Dossier

Exportation: La panne marocaine 1/4

 


Les résultats de toutes les stratégies lancées pour donner un coup de fouet aux exportations marocaines restent faibles. Une véritable remise en cause est nécessaire pour remonter la pente. Les assises de l’export ont été l’occasion de ressasser les maux dont souffre l’export marocain de part et d’autre. Conclusion, l’autorité de tutelle promet d’étudier toutes les recommandations pour les traduire en plan d’actions. Entre-temps, le déficit de la balance commerciale continue de se creuser. Lecture.

Le constat est sans appel. L’objectif de doper les exportations marocaines pour réduire le déficit de la balance commerciale n’est pas atteint. Pire, le déficit ne cesse de se creuser. Rien ne semble pouvoir freiner sa chute. Les chiffres sont parlants. Le solde de la balance des échanges de biens et services s’est aggravé de 15 milliards de dirhams pour les dix premiers mois de 2012, en comparaison avec la même période de l’an dernier. La situation est telle, que le déficit de la balance commerciale des biens a dépassé même la valeur des exportations, puisqu’il a atteint sur cette même période 164 milliards de dirhams contre 150 milliards de dirhams de vente de biens à l’étranger. Quand les exportations de biens et services ont connu une augmentation de 2,4% sur la période de janvier à octobre 2012, les importations quant à elles, ont flambé de 6,5%. Le solde a enregistré une hausse de 17,3%. L’heure est grave. Et ce n’est pas Meriem Bensalah Chaqroun, présidente de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc qui dira le contraire. Cette dernière, n’a pas hésité à dresser un tableau bien noir lors des Assises de l’export mardi dernier. «Si par miracle, nous doublons du jour au lendemain nos ventes à l’étranger, notre balance restera encore déficitaire», a-t-elle déclaré devant un parterre d’hommes et de femmes d’affaires on ne peut plus d’accord. Et d’ajouter, «les chiffres nous renseignent également sur la pauvreté de la valeur ajoutée de nos exportations (…). Que valent les produits à valeur ajoutée dans cet éventail de produits que nous exportons ?». Une question légitime lorsqu’on sait que bien plus du tiers de nos exportations est réalisé par les phosphates et dérivés et les produits agricoles. «Des activités traditionnelles qui existaient il y a trente ans déjà», lâche Bensalah.

Entre baisses et hausses, le déficit s’aggrave
Quelle place occupent les métiers mondiaux dans nos exportations ? Les composantes électroniques et les voitures de tourisme pèsent à peine 5,3%. D’ailleurs, même à si petite échelle dans l’architecture de nos exportations, la construction automobile a permis, grâce à l’évolution qu’elle a connue au cours des dix premiers mois de l’année, à doper nos ventes de biens à l’étranger. Puisque la valeur des exportations de voitures de tourisme est passée de 743 millions de dirhams à fin octobre 2011 à 4,3 milliards de dirhams sur la même période en 2012. Qu’en sera-t-il de nos exportations si les voitures de tourisme y représentaient 20 ou 30% ? Sur cette même période, les produits énergétiques et les produits finis de consommation ont augmenté respectivement de 87,5% et 10,2%. Les sièges, meubles, matelas et articles d’éclairage, ainsi que les médicaments, ont également connu des évolutions positives, avec respectivement 66,7% et 65,6%. Ces évolutions à deux chiffres peuvent donner l’illusion que le tableau n’est pas si noir qu’on le décrit. «On pourra toujours dire que la cote part de la valeur ajoutée de nos produits est en progression. Mais à quel rythme ? Avec quelle régularité et quels objectifs ?», se demande la patronne des patrons. En 2011, chaque kilo de bien exporté a ramené au Maroc 7,79 DH. Cette recette par kilo est tombée à 7,38 DH en 2012.

Toujours axés sur l’Europe
Il y a presque autant de baisse à deux chiffres qu’il n’y en a eu en augmentation. Les derniers chiffres disponibles montrent que les composantes électroniques ont enregistré une baisse de 14,4%. Soit une baisse en valeur de 615 millions de dirhams. 17,3% de baisse pour l’argent brut. Les exportations de plomb et ouvrages en plomb ont chuté de 56,3%. Les produits alimentaires ne sont pas en reste.
Hormis l’augmentation enregistrée au niveau des exportations de conserves de poissons et de poissons frais, les autres produits ont connu des baisses assez importantes. Les ventes d’agrumes, à titre d’exemple, ont chuté de 30,3%. Soit une perte en valeur de 703,9 millions de dirhams. Idem pour les ventes de légumes frais, congelés ou en saumure qui ont baissé de 31,3% à 1,3 milliard de dirhams. La perte est estimée à 594,1 millions de dirhams. Les tomates fraîches, à elles seules ont enregistré une baisse de 13,5% ou 322 millions de dirhams.  
Les raisons qui expliquent cet état de fait ne sont pas nouvelles : Non diversification de l’offre exportable, dépendance à l’Europe avec toutes les crises que celle-ci traverse et la faible compétitivité des entreprises exportatrices. Des maux qui ne cessent d’être avancés mais auxquels on n’arrive toujours pas à trouver des solutions concrètes et pratiques.
Certes, les différentes stratégies lancées par les autorités de tutelle commencent à donner certains fruits, mais cela reste insuffisant au vu de la montée en flèche des importations du pays. «Il est plus que jamais temps de lancer un vrai plan Marshall pour promouvoir et relancer les exportations», lâche Miriem Bensalah. A bon entendeur !

 

 

35,5 milliards d’excédent … au niveau des services !

Le Maroc peut se consoler par sa balance des échanges de services. En effet, analysée à part, cette balance s’avère excédentaire à fin Octobre 2012. Le commerce des services du Maroc avec le reste du monde fait ressortir un excédent de 35,5 milliards de dirhams. Les recettes à ce titre ont atteint 95,24  milliards de dirhams. Dans le détail, les recettes voyages ont reculé de 2,5% pour atteindre 48,9 milliards de dirhams contre 50,2 milliards à fin octobre 2011. Les recettes au titre des services de transport, quant à eux,  ont enregistré une hausse de 8,1%. En ce qui concerne les centres d’appels, leurs recettes se sont accrues de 633,4 millions de dirhams, soit 17,5% pour atteindre les 4,25 milliards de dirhams.

Le chiffre

164 Mrds DH  
c’est le montant du déficit de la balance commerciale des biens.

 
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