Blog de Jamal Berraoui

« Haman » dévoile le jeu ( Par Jamal Berraoui )

Ahmed Raissouni est le grand prêtre du PJD, le penseur du MUR. Ses sorties nombreuses, sont l’occasion pour lui de théoriser l’action de Benkirane. Son interview à « Al Massae » relève du même exercice. Elle vaut la lecture.

Que nous dit-il ? Je vais essayer de résumer le plus honnêtement possible, avant de commenter, même si je vous recommande de la lire. Selon « Haman », au Maroc, il n’y a pas eu de révolution, juste un petit frémissement vite canalisé par le discours royal du 9 mars. Le PJD n’est pas au pouvoir, il participe juste à la gestion des affaires. L’intelligence, selon lui, c’est de comprendre ses limites et de ne pas « trop demander au gouvernement ».

Le ministère de l’Intérieur c’est l’Etat profond et personne n’y peut rien. El Othmani a été débarqué parce que l’Arabie Saoudite ne voulait pas qu’un Islamiste participe aux réunions où les ministres arabes complotent contre les Islamistes. Enfin l’USFP, l’Istiqlal et le RNI sont tous pourris et il faut faire avec, quant aux technocrates « c’est le plus grand parti du Maroc » et il est normal qu’ils soient représentés au gouvernement. C’est une vraie session de rattrapage après le passage télé raté de Benkirane, à l’adresse des militants du PJD.

Il dit clairement qu’il y a un reflux pour les Islamistes partout dans le monde arabe et que l’homme politique doit savoir en ces moments, limiter les pertes. Même s’il affirme que le MUR n’a aucun lien avec les frères musulmans, la conception transnationale est claire.

« Haman » reprend à son compte la thèse « le PJD ou le chaos », il déclare que « si le PJD est grillé, c’est la fin de la stabilité ». Il faut bien comprendre ce nouveau discours. Il est à usage interne, pour convaincre les ultras que les renoncements de Benkirane, le Pharaon émasculé, sont nécessaires. Il s’adresse aussi à ce qu’il appelle l’Etat profond, « l’Intérieur et les Affaires Etrangères, c’est votre domaine », aux partis politiques « vous êtes tous pourris mais nous sommes obligés de composer ». Pas une seule fois il n’a évoqué les attentes populaires, ou la crédibilisation des institutions.

Le grand prêtre a parlé, le PJD plie face à la tempête mais prépare toujours son grand matin, ils ne sont pas du soir, celui où il fera la peau aux démocrates. A ceux-ci de réagir.

 
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