Emploi

HCP. 3 chômeurs sur 10 sont des jeunes

Comment se fait-il que plus on est jeune, plus on chôme ? Que plus un (e) jeune prolonge ses études, plus il est exposé au risque de chômage ? Pourtant, elles/ils constituent une minorité à «finir la course». La jeunesse marocaine diplômée est-elle condamnée à immigrer ?

D’après les statistiques du HCP, au cours des années 2020 et 2021, l’augmentation du taux de chômage a été de + 6,9% pour les jeunes âgés de 15 à 24 ans, soit plus que le double de la moyenne qui est de + 3,1% pour l’ensemble de la population active. En termes de taux d’activité, de 2017 à 2021, la baisse a été plus forte parmi les jeunes, avec un taux de -4,3 points, contre -1,4 point pour l’ensemble de la population active.

En effet, le taux d’activité des jeunes (15 à 24 ans) a été, en 2021, de 23,9%, contre 28,2%, en 2017. La moyenne nationale du taux d’activité a été respectivement, pour la même période, de 45,3% contre 46,7%. Et même s’ils sont actifs, moins de la moitié des jeunes perçoivent des salaires, et plus du tiers sont des «aides familiales».

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Ainsi, plus de 3 chômeurs sur 10 sont des jeunes âgés de 15 à 24 ans. La population totale ayant cet âge est constituée de presque 6 millions d’individus. Parmi eux 962 000 exercent un emploi, soit 16,3%. 7,6% sont à la recherche d’un emploi, et 76,1% sont en dehors du marché du travail dont 25% sont des «ni-ni», c’est-à-dire, ne travaille pas, ne vont pas à l’école et ne suivent aucune formation. Cette «zone grise» mérite d’être mieux éclairée, et pas seulement statistiquement.

Dans le monde rural, le taux d’activité des jeunes est plus élevé, avec 28,9% contre 20,6% dans les villes. Il faut dire que c’est dans la campagne que l’abandon scolaire est plus fréquent/précoce. Si le taux moyen d’activité des jeunes au niveau national est de 23,9%, en 2021, il est de 35,4% pour le sexe masculin et de 12,1% pour le sexe féminin.

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Les principaux secteurs employant les jeunes actifs occupés sont l’agriculture, pêche et forêt, avec 43,6%, le tertiaire (services) avec 32,8%, et l’industrie, avec 12,9%. Les deux premiers secteurs sont bien connus pour la précarité des conditions de travail (travail saisonnier ou occasionnel). Si presque la moitié des jeunes actifs sont des salariés (48,6%), l’auto-emploi concerne 9,6%. Le taux des «aides familiales» parmi les jeunes actifs exerçant un emploi qui atteint 37,3%, dépasse 82% pour les jeunes femmes rurales.

La vulnérabilité ou précarité des emplois est la caractéristique principale pour cette catégorie de jeunes actifs. Ainsi, plus de 4 actifs sur 10 exercent un emploi non rémunéré, avec une prépondérance dans le monde rural (58,8%). 14% exercent un emploi occasionnel ou saisonnier. 7 sur 10 ne disposent pas d’un contrat écrit. Pour les jeunes actifs disposant d’un contrat (3 sur 10), il s’agit souvent d’un CDD (13,2%), rarement d’un CDI (6,5%). L’accord verbal est prédominant.

Le diplôme permet-il d’accéder plus facilement à un emploi ? Plus de 30% des chômeurs sont âgés de 15 à 24 ans, dont 75,8% vivent en ville, 67,3% sont de sexe masculin, et 90,1% des diplômés. Pour les jeunes diplômés du supérieur âgés de 15 à 24 ans, le taux de chômage est de 61,2%, soit plus du double du taux moyen concernant cette tranche d’âge. Ce taux baisse presque de moitié, à 30,4%, pour les diplômes de niveau moyen, et atteint 12,9%, pour les sans diplôme. De quoi décourager les jeunes face aux études supérieures.

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Cette situation devrait être prise très au sérieux, à travers les politiques publiques, mais aussi par les acteurs économiques privés (mise en place d’équipes multidisciplinaires notamment dans le cadre du partenariat public-privé-société civile-PPPSC). La jeunesse devrait être perçue comme une transition des individus vers leur autonomie, voire leur indépendance.

Cette étape est aussi un terrain fertile à l’apprentissage aussi bien des bonnes que des mauvaises habitudes. La plupart des « maux sociaux » peuvent être évités dès cette phase de la vie. Contribuer à l’émergence d’un environnement favorable à l’espoir, à la formation et à l’auto-formation, à l’emploi ou à l’auto-emploi, au financement, à l’encadrement, à l’épanouissement (…), est une responsabilité sociale, publique et collective. Les mécanismes mis en place, notamment le service militaire et les stages de pré-emploi, sont à évaluer, en permanence.   

 
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