Dossier

Elalamy vs le lobby des importateurs

Dans sa volonté de faire rebasculer la filière industrielle dans la politique d’import-substitution pour non seulement réduire le déficit commercial, mais surtout protéger l’industrie locale par le biais du contrôle à l’importation et la hausse des droits de douane, le ministère du Commerce et de l’industrie fait face au lobby d’un certain cercle des importateurs qui font de la résistance. Moulay Hafid Elalamy a tancé les députés qui font du lobbying pour le compte d’importateurs peu scrupuleux de la santé et la sécurité des Marocains, devant la commission des secteurs productifs de la Chambre des représentants. Comment en est-on arrivé là ?

Après plus de vingt ans d’ouverture sur les marchés internationaux et de mise en place d’accords de libre-échange avec les principales économies mondiales, avec également des accords bilatéraux, des conventions de préférence commerciales, le Maroc revoit sa politique de commerce extérieur. Si le Royaume est toujours dans cette voie d’ouverture, il n’en demeure pas moins qu’il a décidé à veiller à ce que le pays ne soit pas un dépotoir et par ricochet, s’active depuis lors pour un commerce équitable qui respecte les règles du jeu.

Pourtant, ce revirement a commencé bien avant la pandémie. Il faut dire, que la crise sanitaire et économique de la Covid n’a fait que renforcer cette prise de conscience, poussant le ministère du Commerce et de l’industrie à lancer le chantier de la révision de la politique commerciale du Maroc avec les autres pays  du monde.

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En effet, alors que la pandémie gagnait tous les pays, la crise est venue mettre à nu la dépendance de beaucoup de pays des chaînes d’approvisionnement étrangères, mais aussi la nécessité d’avoir une industrie locale forte, souveraine qui répond aux besoins de son marché intérieur. Depuis, le ministère du Commerce et de l’industrie a mis en branle une nouvelle stratégie pour faire rebasculer la filière industrielle dans la politique d’import-substitution, pour non seulement réduire le déficit commercial, mais surtout protéger l’industrie locale et pousser les Marocains à investir dans le secteur en leur offrant des opportunités.

Une approche qui a entraîné une hausse des droits de douane sur les produits finis hors ALE et un renforcement des contrôles au niveau des importations. Mais, c’est sans compter sur certains importateurs et parlementaires de l’opposition qui cherchent à contrecarrer cette nouvelle politique. Ainsi, devant la commission des secteurs productifs de la Chambre des représentants, le 23 juin dernier, le ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Économie verte et numérique, Moulay Hafid Elalamy a sévèrement critiqué les parlementaires qui font du lobbying pour le compte d’importateurs peu scrupuleux de la santé et la sécurité des Marocains.

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Donnant en exemple les disques et plaquettes de freins qui peuvent causer des accidents mortels, ainsi que les chargeurs de portables contrefaits qui ont déjà causé des drames au Maroc, Elalamy a martelé qu’on ne doit pas jouer avec la santé des Marocains. Et pour montrer sa détermination à faire face, le ministre a indiqué, devant la Commission des secteurs productifs du Parlement, qu’il a poursuivi en justice des responsables de son ministère, car ils ont permis l’importation de produits contrefaits et de mauvaise qualité, mettant en danger la sécurité des Marocains. 

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