Étude

HCP : une répartition inégalitaire des revenus et socialement intolérable

Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) adopte une nouvelle approche basée sur la répartition des revenus, plus pertinente que celle basée sur la consommation/dépenses, dans l’analyse des inégalités territoriales et sociales.

Dans sa récente publication intitulée « Revenus des ménages. Niveaux, sources et distribution sociale », et dès le début, le HCP met en avant l’un des principaux obstacles méthodologiques dans l’étude de la répartition des revenus. Cet obstacle résiderait dans la « non disponibilité » d’un registre fiscal. Cette nouvelle étude se base sur une enquête directe, première de son genre, auprès de 3290 ménages couvrant l’ensemble du territoire national et des couches sociales, avant la pandémie (décembre 2019 à mars 2020). Résultats : le revenu annuel total des ménages a été estimé, pour 2019, à 767,14 milliards de DH. Le revenu total des ménages urbains représente 2,8 fois celui des ménages ruraux, soit respectivement 564,02 milliards de DH et 203,12 milliards de DH. Par ménage, le revenu annuel moyen est de 91.933 DH, soit 7661 DH par mois. Le revenu annuel moyen du ménage urbain représente 1,27 fois celui du ménage rural, soit respectivement 98.483 DH et 77.600 DH. Le recours à la médiane permet de mieux cerner la répartition des revenus : 50% des ménages à l’échelle nationale ont un revenu mensuel moyen supérieur à 5133 DH, 50% des ménages urbains ont un revenu mensuel moyen supérieur à 5609 DH et 50% des ménages en milieu rural ont un revenu mensuel moyen supérieur à 4237 DH. Par personne, le revenu annuel moyen est de 21.515 DH au niveau national, soit 1793 DH par mois, avec 24.992 DH en milieu urbain (2083 DH par mois) et 15.560 DH en milieu rural (1297 DH par mois).

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La distribution sociale des revenus des ménages est révélatrice de profondes inégalités. Les 20% de la population les plus aisés en détiennent 53,3% des revenus des ménages, contre 5,6% pour les 20% les moins aisés, soit un écart de presque 10 fois. L’écart est plus grand entre les 10% les moins aisés et les 10% les plus aisés, soit respectivement moins de 6270 DH par personne et par an (moins de 522,50 DH par mois) et plus de 41.705 DH par personne et par an (plus de 3475 DH par mois). Les 10% les plus aisés concentrent 37,8% du total des revenus contre 2,2% pour les 10% les moins aisés, soit un rapport de 17,2 fois. Ainsi, l’inégalité de revenu, estimée par l’indice de Gini, est de 46,4%, relativement élevée et dépassant le « seuil socialement tolérable » de 42%. C’est là une réalité qui doit faire réfléchir nos politiciens.

 
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