.
 
Le bilan positif de 14 ans de règne est indéniable. Nos secteurs économiques ont connu beaucoup de transformation. L’aspiration légitime pour réaliser plus, bâtir plus et moderniser plus habite le peuple marocain et son Roi. Les chantiers restent ouverts pour moins de disparités sociales, mois de chômage, moins d’injustices et moins de sous productivité. Ces chantiers requièrent des engagements clairs de la part des acteurs politiques et de la société civile. La moralisation de la vie publique et le renforcement du professionnalisme en matière de gestion des projets de développement constituent les piliers du développement économique de notre pays.

 
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