Portrait

Une forte tête dès l’adolescence

La valeur n’attend point le nombre des années. A 29 ans à peine, Hakim Semmami est aussi bien enseignant, qu’acteur associatif. Ses débuts au bureau des étudiants de l’ESCA sont bien derrière lui  et aujourd’hui, il intervient comme conférencier à TedX.

Pour ne pas se tromper de carrière, il faut explorer toutes les opportunités potentielles. A peine âgé de 29 ans, ce lauréat d’une école de commerce ne s’est fermé aucune porte, ne s’est accroché à  aucune opportunité aléatoire et a toujours su “quitter la table lorsque l’amour est desservi”. Hakim Semmami a réussi à capitaliser sur ses expériences estudiantines pour en faire un tremplin pour sa carrière. Le rencontrer, c’est faire la connaissance du théoricien du management, plus familier des salles de conférences et de cours que de la vente. Il porte un costume clair, sur une chemise foncée. Signe que l’on  est tout de même en présence d’un habitué du monde de l’entreprise. Il nous reçoit dans un bureau où tout est bien rangé. La presse nationale du jour occupe un coin de table, tandis qu’une pile de dossiers est classée dans un ordre, que l’on devine pré-établi. Seule une photo rappelle ses actions associatives. et l’on sent qu’il reste tout de même dans le monde de l’éducation.
Il est né en 1983, à Casablanca. Il est le deuxième d’une fratrie de trois enfants, et ses parents sont cadres dans de grandes entreprises nationales. Dès son enfance, il sera scolarisé dans l’école bilingue Jeanne d’Arc, dans le quartier Gauthier de Casablanca. L’école a alors déjà amorcé son changement, les études restent bilingues, mais les “bonnes soeurs” ne font déjà plus partie du staff. Il en garde un bon souvenir, et surtout des bases qui lui seront utiles pour la suite.
Ce sera une enfance sage, ponctuée de jeux vidéos et “Jap animations”. La fin des années 80 sera l’époque de l’entrée des dessins animés japonais au Maroc. Initiée par les émissions télévisées françaises, telle le Club Dorothée, la culture manga entre par la grande porte dans le Royaume. “Dragon Ball Z a marqué mon enfance. Mais aussi les jeux vidéos grâce auxquels j’ai appris l’anglais”, explique-t-il, avec des accents nostalgiques dans la voix. D’ailleurs, des termes anglais émaillent ses phrases. On sent que notre interlocuteur a gardé une spontanéité toute juvénile. En bon otaku, il se passionne déjà pour l’informatique, programme des musiques électroniques et s’essaie à la programmation de jeux vidéos. On imagine volontiers que le jeune Hakim était un enfant calme, maigrelet à la santé délicate. Il pratique, pour se fortifier, différents arts martiaux. Mais l’essentiel de ses activités sportives se limiteront au football. Il a même joué dans le club du Crédit du Maroc, alternant la garde des buts de l’équipe et le poste offensif d’ailier droit.

Une forte tête dès l’adolescence
Sa scolarité à l’école Jeanne d’Arc s’arrêtera à  la cinquième, terme du cycle d’enseignement dispensé dans cette école. Le  jeune Hakim est donc amené à poursuivre dans le système public. Nous sommes en 1995, et il entre au Collège Chabbi, un établissement cependant mixte. Les bases acquises lui seront utiles, et il sera classé deuxième de l’académie la première année. Les vacances se déroulent au Maroc, et la famille se rend dans différentes villes du Royaume, pour, à tour de rôle des visites familiales, des séjours dans des centres touristiques. “Je me souviens qu’à cette époque, j’avais une enseignante exceptionnelle. Mme Qoraichi qui nous a initiés au théâtre, et nous a même fait jouer des scènettes, participer à des émission culturelles de TV,” se remémore-t-il, avec émotion. C’était avant le virage que prendra la télévision marocaine par la suite, avant le règne de la pensée unique et du nivellement par le bas,note t-il au passage. Arrive 1998, et il doit à nouveau changer d’établissement. Cette fois, Hakim passe au Lycée Ibn Toumert réservé aux garçons. “A cette période, c’était le désert culturel. Même socialement, on ne faisait plus de “boums”. Du coup, cela m’a permis de me concentrer sur mes études, et uniquement mes études,” analyse-t-il. Et cela se révélera relativement payant: il décroche son baccalauréat en sciences expérimentales en 2001. Mais ses bonnes notes se révéleront insuffisantes pour poursuivre dans les écoles publiques de la place. “Même si j’avais une moyenne de 15/20, il me manquait un point pour intégrer les cycles supérieurs intéressants. Que ce soit en matière d’écoles de commerce qu’en termes de classes préparatoires,” regrette-t-il. Mais il ne se laisse pas décourager pour autant. Il poursuit dans le système privé et intègre l’ESCA. Mais ce sera à la suite d’une longue hésitation: “A l’origine, je voulais devenir programmeur de jeux vidéos. Mais en lisant les offres d’emplois, je me suis rendu compte que les gestionnaires étaient plus demandés que les designers de jeux. J’ai donc fait le choix utile, en étudiant le e-commerce,” explique-t-il, en assumant ses choix. Il a donc choisi d’allier l’informatique et l’économie.

