Agriculture

Initiative Al Moutmir : une symbiose entre la science et l’agriculture

Dans une démarche partenariale, le Groupe OCP et le Ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts ont mis en place, concrètement, une offre multiservices combinant innovation scientifique et technique.  

L’initiative Al Moutmir vise principalement la petite agriculture, actuellement prédominante au Maroc. En effet, au niveau national, les petites exploitations ne représentent pas moins de 50% des unités ayant une superficie inférieure à 3 ha.  70% ont moins de 5 ha. Les petites exploitations agricoles se spécialisent en général dans l’agriculture familiale et l’agriculture vivrière. C’est cette petite agriculture qui entretient un rapport organique avec les souks de proximité et les centres urbains les plus proches. C’est aussi la catégorie rurale la plus exposée aux risques inhérents aux aléas climatiques et surtout au manque d’eau. Dans le Plan Maroc Vert, elle figure dans le second pilier dédié à l’agriculture solidaire.

Avec une riche accumulation d’expériences pratiques, le groupe OCP s’investit profondément dans l’amélioration du bien-être des petits agriculteurs, en contribuant au développement de leurs capacités productives quantitativement et qualitativement. Al Moutmir est un exemple concret de déclinaison de cette stratégie de développement des capacités à la Amartya Sen, à travers une offre multiservices reflétant à la fois le souci de mettre en œuvre une approche multidisciplinaire avec des résultats tangibles, susceptibles de créer une dynamique interne, propre aux agriculteurs, évitant ainsi les anciennes méthodes bureaucratiques qui ont marqué autrefois négativement la mémoire des agriculteurs.

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Il s’agit de plateformes de démonstration et de vulgarisation sur le terrain, à travers des résultats concrets pour convaincre et faire adhérer les petits agriculteurs aux nouvelles méthodes. Science et agriculture forment ainsi un écosystème où les agriculteurs volontaires deviennent eux-mêmes des «ambassadeurs des bonnes pratiques ». Les petits agriculteurs deviennent de ce fait l’anneau de propagation des initiatives innovatrices intégrées.

L’initiative vise essentiellement des cultures répondant à une demande locale. Il s’agit des céréales, avec 38%, l’arboriculture avec 34%, le maraîchage avec 16% et les légumineuses avec 12%.

Au-delà des aspects purement scientifiques et techniques, la dimension sociologique, permettant d’analyser et de comprendre le comportement des petits agriculteurs, est aussi intégrée. Cette dimension humaine et fondamentale. Elle est déterminante dans la conduite du changement. Les défis ne sont pas seulement d’ordre purement technique.

Par ailleurs, les nouvelles technologies de l’information et de la communication sont aussi mobilisées pour réduire les difficultés liées à l’éloignement. L’application digitale « Agritrial » permet la constitution de « gisements d’informations » mis à la disposition des écosystèmes scientifique, académique et économique et l’organisation de symposiums annuels dont le premier a été organisé, le 4 juillet 2019.

En 2019-2020, 4 000 plateformes ont été prévues. 449 agriculteurs en ont bénéficié dans la filière maraichage, dans dix régions. 221 agriculteurs bénéficiaires dans la filière céréales et légumineuses dans 6 régions, et 546 agriculteurs bénéficiaires dans la filière arboriculture fruitière.

Dans les plateformes de démonstration des céréales, l’augmentation des rendements a été de 40% en grain et de 48% en paille. Pour les légumineuses, la hausse des rendements a été de 102% en grain et 71% en biomasse. Les cultures maraîchères ont connu une croissance de 4% à 100%. Les résultats ne sont pas seulement d’ordre quantitatif. La qualité est aussi au rendez-vous. Ainsi, pour l’olivier, une amélioration du poids du fruit de 27% a été enregistrée et, pour le maraîchage, les plateformes de démonstration ont enregistré une amélioration du calibre du fruit allant jusqu’à 50%.

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Et in fine, c’est surtout l’impact positif sur les revenus des agriculteurs qui mérite d’être souligné. L’amélioration, à ce niveau, a été de 63% pour les céréales, de 122% pour les légumineuses, de 35% pour l’olivier et de 14% à 201% pour le maraîchage. Voilà une alternative possible à l’agriculture productiviste non respectueuse des équilibres naturels et excessivement consommatrice d’eau. Cette alternative devient possible lorsque l’on accepte d’ouvrir les yeux et de marcher avec deux jambes : l’expérience ancestrale des paysans et la science au service de l’humain et de la nature dans sa globalité.

 
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