Energie

Gaz naturel liquéfié : le Maroc veut déployer une unité flottante de stockage et de regazéification près de ses côtes

Le Maroc est en train d’abandonner son projet « Gas to Power », un complexe gazier à Jorf Lasfar, évalué à 4,6 milliards de dollars, comprenant un terminal de GNL, un gazoduc, deux centrales électriques et une unité de regazéification, du moins si l’on en tient au récent acte posé par le ministère de l’Energie. Le département d’Aziz Rabbah étudie une solution maritime et vient de lancer dans ce sens un appel à manifestation d’intérêt pour la conception et la mise en place d’une unité flottante de stockage et de regazéification. Celle-ci devrait être localisée au niveau du port de Nador West Med, Kénitra Atlantique, Jorf Lasfar ou Mohammedia.

Le Maroc est-il en train de revoir son Plan national de développement du gaz naturel liquéfié (GNL) ? C’est tout comme. Présenté en décembre 2014 par l’ex-ministre de l’énergie Abdelkader Amara, ce plan devait être livré, comme annoncé, en juin 2021. Concrètement, ce programme devait donner naissance au projet « Gas to Power », un complexe gazier à Jorf Lasfar (El Jadida), évalué à 4,6 milliards de dollars, comprenant un terminal de GNL, un gazoduc, deux centrales électriques et une unité de regazéification. Un appel à manifestation d’intérêt (AMI) avait même été lancé en 2015 par l’Office Nationale de l’Électricité et de l’Eau (ONEE) et qui a vu 93 entreprises, comme les Japonais de Mitsubishi, les Saoudiens d’Acwa Power, les Emiratis de Taqa, les Espagnols de Gas Natural, les Italiens d’Enel, les Français d’EDF et Engie, le russe Gazprom, se positionner sur ce mégaprojet. Mais l’appel d’offres prévu en 2018 dans la foulée n’a pas été lancé.

Depuis, la feuille de route du ministère de l’Énergie pour le développement de l’utilisation du GNL a été revue et réajustée, prenant en considération plusieurs nouveaux paramètres. Du côté du département d’Aziz Rabbah, l’on indique que le plan gazier révisé devra être relancé pour prendre en compte notamment les ruptures technologiques, le projet de gazoduc Maroc-Nigéria (ralliant le Nigéria au Maroc en traversant 14 pays), le développement de l’efficacité énergétique  ainsi que le prolongement du contrat du Gazoduc Maghreb-Europe (GME) mais aussi l’entrée en exploitation commerciale de projets d’exploration gazière, notamment le Tendrara (dans l’Oriental) en 2021, opéré par la société britannique Sound Energy.

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Aujourd’hui, si le remodelage du plan national gazier reste inconnu à ce jour, le département de l’Énergie semble plancher sur une nouvelle option. Il vient en effet de lancer un appel à manifestation d’intérêt pour la conception et la mise en place d’une solution maritime pour l’approvisionnement en gaz naturel du marché national par une unité flottante de stockage et de regazéification (FSRU – Fläming Storage and Regazéification Unit). Son objectif : identifier les sociétés opérant dans le développement et la construction des FSRU en vue du lancement éventuel d’un appel d’offres ou d’un Partenariat public-privé (PPP). À travers cet AMI, le département d’Aziz Rabbah invite les sociétés à exprimer leur intérêt à participer, en cas de décision prise par les autorités compétentes, à un appel d’offres pour le développement, la conception, le financement, la construction, l’exploitation et la maintenance de ce projet, et à confirmer leurs intentions et capacités à le développer et le rendre opérationnel d’ici 2025. Selon les spécifications techniques du ministère de l’Energie, le projet proposé doit répondre au besoin d’un marché du gaz naturel à développer progressivement. Les besoins sont estimés à 1,1 milliard de mètres cubes dont 0,6 milliard de mètres cubes pour l’industrie en 2025. En 2030, ils sont évalués à 1,7 milliard de mètres cubes dont 0,7 pour l’industrie. Dix ans plus tard, les besoins devraient monter à 3 milliards de mètres cubes dont 1,4 pour l’industrie.

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Les zones de consommation se situent principalement dans l’axe Kénitra-Mohammedia-Casablanca-Settat, caractérisé par une concentration du tissu industriel.  Le projet devra proposer un système permettant la réception, le stockage et la regazéification. Il devra être compatible avec les infrastructures maritimes du terminal d’accueil qui sera localisé potentiellement au niveau de l’un des ports de Nador West Med, Kénitra Atlantique, Jorf Lasfar ou Mohammedia.

Le système de regazéification devra satisfaire aux besoins et aux contraintes techniques des distributeurs et des consommateurs locaux de gaz naturel. Selon le Ministère de l’Energie, le secteur de l’énergie connaît des évolutions extrêmement importantes tant au niveau économique, technique que géopolitique. « Le Maroc, importateur net d’énergie, doit faire face à des contraintes diverses : diversification, continuité et sécurité d’approvisionnement, compétitivité de son économie, volatilité des prix et son impact négatif, la réduction des émissions des gaz à effet de serre, etc », justifie le Département de l’Energie dans le dossier d’appel à manifestation d’intérêt. Et d’ajouter qu’il a mené plusieurs études qui ont souligné l’importance grandissante du besoin en gaz naturel en tant que source d’énergie profitant d’une évolution tendancielle très favorable de la production mondiale. 

En tous les cas, les promoteurs de ces unités flottantes de stockage et de regazéification n’hésitent pas à vanter le procédé pour sa mise en œuvre beaucoup plus rapide et bon marché que la construction d’installations à terre, avec une souplesse de fonctionnement plus grande et un impact environnemental moindre.

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