Société

Edito. L’indépendance a toujours besoin de substance

18 novembre 1955. Voici 67 ans, le Royaume du Maroc a recouvré son indépendance. C’est un moment historique fondateur où la résistance nationale a fait échec aux manœuvres coloniales.

Cette génération de résistants, en plus de l’indépendance et du retour non négociable de Feu Mohammed V, grand symbole national, avait un rêve. Ce rêve était celui de construire un Maroc moderne où règne la démocratie, et où tous les citoyens, hommes et femmes, sont heureux de vivre dignement, toujours prêts à se sacrifier pour leur pays. Aujourd’hui, en 2022, des chantiers historiques ont été lancés et entamés, au cœur desquels figurent la généralisation de la protection sociale, la refonte du système de santé pour garantir l’accès équitable des Marocains à des soins de qualité, et la réforme du système d’éducation pour réhabiliter l’école, pivot central de tout développement humain et durable. Pour réaliser ces chantiers, des sacrifices sont nécessaires. L’argent ne va pas tomber du ciel.

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L’endettement, ayant atteint des limites à ne pas dépasser, devient une menace réelle pour la souveraineté. Ainsi, s’avère incontournable la réforme de l’impôt, en vue de mettre en place un système fiscal transparent, équitable et efficient. C’est l’unique voie pour pouvoir vaincre structurellement les causes de la pauvreté qui n’est pas une fatalité. A travers la réforme de l’impôt, une révolution sociale pacifique est possible. Elle exige prise de conscience, adhésion collective et sacrifices.

Les résistance et heurts corporatistes actuels des professions libérales rappellent de mauvais souvenirs expliquant l’incapacité endogène du pouvoir central au Maroc à mener des réformes, au 19ème siècle, dans ses tentatives d’édification d’un Etat moderne. La suite est bien connue. Plusieurs décennies de domination coloniale avec le label « Protectorat ». Le projet de loi de Finances de l’année 2023 a réveillé ces anciens fantômes. L’application effective du principe de concertation, consacré dans la Constitution de 2011, aurait pu éviter les résistances et gagner la confiance des citoyens, organisés ou non.

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La prise de conscience collective des grands défis du Maroc actuel peut créer une nouvelle dynamique et une mobilisation de toutes et de tous. Les Marocains convaincus peuvent ainsi constituer un front commun et entamer une nouvelle grande marche contre la pauvreté, contre la corruption et contre l’injustice sociale. Après avoir fait preuve de résilience aux difficultés conjoncturelles, le principal défi actuel est de rendre irréversible le processus entamé des transformations structurelles. A terme, un autre Maroc est possible

 
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