Blog de Jamal Berraoui

Du déjà vu ( Par Jamal Berraoui )

Comme disait Général De Gaulle : « Il faut aller vers l’Orient compliqué avec des idées simples », sauf que comme dit un penseur français, ce qui paraît simple est souvent très compliqué au point que la simplicité peut relever du génie. Frapper ou ne pas frapper la Syrie ? Tous les Occidentaux sont d’accord pour dénoncer l’usage des armes chimiques par Assad, mais après, seuls la France et les USA sont d’accord.

L’argument de l’échelle de l’horreur, selon lequel on peut faire un génocide, tuer des centaines de milliers de gens à la machette au Rwanda mais pas gazer un millier de personnes ne convainc pas. Mais ce n’est que le débat apparent. Une majorité de pays européens ont peur d’une crise avec la Russie, la Chine et le Monde Arabe qui influerait sur le Commerce International. Par ailleurs, la mise à mort du régime n’étant pas à l’ordre du jour, certains n’en voient pas l’utilité. Car tous, y compris dans l’Administration Obama, n’ont aucune confiance dans la capacité de l’opposition syrienne à représenter une alternative viable dans le respect de leur vision stratégique. Même l’affaiblissement de Bachar ne doit pas atteindre le point de non retour, qui faciliterait la victoire des opposants.

Face à l’inflexibilité de Moscou, Kerry s’est tourné vers la Ligue Arabe et le Qatar. L’appui de quelques Etats membres de cette ligue moribonde est censé compenser l’impossibilité d’une décision du Conseil de Sécurité et donner une légitimité internationale au couple Kerry-Hollande dans son désir de punition.

Une nouvelle fois, on nous ressort l’espoir de paix en Palestine comme une gratification pour cet appui. Rappelons-nous, dans les deux guerres contre l’Irak, on nous avait fait la même promesse « les USA et la Communauté Internationale exerceront des pressions sur Israël pour la solution des deux Etats ». On sait ce qu’il en a été. Kerry aurait pu avoir l’amabilité de ne pas prendre un milliard d’humains pour des gogos et éviter de faire le lien entre la Syrie et la Palestine.

« La rue arabe » qu’il craint, ne risque pas de s’enflammer. Les Islamistes sont plutôt contents du coup de main, les autres s’en tiennent à une question de principe, contre toute agression occidentale. Cela passera comme une lettre à la poste et on n’avait pas besoin non plus des images en boucles d’enfants gazés, parce qu’on nous l’a déjà fait à Timisoara en Roumanie et à Halabja en Irak. Sur ce dernier cas, dix ans après, on nous affirme que finalement c’était l’armée Iranienne et non pas Saddam !

Le paradoxe c’est que ce sont les opinions publiques occidentales, majoritairement contre l’intervention qui fragilisent la coalition pour une parade en Syrie. David Cameron s’est retiré du jeu, Hollande et Obama ont des difficultés. L’autre paradoxe c’est que l’Occident va être un allié objectif d’Al Qaïda et bombarder des régions habitées par les minorités qui sont chrétiennes et druzes. Sur le plan politique, on sacrifie une partie de la population syrienne. De Gaulle avait raison, l’Orient est trop compliqué. Et si l’Occident respectait le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et nous laissait régler nos différends ?

 
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