Débuts dans l’associatif
L’ESCA sera une période d’épanouissement et d’éveil de sa conscience sociale. Déjà, Hakim se fait élire président du bureau des étudiants (BDE), et mène les “combats” avec ses camarades de classe. “Nous étions quarante, voire cinquante par classe. Ce n’étaient pas des conditions de travail adéquates. C’est pourquoi j’ai organisé peut-être la seule grève que l’école ait jamais connue. On ne peut pas payer aussi cher, tout en ayant l’impression d’être dans un amphithéâtre”, s’indigne-t-il. Mais les choses ne changeront pas pour autant. Premières expériences dans l’associatif: ses activités dans le BDE le font travailler avec l’association Hajar, au profit des enfants atteints de déficit immunitaire primitif. Il mènera néanmoins à terme sa scolarité universitaire et obtiendra son diplôme en 2005. Il débute dans la banque, mais rapidement, se rend compte que ce n’était pas sa vocation. Il se fait alors embaucher par l’enseigne de commercialisation de produits de grande consommation, Procter and Gamble. Il commence par la traditionnelle tournée avec les livreurs, avant de prendre ses fonctions de business analyste. Mais dès 2006, il change d’orientation, et intègre le cabinet d’études de marché Synergia. Parallèlement en 2007, et pour récompenser ses performances, l’ESCA lui offre une bourse d’études en cours du soir pour préparer un Master en Marketing des Services. Hakim occupera même un poste dans son école, comme responsable des formations interentreprises. La même année, il entre dans une ONG, comme directeur de la structure: “J’ai adoré cette période de ma vie. On se sent utile à agir pour les intérêts des plus démunis. D’ailleurs, s’il n’y avait pas eu un revirement de la vision de l’organisation, j’y serais encore”, analyse-t-il. Pour rester en accord avec ses valeurs, il quitte l’organisation et reprend l’activité dans l’enseignement. En 2010, il est vacataire à l’ESCA et déjà, il mûrit un projet associatif personnel.
Ce sera l’association des Jeunes Leaders Marocains. Un programme d’initiatives inter-écoles de développement durable. L’objectif est de lancer des projets locaux au bénéfice des personnes défavorisées, appelées à devenir autosuffisantes à terme. Mais, en 2012, Hakim est promu Directeur de l’Ecole Supérieure de Journalisme et de Communication (ESJC), de Casablanca. Le professeur finit directeur d’école. Beau couronnement de carrière.

 

Bio express

1983 : naissance à Casablanca
2001 : bac S au Lycée Ibn Toumert
2005 : Master 1 de e-business à l’ESCA Entrée à Procter and Gamble
2006 : consultant dans le cabinet Sunergia
2007 : Master 2 en Marketing des services ESCA responsable formations interentreprises ESCA Directeur dans une ONG
2010 : enseignant
2011 : fondation des Jeunes Leaders Marocains
2012 : Directeur de l’Ecole Supérieure de Journalisme  et de Communication de Casablanca

 

 La face cachée

L’Associatif?
Je me suis intéressé à l’Associatif depuis mes débuts dans le bureau des étudiants de mon école. J’ai participé à des actions avec l’association Hajar, et au profit de différents orphelinats. Je fais également partie du conseil d’administration de Nadi Al Fatate Litakouyine Fil Aamal Al Taanouiy de Bouzra (région d’Agadir).

Les conférences?
J’ai participé aux conférences Ted X comme intervenant des problématiques sociales et de développement personnel. J’ai donné des conférences pour l’école d’ingénieurs, ENSA d’Oujda. Autrement, j’ai également été conférencier avec Global Exchange Morocco et l’ENCG. Mais ces conférences tournaient toujours autour de l’entrepreunariat social.

Les jeux vidéos?
C’est le seul type de sport que je pratique. Ceux que je préfère sont les Wargames de stratégies et les tactiques d’infiltrations. Ils sont directement inspirés des techniques militaires modernes.

La musique?
J’ai été DJ dans une vie antérieure. J’écoute de tout, hormis le hard rock, avec une préférence pour la musique latino. Autrement, je joue des percussions.

La littérature?
Je préfère les auteurs anglo-saxons. Pour le développement personnel, mes auteurs de référence sont Steven R Covey et ses “Sept habitudes des personnes hautement efficientes”, et Timothy J Koegel: “The Exeptionnal Representator”.

Le cinéma?
Je suis un fan de “jap animations”. Le Japon est ma culture idéale, et les manga promeuvent des valeurs essentielles comme celles du travail, de la famille, l’amitié, la loyauté et  la fidélité. Mes préférés sont Naruto, Elfen Lied ou Tenjo Tenge.  Autrement, j’ai les séries où l’on apprend quelque chose comme Dr House pour les particularismes médicaux ou encore une série Turque, la seule que je connaisse, Ezel, qui explicite des stratégies sociales efficaces.

 
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