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Fret ferroviaire ONCF : cap sur la chaîne logistique globale

«Le train est le moyen de transport de l’avenir». Ce constat des experts internationaux sur le fret ferroviaire ne laisse pas les ambitions de l’ONCF sur le quai. Le transporteur ferroviaire déploie une vision stratégique 2015 qui intégrera l’intermodalité entre opérateurs de la logistique nationale, et même mondiale.

Dès qu’OCP a annoncé la construction de son pipeline pour transporter le phosphate, tout le monde a parié sur la fin du fret ferroviaire marocain. D’aucuns pensaient que ce projet mettrait en danger l’activité de l’ONCF en tant que transporteur de marchandises. Mohammed Rabie Khlie, Directeur Général de l’office n’est pas de cet avis et rassure quant à la continuité des activités de fret pour OCP, notamment pour le contrat décennal 2014 – 2024 qui est actuellement étudié. Le fret ferroviaire se prépare à relever le défi de la compétitivité.

Plateformes pour l’horizon 2015
«OCP voit sa production doubler et donc est dans le besoin de recourir à un deuxième mode de transport, d’où le projet du pipeline » déclare le DG de l’ONCF. En dévoilant sa stratégie lors du 3ème congrès international du fret ferroviaire à Tanger les 18 et 19 octobre, l’ONCF
veut répondre aux nouvelles exigences en matière de logistique. L’Office National des Chemins de Fer s’apprête pour l’horizon 2015 « en positionnant le rail comme maillon de la chaîne logistique et impliquant tous les acteurs logistiques nationaux intégrés ».
Pour un autre gros client de l’office, la Cosumar, le fret ferroviaire est plus sûr et plus fiable que les autres moyens de transport qui peuvent connaître des grèves.
De plus, il s’agit d’un partenariat public privé qui est le bienvenu pour une meilleure satisfaction de l’intérêt général. C’est dans ce sens que le schéma directeur du fret ferroviaire prévoit ainsi 70 plateformes couvrant 17 villes. Les investissements devraient s’élever à 33 milliards de DH. Par ailleurs, en 2011, ONCF possède une flotte de 5.400 wagons-frets d’une capacité de 37 millions de tonnes. L’activité fret représente ainsi 60% du chiffre d’affaires s’élevant à 3,4 milliards DH.

Tanger, hub méditerranéen de prédilection
Par ailleurs, le développement des infrastructures tels que le port de Tanger ou le TGV constitue une excellente opportunité de développer le fret ferroviaire. La Méditerranée sera décisive en tant que point stratégique de la logistique mondiale. L’arrivée du TGV en 2015 permettra à l’Office des chemins de fer de réaliser un réseau de 1500 km et le fret récupérera les réseaux classiques. De ce fait, 2700 km réservés au fret ferroviaire s’ajouteront aux 2100 km existants.
De par ses nombreux projets innovants et de grande envergure, la ville du nord concentre d’importantes activités logistiques dont le maritime. Le terminal ferroviaire à conteneurs a une capacité de transporter vers l’hinterland 400.000 conteneurs (EVP).
Aujourd’hui, à partir de Tanger Med, l’ONCF dessert Casablanca grâce à un train quotidien de conteneurs soit 3,4 millions de conteneurs en 2012. En 2016, l’objectif est d’atteindre 9 millions de conteneurs.
En effet, «la Vision 2015» de l’ONCF prévoit une augmentation du trafic de 50% avec un changement de la chaîne d’approvisionnement et des systèmes logistiques des chargeurs », explique Mohammed Oubrahim directeur commercial du fret de l’office. Pour accompagner cette évolution, 350 ha sont prévus pour les plateformes d’Aïn Sebba, Zenata, Tanger, Fez, Marrakech.
Tanger Med, dont 95% de ses opérations concernent le transbordement et 5% destinés au trafic local, est une porte vers le maritime et donc à l’intermodalité avec les autres modes de transport. Renault acheminera un volume annuel de 400.000 véhicules avec un train doté de wagons spécifiques décrit comme un «tapis roulant de l’usine à Tanger Med» par Pierre Enderlé, président du directoire de la Société de transport et de véhicules automobiles (STVA). A la fin de l’année, le trafic devrait atteindre trois trains par jour au lieu d’un seul actuellement. Pour 2014, l’objectif est d’assurer six par jour et par sens. Le port multimodal de Tanger Med se positionnera davantage comme la porte de l’Afrique sur la Méditerranée.
L’Union pour la Méditerranée (UPM) à travers le programme Logismed projette la construction de trois plateformes à Casablanca, Tunis, Le Caire, dédiées à la formation professionnelle dans la logistique. Avec l’aide de la Banque Européenne d’Investissements (BEI), six millions d’euros de 2013 à 2015 les plateformes seront opérationnelles début 2016.

 

 

La formation et des TIC, leviers incontournables

Le développement auquel aspire l’ONCF, demande des ressources humaines compétentes. Or, souligne le ministre de la Formation professionnelle, «le Royaume manque d’ingénieurs et de techniciens spécialisés en logistique», estimant que le besoin atteint 60.000 logisticiens. La ville de Tanger abritera une université de la logistique en partenariat avec Alstom et l’université de Valenciennes. De même, conscient de l’importance des TIC, l’ONCF en fait un créneau pour une meilleure compétitivité dans des transports sécurisés. D’ailleurs, «un schéma directeur est actuellement à l’étude par un cabinet étranger pour prévenir, minimiser les accidents et suicides avec les TIC», précise Moha Khaddour directeur du pôle sécurité et contrôle de l’office. Suite à un accident survenu le 2 aout 2012, de nouvelles dispositions ont été prises pour également parer aux vols de métaux qui sont une menace pour la sureté du rail. La sécurité du fret ferroviaire reste un gage de qualité et un avantage concurrentiel par rapport aux autres modes.

 

6300 Km
Ce sera la longueur du réseau national de l’ONCF, à l’horizon 2016

                                                                                                                                                                                                       serigne cheikh djitte

 
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