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La baisse devrait se poursuivre

C’est la première bonne nouvelle depuis la première guerre du golfe. Les États Unis sont redevenus producteurs nets grâce au gaz de schiste. De plus, les négociations avec l’Iran peuvent aider à détendre les cours. L’optimisme est permis, du moins à court terme.

Cette semaine, les consommateurs marocains ont eu la bonne surprise de l’annonce d’une baisse des prix à la pompe allant jusqu’à 43 centimes le litre pour le gasoil. La question qui se pose est bien celle de savoir si la baisse pourrait se poursuivre dans les mois à venir. Beaucoup d’analystes estiment que les prix devraient effectivement continuer à reculer à l’international et donc au niveau de la pompe au Maroc. Les producteurs d’or noir ne cachent pas leur inquiétude. Les importateurs, quant à eux, préfèrent contenir leur euphorie. Les marchés du pétrole sont en train de vivre un contexte historique. En effet, pour la première fois depuis 1995, pour le mois d’octobre, les Etats-Unis, ne sont plus importateurs nets de pétrole. Grâce au gaz de schiste, le pays a produit 7,7 millions de barils, alors qu’il n’en a importé que 7,6 millions. C’est d’autant significatif, que les Etats-Unis étaient les premiers clients importateurs du globe. Ces statistiques du mois d’octobre, sont donc ce qu’il y a de plus spectaculaire et viennent confirmer que la Chine, qui est devenue le premier importateur mondial, depuis janvier 2013, devrait le rester encore pour longtemps.

Il faut dire, que ces nouveaux produits que découvrent beaucoup de néophytes, ont pourtant commencé à détrôner le pétrole dit conventionnel, du moins dans des pays comme les Etats-Unis. Les conséquences vont pourtant au-delà d’une simple inversion de la balance commerciale pétrolière américaine. En effet, c’est grâce à cette nouvelle capacité de production que les sanctions contre l’Iran ont pu être accentuées dans les années passées sans que le marché mondial ne soit trop bouleversé. C’est dire que le déficit de la Caisse de compensation pouvait largement dépasser les 54 milliards, s’il n’y avait pas ce fameux gaz de schiste. L’augmentation de la production américaine, commence déjà à avoir des effets sur certains pays producteurs. Le Nigeria, dont l’essentiel de la production était orienté vers les Eats-Unis, a commencé à se tourner vers les pays Asiatiques. Ce sera de plus en plus le cas. Sur les marchés internationaux, hélas, les prix ne baissent pas encore. Puisque le baril de brent WTI crude tourne toujours autour 100 dollars à New York. Mais plus personne ne table sur un baril au dessus des 110 dollars, alors que c’était la règle dans la confection du baril depuis 2011. C’est donc une excellente nouvelle pour le Trésor public marocain que de savoir que la tension sur les cours s’estompe mois après mois.

En somme, les perspectives d’une hausse permanente des cours sont de moins en moins probables. Elles le seront d’autant moins que les observateurs estiment que le retour de l’Iran en tant que producteur se fera dans les prochains mois. Or, si ses installations tournent à plein régime, l’Iran dispose d’une capacité de 1,2 million de baril jour. C’est une perspective qui réjouit naturellement tous les pays importateurs, dont le Maroc. Une telle capacité pourrait faire baisser les prix de dix dollars encore dans les mois à venir. Ce qui pourrait ramener le baril autour de 90 dollars. Pour le budget marocain, il faut savoir qu’un dollar de moins sur le baril pour une durée totale d’une année, c’est au moins quelque 2 milliards de dirhams d’économie. Toutes choses étant égales par ailleurs, le retour de l’Iran pourrait faire économiser jusqu’à 18 milliards de dirhams au budget marocain. Surtout que la production pétrolière américaine pourrait atteindre 11,1 millions de barils par mois dans les années à venir, selon l’Agence Internationale de l’Energie, ajoutant que les consommateurs ne devraient pas avoir de souci à se faire. Néanmoins, c’est trop tôt pour se laisser submerger par l’euphorie, toujours selon cette agence basée à Paris et qui rendait public son Word Energy Outlook 2013, la semaine dernière.

«On ne peut pas écarter l’importance actuelle des pétroles de schiste», souligne Fatih Birol, économiste en chef de l’Agence. Selon lui, ils seront une composante importante de la production de pétrole d’ici 2020. Ils permettront d’ailleurs aux Etats-Unis de devenir le premier producteur de pétrole au monde en 2015 devant l’Arabie Saoudite, soit deux ans avant les prévisions de l’AIE datant de 2012.

Il a également mentionné l’apport des projets actuellement mis en développement. Ainsi, le Brésil pourrait arriver à produire près de 6 milliards de barils à l’horizon 2035 grâce à l’exploitation de ses ressources offshore. La production canadienne à partir des sables bitumineux sera également importante. Enfin, l’Arabie Saoudite devrait également commencer à produire à partir de son champ offshore de Manifa.

Cependant, le problème, c’est qu’à part l’Arabie Saoudite, les pays du Golfe ont freiné leurs investissements. Ils ont tout simplement peur que la production américaine ne coule le marché, et rende leurs investissements peu ou pas rentables. Or la demande de pétrole ne devrait pas ralentir, au moins jusqu’en 2035. Pire, selon l’Agence, la production de pétrole non conventionnel pourrait commencer à décliner dès 2020. C ‘est ce qui a poussé l’économiste de l’AIE à combattre l’idée d’une éventuelle «abondance de pétrole».

Autant dire que dans un tel contexte, il faut rester sur ses gardes. Et, si le déficit de la Caisse de Compensation pourrait baisser et les prix à la pompe reculer, comme c’est le cas cette semaine, à long terme, la tendance haussière pourrait bien être maintenue.

 
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