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Football et Mondial, l’éclipse ou l’héritage perdu

Le football côté lumière et un foot côté obscur, le public marocain vit les deux extrêmes. Avec passion et frénésie. Or, bien souvent l’angoisse, voire carrément la terreur prend le pas sur la joie et le plaisir.

L

a T.V nous permet de suivre les magnificences de la Ligue des Champions alors que le quotidien du football marocain est trop souvent parsemé de débordements d’une hallucinante sauvagerie. Présentation de ces deux mondes en évoquant les prochaines demi finales de la principale coupe européenne des clubs et de la guerre des ultras, socios, et autres «Black» et «Fatal» despérados du ballon rond. 

Mardi et mercredi prochain, c’est fête !

Mardi 23 Avril et mercredi 24 Avril, il sera difficile à l’amateur de football d’occulter « le » grand rendez-vous de la ligue des champions. Dans ses rêves les plus fous il n’osait imaginer pareil festin. Le Barça affrontant le Bayern de Munich, alors que le Réal de Madrid devra en découdre avec le club de Borussia Dortmund. Une confrontation espano-allemande pour déterminer les deux finalistes. En Espagne, dans le championnat ibérique le Barça a déjà remporté le titre suivi à distance très respectueuse par le Réal de Madrid.

Même configuration en Allemagne où le Bayern munichois a déjà été sacré champion distançant largement son principal poursuivant qui se trouve être le Borussia Dortmund. Nous aurons donc, devant nos yeux avides, les quatre clubs les plus forts actuellement sur le continent européen. Autant dire les meilleurs clubs du monde. 

Rappelons aussi que le Réal et le Borussia sont les champions en titre de la saison dans leurs pays respectifs et qu’ils font de la conquête du titre européen, leur but principal. Au Maroc, où l’on suit de près le championnat espagnol on sait tout du Barça et du Réal, on connait aussi beaucoup de choses sur le Bayern Munich et ses stars, mais le Borussia reste un peu l’inconnu relativement aux trois autres.

Au contraire du Réal, du Barça ou du Bayern, il n’a jamais joué au Maroc et nous n’avons que les images et phases de ses joutes en Bundesliga à nous mettre dans la rétine et à inscrire dans nos mémoires.

Mais il est là pour ces demi finales et la presse internationale s’intéresse à lui et surtout à Jürgen Klopp, son charismatique entraîneur qui n’hésite pas à claironner que son club joue le football «le plus sexy et le plus rock and roll» d’Europe. Il n’a pas la langue dans sa poche et dit ce qu’il pense « Je suis là pour que les 80.000 personnes qui viennent toutes les deux semaines au stade, y voient un football plaisant et donc attirant. Nous avons une incroyable quantité de joueurs de talent et même si notre masse salariale est de moitié inférieure à celle du Bayern et fait moins d’un tiers de celle du Réal ou du Barça, le club sait garder ses joueurs. On ne transfère personne et on recrute très peu. Nos joueurs savent qu’autre part, ils gagneraient plus d’argent, mais ici on est une famille où on travaille ensemble pour écrire l’Histoire».

Cette saison, Jürgen Klopp a déjà pris le meilleur sur le Réal et Mourinho qu’il a battus en phase de poule (2 à 1 à Dortmund et 2 à 2 à Madrid. Une victoire qu’il ne se lasse pas d’expliquer «Contre le Réal on a renoncé à avoir la balle. On a laissé le Réal jouer, on savait où ils enverraient leurs passes, qu’ils chercheraient Ronaldo. Le plan était de sortir Xabi Alonso du jeu, parce que si Alonso joue comme bon lui semble, il est impossible de se défendre contre le Réal… Si tu bloques Xabi Alonso, tu obliges Pepe à garder le ballon. Et fatalement, ça crée un décalage »Ces paroles ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd, Mourinho les a bues comme si sa vie en dépendait.

Si beaucoup pensent qu’en évitant le Barça et le Bayern, «son» Réal a fait le meilleur tirage possible, Mourinho, lui, sait que Dortmund est dangereux comme une voiture piégée. Pour un club comme le Réal qui ambitionne de gagner sa dixième ( !) Coupe des Champions, s’arrêter en demi finale serait impardonnable et presque une faute de mauvais goût, car désormais tout le monde rêve de voir, après ces demi-finales une confrontation Réal-Barça pour le titre. On est loin pourtant de cette finale idéale tant les deux clubs allemands paraissent indestructibles. Le Bayern a réduit au silence le club italien, Juventus, battu sans rémission en quart de finale tant à Turin qu’à Munich sur le score net et sans bavure de 2 à 0. Il faudra un Barça au summum de ses capacités pour faire chuter le géant bavarois.

Ironie du sort, c’est l’ex-coach barcelonais sacré meilleur entraîneur  de tous les temps et qui connaît par cœur la maison catalane, Guardiola lui-même, qui sera la saison prochaine l’entraîneur du Bayern de Munich.

Ce match Barça-Bayern déjà sensationnel prend, grâce au recrutement de Guardiola, une dimension mythologique.

Vers qui penchera le cœur de Guardiola lui qui, pendant des années a entraîné, gagné, jubilé, triomphé avec les Messi, Xabi, Iniesta et les autres ? Le Bayern a été le chercher à New-York où Guardiola vivait son année sabbatique. Il a signé avec enthousiasme pour le projet présenté par Uli Holnes manager général du Bayern, mais ce coup du sort qui lui fait rencontrer son club de cœur est de nature à déranger au plus haut point. Certes, Guardiola ne prendra ses fonctions que l’été prochain, mais ce match ne peut le laisser indifférent. On ne vit pas intimement avec un club comme le Barça sans être marqué à vie. Mardi prochain à Munich, les caméras seront braquées sur le visage du Guardiola même s’il va s’asseoir au fin fond des tribunes.

Pour lui, cette demi finale sera plus qu’un match, et il y aura le retour à Barcelone, histoire d’accroître le désarroi d’un homme qui avait fait du  Nou Camp un temple où il fut sacré et consacré. De tous les acteurs de cette demi-finale, Guardiola est celui qui la vivra, même s’il n’est pas physiquement impliqué, le plus intensément sur le plan sentimental.  

Pendant ce temps au Maroc

Loin des lumières du foot, on vit ici au Maroc les ténèbres des incidents qui se déploient autour du foot. Le match Raja/FAR où les avenues de Casa et les trains reliant les deux capitales ont été mis à sac, a marqué un point de rupture. Un summum dans l’hystérie des foules. Des dizaines d’adolescents dorment depuis dix jours en prison. Ils seront jugés le 22 avril prochain, la veille des demi-finales que ces inculpés auraient adorées suivre. Mais désormais, ils sont à des années lumière de ce spectacle, leur quotidien est fait de visites au parloir d’avocats et de juges qui auront la main lourde. Et dire que ce sont nos enfants ! Qu’ils tombent dans l’infamie à cause du football! Que l’on n’y peut rien, tant on est devenu impuissant devant ce dramatique gâchis ! 

 
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