Interview

« Il est nécessaire de réduire le dispositif des incitations fiscales »

Parmi les pistes préconisées : supprimer les impôts et taxes à faible rendement. Il faut arriver à une bonne qualité de la dépense.

Challenge. Vous venez d’organiser la 7ème édition du colloque international sur le pilotage des réformes des finances publiques. Qui les pilote?

Noureddine Bensouda. Les responsabilités de pilotage des finances publiques sont clairement délimitées au niveau de la Constitution. Elles sont partagées entre l’action du gestionnaire qui est l’exécutif, les contrôles du Parlement et de la Cour des comptes et bien entendu, le rôle de l’opinion publique. La nouvelle Constitution n’a-t-elle pas introduit la société civile en tant que composante essentielle dans la vie publique. Cette complexité induite par la multiplicité des acteurs doit être intégrée dans la démarche à adopter.  Il est important de concilier entre les différentes approches pour s’inscrire dans une vision à long terme, globale et cohérente, pour la conception et la mise en place des réformes en finances publiques. Elle doit s’appuyer sur une stratégie politique pertinente et consensuelle de pilotage des réformes, déterminant les orientations et les choix en matière de politique des finances publiques et le cap à atteindre pour la satisfaction des besoins des citoyens en termes d’éducation, de logement, de soins de santé, de transport… L’approche intégrée et globale, qui concilie le technique et le politique, aura alors toute son importance. Cette vision à long terme doit aussi être fondée sur une stratégie opérationnelle de mise en œuvre et sur des instruments et outils de gestion à même de garantir leur déclinaison sur le terrain. Ces réformes doivent bien évidemment être, de plus en plus, associées avec les réformes institutionnelles.

C. A votre avis, de tous les intervenants, qui est responsable de la situation de dégradation des finances publiques dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui ?

N.B.Le Maroc a pu réaliser des réformes fondamentales et des chantiers d’infrastructure importants. Mais il est vrai qu’il demeure encore des fragilités au niveau des finances publiques. Je voudrais mentionner à ce niveau que nos finances publiques évoluent dans un contexte international défavorable. Le monde a connu une crise économique et financière sévère. Et au niveau régional, des instabilités perturbent encore l’environnement économique et social. Tous ces éléments impactent directement ou indirectement les finances de notre pays. Depuis 2011, le solde ordinaire est par exemple devenu négatif, marquant une rupture avec l’évolution observée depuis 1990. Ce que nous pouvons constater également, c’est que les actions conjoncturelles d’ordre fiscal (création de nouveaux impôts et taxes) introduites depuis quelques temps n’ont eu qu’un effet limité, puisque les recettes ordinaires (et notamment fiscales) ont continué de baisser. Lorsqu’il y a quelques incompréhensions, dues au fait que les décideurs ne prennent pas en compte le comportement des acteurs économiques, la machine tarde à réagir et à prendre les bonnes décisions au bon moment. C’est pour cette raison que ce genre de colloque que nous organisons aujourd’hui a pour objectif non seulement de sensibiliser sur les finances publiques, mais aussi de proposer des pistes pour réussir les réformes en la matière.

L’interview complète est disponible dans le Challenge #436, actuellement chez votre marchand de journaux.

 
Article précédent

Newsletter du 20 septembre 2013 : BMCE Bank lorgne le Nigéria

Article suivant

Mounir Majidi ou les saines ambitions du FUS