L'édito

Filières

Les prix des fruits et légumes se sont envolés. Le panier de la ménagère a renchéri d’environ 20 % selon les statistiques, avec des différences notables entre les villes, Marrakech étant en tête de liste. Le ministère de l’Agriculture laisse entendre que ce n’est que conjoncturel et que les prix devraient se stabiliser bientôt. Les opposants mettent en cause la hausse des carburants. Celle-ci ne peut en aucun cas expliquer le volume de la hausse : cette filière est gangrenée par les intermédiaires, trop nombreux, voraces. Il faut savoir que l’agriculteur ne perçoit que le quart du prix à la consommation et ce, dans le meilleur des cas. Le kilo de tomates vendu à Casablanca à 10 DH  a été acheté à Biougra à 1,80 DH. Réorganiser cette filière, c’est s’attaquer aux intermédiaires, des transporteurs aux marchés de gros. Agriculteurs et consommateurs pourraient y trouver leur compte, au profit de la stabilité sociale.

Les derniers événements de Marrakech, violents, graves, sont inquiétants. Ils ont pour source les factures de distribution d’eau et d’électricité. La ville ocre n’a pas concédé la gestion de cette ressource. Mais le problème est général et concerne autant les régies que la gestion concédée. Le système est inéquitable parce qu’il est universel. Le logement social, fortement aidé par l’Etat, est aux mêmes tarifs  que les villes de luxe, voire parfois plus cher quand l’opérateur a lourdement investi pour électrifier un quartier. C’est cette logique qu’il faut inverser. Les paliers de consommation sont injustes, parce qu’une famille de sept personnes, la moyenne dans les quartiers populaires, se retrouvera nécessairement dans la seconde tranche. Il est temps de revoir les systèmes de tarification pour éviter les heurts avec la population ou le retour à la bougie.

Le Maroc subit la révolution numérique comme le reste du monde. Il la subit parce qu’elle pose de nouveaux défis et que le législateur est pris de court. Ainsi, par exemple, les sites d’achats groupés ou de mise en relation sont chaque jour plus nombreux. Certains sont déjà florissants au détriment d’activités classiques qui ne peuvent lutter contre le net.
D’autres, peu professionnels disparaissent rapidement. Des recettes fiscales sont en jeu et on ne sait comment la Direction Générale des Impôts compte assurer le contrôle de cette niche qui doit être fiscalisée par mesure de justice. Les modalités de contrôle doivent être mises à jour, mais il s’agit d’un travail complexe, reconnaissons-le.

 
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