Blog de Jamal Berraoui

Ils sapent la confiance!


D
ès sa nomination au ministère de la Santé, le  professeur El Ouardi est entré en guerre avec l’équipe de Yasmina Baddou. Il les a ouvertement et publiquement, accusés de gestion
frauduleuse.  Il a suspendu, puis viré Rahhal Mekkaoui, le secrétaire général. Celui-ci, ancien de l’ONEP, a entamé sa carrière administrative dans le sillage de Madame Baddou. Il se  trouve qu’il est Istiqlalien. Selon nos confrères, il devrait  atterrir au ministère de l’Energie, auprès d’un ministre istiqlalien. Si mes informations sont exactes, nous avons un seul et unique gouvernement, dont le chef  est Abdelilah Benkirane. La constitution n’assimile pas la majorité gouvernementale à l’assemblage de cartons partisans. Si c’est bien la réalité, alors nous sommes  dans le ridicule le plus absolu. Suspecté de mauvaise gestion à la santé, par un PPS, Mekkaoui reprend du service chez un ministre istiqlalien à l’Energie. Il faut d’abord préciser une chose : les fuites dans la  presse ne constituent pas une condamnation.

Le professeur El Ouardi n’a jamais porté l’affaire des vaccins devant les tribunaux. D’ailleurs, plusieurs ministres  ont porté des accusations graves contre les gestions précédentes, sans s’en remettre à la justice. C’est une erreur politique, encore plus grave pour un gouvernement  qui fait de la lutte contre la prévarication son leitmotiv. Rahhal Mekkaoui bénéficie donc de la présomption d’innocence comme tout citoyen dans son cas. Mais,  parce qu’il y a un mais, sa nomination serait une  catastrophe politique. L’opinion publique, malheureusement, se soucie peu des arguties juridiques. Les fuites organisées l’ont condamné à ses yeux. Depuis le  congrès du parti, l’Istiqlal fait de ce cas personnel un casus belli avec ses partenaires de la majorité. C’est une attitude qui fait énormément de tort à l’ensemble de la classe politique, assimilée à des écuries d’ambitieux  qui se disputent les strapontins.

La nomination de Mekkaoui constituerait une incohérence majeure. S’il s’était séparé du professeur El Ouardi pour une incompatibilité  d’humeur, la question se poserait autrement. Les accusations portées contre lui, publiquement, ont déplacé le curseur, même si elles n’ont été validées ni  par un tribunal, ni par la Cour des comptes. Par ailleurs, la fonction de Secrétaire général du ministère a été pendant longtemps protégée du jeu partisan, au profit de la technostructure administrative.  

Ceci assurait la continuité et ne bloquait pas l’administration en attendant que le nouveau ministre  approfondisse sa connaissance du dossier. Jusqu’ici, c’est le cabinet qui était politique. Les partis ont préféré  ajouter ce poste dans l’escarcelle pour améliorer leur offre dans le cadre de la gestion des appétits de leurs cadres. Cela manque de sérieux. Les citoyens ont  fondé beaucoup d’espoirs sur l’expérience en cours, issue d’un contexte politique particulier, marqué par l’adoption d’une nouvelle Constitution. La conjoncture  budgétaire ne laisse pas de marge pour satisfaire les revendications matérielles. Alimenter la déception par des comportements inéthiques est suicidaire .

 
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