Entreprises & Marchés

Kilimanjaro fait le pari de la collecte auprès des particuliers

Youssef Chaqor, directeur général de Kilimanjaro Environnement.

L’entreprise, qui s’est spécialisée dans le recyclage des huiles usagées enclenche la deuxième étape de son plan de développement. Kilimanjaro Environnement affiche plus de 40 millions de DH de chiffre d’affaires à fin 2014,  et prévoit  de doubler la taille  de sa structure  à l’horizon 2020. par Ghizlaine Badri

Les métiers du green, en plein essor en région méditerranéenne et Afrique du nord. Kilimanjaro Environnement entreprise écologique spécialisée dans la collecte et valorisation des huiles alimentaires usagées, a fait le choix d’investir dans ce créneau à fort impact environnemental, social et économique.  En se revendiquant leader du marché national sur la collecte et valorisation des huiles alimentaires usagées et autres corps gras, Kilimanjaro Environnement vise les déchets dits « biomasses liquides » qui sont déversés tous les ans par les particuliers, les industriels et les professionnels de la restauration et de l’hôtellerie, directement dans les égouts au Maroc. Un potentiel important certes, mais qui continuera à représenter un réel danger écologique et sanitaire  en  l’absence de réglementation adaptée. Hormis la collecte de ces huiles alimentaires usagées auprès des restaurateurs et des industriels, la PME Marocaine a lancé il y a quelques semaines,  la collecte auprès des particuliers dans quelques quartiers en phase de test, afin d’initier le foyer marocain au tri à la source et au recyclage de ses déchets. Ce projet de collecte à domicile permettra à terme, la création de 2000 emplois, la réduction des émissions de CO2 de près de 230000 tonnes de déchets par an, ainsi  que l’émergence d’une filière estimée à 1 milliard de DH en renforcement de la balance commerciale du pays. Youssef Chaqor, directeur général de Kilimanjaro Environnement travaillait, avant de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale, dans le secteur de la raffinerie des huiles de table. De part ses responsabilités au sein de cette entreprise, il avait observé en 2008, la flambée des matières premières allant jusqu’à entrainer des manifestations et soulèvement populaires en Egypte. En essayant d’analyser et comprendre ces augmentations de prix, il découvre une nouvelle filière de biocarburants qui venait se greffer sur une offre existante des matières premières agricoles, principalement les huiles brutes, le sucre et les graines de blé. En cherchant plus loin, il réalise les problématiques éthiques et environnementales reliées à celle filière. « Au moment de vouloir me lancer dans  l’aventure entrepreneuriale, m’est venue l’idée de me positionner sur une filière équivalente, mais équitable et éco-responsable, puisqu’elle utilise le déchet résiduel de ses huiles alimentaires, comme matière première pour la production des biocarburants et n’est donc pas en concurrence avec l’alimentaire » déclare Youssef Chaqor. L’entreprise compte parmi ses fournisseurs, des enseignes de renom, nationales et internationales, pour ne citer que McDonald’s, KFC, Burger King, La Grillardière, Pomme de pain, le groupe hôtelier Accor, Newrest, ou encore «Oasis café» du groupe Akwa. Entreprise 100% exportatrice, Kilimanjaro Environnement réalise la majorité de son chiffre d’affaires dans des pays d’Europe et d’Amérique du Sud. « Pour ce qui est des débouchés sur le marché local, nous sommes aujourd’hui plus enthousiastes à tenter l’aventure suite à la décompensation des produits pétroliers, mais espérons que des conditions favorables seront instaurées pour l’introduction du biocarburant de 2ème génération au Maroc, et qu’un soutien aux PME du secteur green sera mis en place, pour permettre le développement du secteur écologique et la production d’énergies propres au Maroc » poursuit Chaqor.
Kilimanjaro Environnement qui fonctionne en fonds propres, a pour ambition de doubler sa taille dans les 5 années à venir.  Pour ce faire, elle mise principalement sur son nouveau projet de collecte à domicile, afin de rediriger le potentiel des huiles alimentaires usagées en foyers vers la filière de recyclage, l’expansion de son unité de valorisation  pour augmenter sa capacité de production de biodiesel qui passera ainsi de 1200 tonnes/an à 8000 tonnes/an et enfin, l’internationalisation de ses opérations dans d’autres pays voisins.
Pour que ces objectifs de croissance soient réalisables, l’entreprise compte principalement sur l’évolution du cadre réglementaire au Maroc, afin de permettre l’organisation du secteur et la lutte contre l’informel, en règlementant le métier de collecteur, et en instaurant l’obligation de gestion de ce déchet chez les professionnels concernés  «C’est dans ce sens, que nous travaillons en étroite collaboration avec le ministère de l’Environnement pour la mise en place d’un cadre légal adapté permettant d’une part, d’éviter le rejet de ces déchets dans la nature, causant ainsi de réels dégâts écologiques, et d’autre part de réduire le risque sanitaire important pouvant provenir de la redirection de ces huiles de friture usagées vers des filières alimentaires (vente au gros). « conclut Youssef Chaqor,  en rappelant le scandale des huiles frelatées en 1956 à Meknès qui a causé plus de 11000 paralysies.  Après des études au lycée Moulay Youssef, Youssef Chaqor intègre l’Ecole Mohammedia d’Ingénieurs et obtient son diplôme d’Ingénieurs d’Etat en 1998, génie industriel.
A sa sortie de l’Ecole, il occupe le poste de responsable marketing & commercial à Unilever pendant 5 ans, puis devient directeur commercial à Savola, une multinationale opérant dans l’industrie du raffinage des huiles alimentaires. En 2008, il crée Kilimanjaro Conseil , une société spécialisée dans le conseil et le recrutement.
Passionné par l’environnement et le développement durable et conscient de l’impacte de ces déchets sur l’environnement, il lance en 2009 une activité de collecte des huiles alimentaires usagées, afin de les revaloriser en biodiesel, et devient ainsi Directeur Général de Kilimanjaro Environnement.

 
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