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FIFA : les «coûts» pas très francs de Platini

L’hebdo «France-Football», considéré par beaucoup comme une bible du foot, n’y est pas allé de plume morte. Evoquant la déflagration que vit actuellement le foot mondial, il souligne que malgré la «pétarade» des rencontres, le peuple du foot est de moins en moins fasciné par la beauté des actions sur le terrain, car les coulisses sont nauséabondes.

«L’argent sans foi ni loi est plus que jamais le carburant de notre cher football de haut niveau»… «Et cela permet de prendre encore plus conscience que le temps des matchs, aussi important soient-ils, n’est plus qu’une petite pause dans un univers trop souvent dévoyé ou malhonnête, quand il n’est pas corrompu». Ces lignes ont été écrites dans «France-Football», après le limogeage de Jérôme Valcke de son poste de secrétaire général de la FIFA. Mais le pire était à venir car, depuis, il y a eu les soupçons lancés à la face de Michel Platini, candidat de secours pour la présidence de la FIFA, et que la presse française, y compris «France-Football», a toujours considéré comme le chevalier blanc du foot. C’est dire que la machine infernale qui s’est emballée autour de la FIFA n’en est qu’au tout début de sa première mi-temps et les différents développements ainsi que les nombreuses révélations vont dorénavant ponctuer le quotidien des «grands manitous» du ballon rond.
Ce qu’il y a de nouveau sous le soleil corrompu de la FIFA, c’est pourtant cette mise en cause de Platini à laquelle personne ne s’attendait. Ce qui est déjà un manque de professionnalisme chez la presse hexagonale, car enfin, peut-on accabler de tous les maux la FIFA et considérer qu’un Platini, membre éminent de ladite institution, resterait au dessus de tout soupçon ?

Une icône du football

Platini est une icône du football en France et connaît un traitement privilégié auprès des médias de la République du pays des Arts et des Lettres. Un pays qui, souvent, s’est érigé en donneur de leçons, et pour qui Platini était l’homme providentiel qui sauverait la FIFA en lui redonnant crédibilité et honorabilité. C’est pour ça que tous nos confrères de France et de Navarre ont applaudi, en attendant de soutenir mordicus, sa candidature pour le poste de président de la FIFA. L’un de ses meilleurs amis, le journaliste Jacques Vendroux, n’hésitera pas à dire que «le seul fait que Platini soit candidat prouve qu’il est un homme qui n’a aucune casserole à se reprocher». Et Platini, drapé dans sa respectabilité, s’attribue aussi le rôle de procureur du système Blatter : «je le lui ai dit, les yeux dans les yeux, et je vous le répète ici, aujourd’hui, en conférence de presse «enough is enough», trop c’est trop, Sepp, il faut que tu partes».
L’affaire semblait bien menée et Platini se porta naturellement candidat pour succéder à son ex-ami Sepp. Mais il faut toujours se méfier du passé, car parfois il devient étonnamment présent et il vous gâche l’avenir quand il ne vous le saborde pas totalement. Un chèque de près de 2 millions d’euros que Platini a encaissé et que Blatter a signé, vaut aujourd’hui au président de l’UEFA de se retrouver pris les doigts dans le pot de confiture. «Le Figaro», quotidien français qui a, lui aussi, rapporté l’info a titré «Platini rattrapé par l’affaire Blatter». Et dans cette histoire, les explications de Platini n’ont fait qu’embrumer les choses. Pour cette somme mirobolante et rocambolesque, Platini a déclaré qu’il s’agissait d’un salaire garanti par contrat pour un travail effectué sur demande de la FIFA. Seulement, ce supposé et mystérieux travail date du siècle dernier (janvier 1999 à juin 2002) et le paiement n’a été effectué qu’en 2011. 9 ans après ! Cela ne manque pas d’interpeller, comme on peut l’être par le fait qu’un dirigeant membre d’une fédération internationale reçoive un salaire, alors que ses élus sont par nature bénévoles. Ils perçoivent des indemnités de déplacements, certes confortables, mais rien à la hauteur du montant astronomique empoché par Platini. Quant aux supposés travaux, on peut tout de suite dire qu’ils n’existent pas. Ces messieurs dirigeants internationaux voyagent, se réunissent, délibèrent, mais tout ce qui est travail est fait par les techniciens membres des différentes commissions et qui sont, eux, des salariés réguliers.
C’est peu de dire que Platini est empêtré jusqu’aux oreilles dans cette affaire de chèque blattérien ! Mais demandons-nous maintenant d’où est sortie cette info sur les honoraires scandaleux de Platini, alors que l’affaire date déjà de près de 5 ans, sans que personne ne l’ait soupçonnée jusque-là.

Un sens des affaires hyper-développé

 «Challenge» est en mesure de vous le révéler ici. Platini est tombé ou est en phase de l’être parce que Jérôme Valcke a dû partir, limogé comme un malpropre. Et alors, nous direz-vous, quel est le lien entre les deux hommes ? Il tient en un homme, l’israélo-américain Benny Alon, un personnage qui a un sens des affaires hyper-développé. C’est un spécialiste dans la revente des billets pour des matchs de gala. Or, le 16 septembre dernier, Benny Alon convoquait à Zurich une conférence de presse pour annoncer qu’il allait «régler des comptes avec Jérôme Valcke». Ce dernier lui avait donné son accord pour la vente au prix très fort de 1.400 billets pour 12 des meilleurs matchs du Mondial 2014, ceux du Brésil, de l’Allemagne, quart de finale, demi-finale et finale. «On devait partager fifty-fifty», soit 4 millions de dollars à se partager en deux. Volubile, Benny Alon montre à la presse une valise à roulettes. Elle est aux couleurs de la France avec une photo d’une Ferrari de couleur blanche, «c’est dans cette valise que Valcke aime recevoir ses liasses de dollars…».
La valise d’accord, aux couleurs de la France d’accord, puisque Jérôme est Français, mais pourquoi la photo d’une voiture Ferrari ? Cette Ferrari de couleur blanche avait été offerte à Valcke par l’agence espagnole de marketing Médiapro, pour services rendus. Cette Ferrari avait appartenu à Johan Cruyff. On ne se refuse rien à la FIFA !
Après cette cascade de révélations, Jérôme Valcke a été démissionné. Une semaine plus tard, Platini était grillé par son affaire de chèque de 2 millions d’euros pour un travail imaginaire. Or, Benny Alon, l’homme qui a coulé Valcke, est un grand ami de Platini à qui il a souvent, depuis 1998, donné maints conseils. Des conseils dont on n’ose trop soupçonner la nature. Benny Alon fut partenaire du Mondial 98 de la France et de Platini, comme il sera associé à l’Euro 2016. Mais l’ami Benny a fait du zèle; il a trop parlé dans son désir de «couler» Valcke. Valcke, l’allié potentiel de Blatter. Et Blatter a donc sorti une première cartouche contre Platini. Celui-ci pensait avoir servi un «ace»; il a été pris en revers ! Il était plus inspiré quand, joueur, il tirait les coups-francs qui l’ont rendu célèbre. Mais là, la marche était trop haute et le terrain glissant.
Quel est le sage qui a dit que l’argent ne faisait pas le bonheur ? 

 
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