Dossier

Doing Business 2015 : Les bons et les mauvais points du Maroc

Avec le classement Doing Business 2015 de la Banque mondiale, scruté par les investisseurs et qui rend compte du climat des affaires permettant ainsi de mesurer l’attractivité d’un pays, y-a-t-il vraiment dans ce rapport de quoi booster le moral des décideurs politiques et des opérateurs économiques ? Dossier réalisé par  Adama sylla

Le moins qu’on puisse dire, est que depuis sa publication par l’institution de Bretton Woods le 29 octobre dernier, le nouveau classement « Doing Business » pour l’année 2015, très suivi par la communauté des affaires et les gouvernements de par le monde, a prêté à confusion, installant la polémique entre le gouvernement et certains parlementaires de l’opposition. Si pour le premier, le Maroc a progressé de 16 rangs, se hissant à la 71e position sur 189 pays, en revanche pour les autres, le Royaume a reculé de 3 places. Avons-nous gagné 16 places ou en avons-nous perdu 3 ? Pour en avoir le cœur net, Challenge a contacté un co-auteur du rapport Doing Business 2015 de la Banque mondiale (voir interview). « En faisant la comparaison entre le classement du Maroc sur le Doing Business 2015 par rapport au classement du Doing Business 2014 révisé, qui prend en compte les changements énumérés, le Maroc passe de la 68 ieme place à la 71 ieme place », précise Jean Arlet.

Revue de la méthodologie

Il faut dire que l’édition 2014 de ce classement avait été contestée par certains dirigeants africains, qui estiment que ce rapport ne reflète pas la réalité des progrès réalisés par leur pays. Certains d’entre eux, n’ont pas hésité à mettre le doigt sur des résultats qu’ils jugent parfois incongrus, voire aberrants. Exemples : le Burkina Faso et la RD Congo sont mieux classés en 2013 que le Canada en matière de raccordement à l’électricité, tandis que Madagascar et le Nigeria se retrouvent loin devant la France en termes de protection des investisseurs (80e). Depuis, sur le continent, la polémique a enflé. Finalement, au siège de la Banque mondiale à Washington, la question a déjà été prise en compte après des critiques formulées en mai 2013 par certaines puissances asiatiques : la Chine (91e en 2013 et l’un des principaux actionnaires de l’institution) et l’Inde (132e). Un comité, mis en place par l’institution, a ainsi passé au crible la méthodologie du « Doing Business ». Résultat des courses : la Banque mondiale qui édite le rapport intitulé Doing Business a adopté une nouvelle méthodologie dans son évaluation de la facilité de faire des affaires et analyse les réglementations qui s’appliquent dans 189 pays aux entreprises et ce, à travers l’évaluation de 10 domaines de l’activité des entreprises. Selon Jean Arlet, la comparaison entre le classement du Doing Business 2015 par rapport au classement du Doing Business 2014 publié, est incomplète. « En effet, la portée d’analyse a été étendue cette année sur trois indicateurs, soit l’obtention de prêts, la protection des investisseurs minoritaires, et le règlement de l’insolvabilité. En outre, le système de classement est maintenant basé sur une nouvelle mesure ; le score Doing Business de la distance de la frontière. Chaque économie est maintenant évaluée en fonction de sa performance par rapport aux meilleures pratiques observées à travers le monde », dit-il. Ainsi, dans le rapport Doing Business 2015, le score correspond à la distance accomplie par un pays dans l’amélioration du climat des affaires. Un pays ayant reçu la note de 75 est plus proche de la frontière (fixée à 100) et qui correspond à l’idéal, défini par la Banque mondiale, en ce qui concerne la facilité à faire des affaires. Par exemple, dans le rapport Doing Business 2015, Singapour (n°1) a reçu le score de 88,27, l’Érythrée, au dernier rang, est notée 33,16.
Donc, avec les nouveaux changements et le nouveau cadre d’évaluation du monde des affaires apportés au calcul des 10 indicateurs Doing Business, le classement global du Maroc dans le rapport Doing Business 2014 a été révisé par la Banque Mondiale. Le Royaume est alors passé de la 87ème place à la 68ème place. Avec cette même nouvelle méthodologie, le classement du Maroc pour l’année 2015 est passé de la 68ème à la 71ème place, soit un recul de trois rangs. « Ce léger recul ne traduit pas une détérioration du climat des affaires. Au contraire, le Maroc améliore son score Doing Business de 64.43 (DB 2014) à 65.06 (DB2015) grâce, entre autres, à une réduction des délais pour l’import/export, ainsi que sur le transfert de propriété. Le recul est simplement attribuable au fait que le classement Doing Business est relatif. En 2013/14, 122 autres économies ont mis en œuvre des réformes et ont enregistré des progrès notables à travers différents indicateurs », explique le co-auteur du rapport Doing Business 2015 de la Banque mondiale.
Au niveau de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), cette 12 ème édition du Doing Business constate que 11 pays ont engagé des réformes dans au moins un domaine mesuré par le rapport en 2013/2014 : l’Algérie, le Bahreïn, Djibouti, la République arabe d’Egypte, la République islamique d’Iran,  la Jordanie, Malte, le Maroc, la Tunisie, les Émirats Arabes Unis, la Cisjordanie et Gaza. Selon les co-auteurs du rapport, l’année dernière, la plupart des réformes mises en œuvre par les économies de la région, étaient celles  dans le domaine du commerce. L’Algérie et la Jordanie ont amélioré les infrastructures portuaires,  réduisant ainsi les délais de traitement dans les ports terminaux, tandis que le Maroc a réduit le nombre de documents requis pour l’exportation. Ces réformes conduisent à des avantages tangibles pour les  entrepreneurs. « Il y a dix ans, un entrepreneur marocain devait attendre 17 jours pour exporter les marchandises de son pays, alors qu’aujourd’hui il lui faut seulement 10 jours, soit autant qu’en Autriche », relèvent-ils. Outre cette performance du Maroc à ce niveau, quels sont les bons et les mauvais points du Royaume ? Pour répondre à la question, nous avons tenté à travers des tableaux, (voir par ailleurs) de passer au crible 8 des 10 critères établis par le classement Doing Business 2015. 

 
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