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Futur.e.s in Africa : les moments forts de la première journée

Lancement réussi de la première édition de Futur.e.s in Africa.

Déclinaison continentale du Festival « Futur en Seine » dédié au numérique et soutenu par la région Île-de-France, rebaptisé récemment « Futur.e.s », son objectif est de « connecter l’écosystème français de l’innovation digitale avec l’écosystème africain de l’innovation digitale à travers le Maroc. Le royaume doit être ce pont entre l’Europe et l’Afrique. C’est ce qu’on cherche à réaliser à travers Futur.e.s in Africa », explique Mehdi Kettani, président de Maroc Numeric Cluster, co-organisateur de l’événement. Au programme de ces deux jours, des démonstrations des 32 startups exposantes (14 marocaines, 9 africaines et 9 françaises), conférences, ateliers, débats et rencontres illustrant les enjeux de la transformation numérique et les nouvelles tendances liées aux trois thématiques à l’honneur cette année : l’éducation et la formation, la santé et les territoires.

Ainsi, la matinée du jeudi 01 mars 2018 a été consacrée à la santé. Première à passer à la barre, Dr. Egbe Osifo-Dawodu, Founding Partner de Anadach Group (États-Unis/Nigéria). Elle a exposé sur la e-santé qui recouvre les domaines de la santé qui font intervenir les technologies de l’information et de la communication (TIC). Elle a précisé que l’e-santé est une évolution de mHealth (mobile health), terme utilisé pour l’exercice de la médecine et de la santé publique soutenu par des appareils mobiles. « Aujourd’hui, elle recouvre un domaine large. La pénétration d’Internet en Afrique l’a aidée à se développer. Autre facteur, la hausse de la classe moyenne dotée smartphones ». Elle a cité à cet égard le cas du Kenya où cette tendance est observée. Mais, souligne-t-elle, l’e-santé en Afrique a encore beaucoup de chemin devant elle. « Plus de 25% d’entreprises créées le sont dans l’agriculture. De plus, en 2016, le marché mondial de la santé numérique a atteint 179,6 milliards de dollars. L’Afrique est classée dernière ». Pour y remédier, Dr. Egbe Osifo-Dawodu a proposé quelques pistes. Tout d’abord, les acteurs de la e-santé doivent démontrer la valeur des solutions numériques pour stimuler les investissements gouvernementaux. Aussi, la collaboration de l’écosystème est nécessaire pour remédier à la fragmentation actuelle et créer un modèle de santé numérique holistique. Enfin, souligne Dr. Egbe Osifo-Dawodu, la collaboration de l’industrie est nécessaire pour résoudre les problèmes d’interopérabilité actuels et pour favoriser l’intégration des données sur les soins de santé. Comme conclusion, elle estime que « l’e-santé est le carrefour où la technologie converge avec la santé. Le résultat changera inévitablement notre approche actuelle de la gestion des soins de santé, car la technologie a changé notre approche de la banque. C’est pour cela qu’il faudra mettre en place les bonnes politiques et gouvernance de l’e-santé en place ».

Avec sa conclusion, Dr. Egbe Osifo-Dawodu a tendu la perche à la table ronde qui a suivi. Ayant comme thème « Gouvernance de l’e-santé : à quelles conditions les solutions de l’e-santé garantissent-elles un système de soin universel et performant pour le continent », elle a regroupé Jaâfar Heikel, président d’Inisan, Muhammad Simjee, fondateur de A2D24 (Afrique du Sud), Arielle Ahouansou, fondatrice de Kea Medicals (Bénin) et Philippe Baudouin, consultant à l’Idate. Pour Arielle Ahouansou, « le système de traitement des données médicales est un élément de travail supplémentaire. Il mène à des informations erronées sur le système qui induisent les décideurs en erreur. Résultat : de mauvaises décisions sont prises, d’où l’utilité de la e-santé qui permet d’avoir des données médicales fiables ». Jaâfar Heikel n’est pas du même avis. « 28% des médecins sont connectés à l’outil informatique au Maroc. La véritable problématique n’est pas l’utilisation mais plutôt la gouvernance. Oui, il faut améliorer l’outil, mais à condition de tenir compte de la gouvernance », note le président d’Inisan. Partant d’une vision continentale, Philippe Baudouin a exposé les maux du domaine. Selon lui, « le système sanitaire en Afrique est défaillant. Mais, il y a tout de même des facteurs qui poussent à être optimiste. L’e-santé passe par les réseaux et on assiste aujourd’hui à des efforts de la part des opérateurs. Aussi, l’organisation des systèmes d’information est en train de s’améliorer ». Pour sa part, Muhammad Simjee a mis en évidence deux facteurs essentiels pour aboutir à une bonne gouvernance de l’e-santé. « La première est : choisir un partenaire solide. Un bon leader est synonyme de changement. La deuxième : 20% du temps doit être passé sur la technologie, les 80% restants doivent être dédiés au changement de la mentalité ».

Outre les panels de la première journée du jeudi 1er mars animés par d’éminents intervenants venus notamment de France et des pays africains, les invités ont également assisté à la cérémonie de remise de prix ayant couronné les différentes catégories en compétition dans le cadre de cet événement. Dans les détails, c’est la fondation MAScIR (Moroccan Foundation for Advanced Science, Innovation and Research) qui a remporté le Prix marocain du projet le plus innovant pour sa solution Lab on Card. Le Prix du projet français le plus innovant est allé à la startup « Pay Yes ». C’est la startup béninoise Kea Medicals, fondée par Arielle Ahouansou, qui a remporté le Prix africain du projet le plus innovant. Kea Medicals permet de centraliser les informations médicales d’un patient sur une base de données en ligne, accessible aux hôpitaux et aux médecins, où qu’ils soient. De son côté, la startup African Key Partners a décroché le Prix de l’inclusion panafricaine, décerné par le cabinet Mazars. Aussi, le réseau Sprint, premier réseau d’incubateurs entre la région Île-de-France et des pays africains (regroupant actuellement huit pays dont le Maroc, Madagascar, la Côte d’Ivoire ou encore le Sénégal) a décerné ses prix aux huit startups ayant été sélectionnées par le jury dans le cadre de la compétition de cette édition 2018. Ainsi, la startup marocaine Biodome, fondée par Fatim Zahra Beraich, a dignement représenté le royaume en décrochant l’un des huit prix du réseau Sprint. Pour le Madagascar, c’est la startup Heri qui est primée.

Mamadou Diaw, fondateur de Green Plastic world (Sénégal) a été également primé. La startup Vermimat de Côte d’Ivoire, la startup tunisienne Ifarming , la startup Goutra (Algérie), Cycling Circle (startup libanaise) et Moulinot (Startup française) complètent la liste des lauréats du Prix Sprint 2018. Par ailleurs, la startup togolaise Infinite Loop (qui a mis au point un robot humanoïde autonome ayant la capacité d’interagir et d’exprimer les émotions humaines dans le but d’améliorer l’éducation scolaire des enfants) a remporté le « Prix Coup de cœur » de Futur.e.s in Africa 2018.

 
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