Portrait

Étudiante, ingénieur, entrepreneur social

Elle n’a pas 25 ans et « joue dans la cour des grands ». Nawal Allaoui est l’une de ces étudiantes qui se lancent dans l’entreupreunariat social… 

Assurément, il y a des parcours qui sortent de l’ordinaire et « forcent le respect ». Peut-il en être autrement pour Nawal Allaoui qui, avant même de terminer ses études, a choisi de devenir entrepreneur social. A l’âge où l’on vaque à ses chères études, elle est déjà à la tête d’un projet, qui vise à retraiter les déchets de pêcheries, et par la même, offre une opportunité de travail à nombre d’épouses et de filles de marins. Entrepreneur social et femme de cœur. C’est ce qui vient à l’esprit, lorsqu’on rencontre Nawal. Elle a sa jeunesse pour elle, et le « travail assidu ». Deux qualités qui ne cohabitent pas forcément et qui, chez Nawal semblent couler de source.
Elle est née en 1993, à Azilal. « Ma famille, arabophone de Tan-Tan, où j’ai grandi dans un environnement amazigh. C’était très enrichissant comme expérience puisque j’avais une culture à la maison et que j’en côtoyais une autre à l’extérieur », explique-t-elle, avec candeur. Dans un Maroc multiple, Azilal est une sorte d’îlot hors du temps. « Pour moi c’était de là, l’origine de « l’inspiration », dans le sens où l’on avait le temps de « bien faire » les choses », développe-t-elle.
Sa passion est le bricolage, et on l’imagine volontiers en jeune fille qui fabrique ses jouets de bric et de broc. Offrez à un enfant un jouet coûteux, et il s’amusera davantage avec le contenant qu’avec le contenu. C’est un peu cela « l’innocence » de l’enfance, celle que l’on garde toujours en soi.

Un parcours atypique
« J’étais une élève studieuse. Mon père est enseignant de mathématiques, donc, ma passion pour les sciences était, somme toute, « naturelle » », explique-t-elle. Filiation de l’esprit autant que de la chaire, l’influence de son père sera déterminante dans ses choix. Elle décroche son bac en 2011, option Sciences Mathématiques A, explique-t-elle avec fierté. Elle prépare alors le concours national commun et sa voie semble tracée. Nawal s’oriente donc vers les études d’ingénieur. Mais le lieu de ses études, la France, n’est pas pour lui convenir.
« J’étais assez timide, je ne me suis pas adaptée à la vie en France», se défend-elle. Mais qu’à cela ne tienne, Nawal rebondit et repasse le concours national commun, en candidat libre. Elle décroche l’École des Sciences de l’Industrie du Textile et de l’Habillement (ESITH), le génie civil en textile. Tout semble tracé, et elle s’investit dans les activités extra scolaires qui donneront un « élan » à sa carrière. « Je suis entrée à ENACTUS, et je me suis intéressée aux projets sociaux », développe-t-elle. Nawal travaille alors sur le problème des pêcheries. « On disait qu’il n’y avait rien à faire dans ce secteur. Mais je ne me suis pas tenue à ce « verdict » et décidée de voir de plus près », confie-t-elle.
C’est ainsi que Nawal, au contact d’une femme de pêcheur, découvre peu à peu, les conditions de travail des pêcheurs et des différents aspects de la vie de ces travailleurs de la mer. La proximité, l’intérêt pour ce monde « particulier » et l’approche rationnelle de son enquête de terrain amènent Nawal à explorer des solutions innovantes. « J’ai constaté qu’en Scandinavie, on retraitait les peaux de poisson, pour en faire des objets de mode. Moi-même passionnée de mode, je m’y suis intéressée », confie-t-elle. Après plusieurs essais, Nawal finit par trouver la « formule » qui fera sa réussite. Après une première vente de peaux de poissons travaillées, elle lance sa propre gamme de sacs à main. La « reconnaissance » arrive lors de la COP22, lorsqu’elle présente sa propre entreprise. Depuis ? Nawal Allaoui s’attache à approfondir ses acquis théoriques et n’hésite pas à reprendre ses études à l’ESITH, où elle est actuellement en 5ème année. Avec un tel potentiel, on se dit que le « pays a de l’avenir ».

Bio Express

1993 :  naissance à Azilal
2011 : Bac Sciences Mathématiques A
2014 : fonde SeaSkin
2017 : étudiante en 5ème année de l’ESITH

 
Article précédent

« Nous avons de grandes ambitions au Maroc »

Article suivant

Super Cérame décroche la certification ISO 50001