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La chute de la masse bénéficiaire pénalisera-t-elle le marché boursier ?

Résultats semestriels. Les bénéfices semestriels des sociétés cotées à la bourse de Casablanca ont baissé de plus d’un tiers en glissement annuel. Cette contreperformance a été induite par les difficultés subies par les secteurs du pétrole et de l’immobilier effaçant la performance des autres secteurs, tels les banques, les assurances et l’agroalimentaire. Au regard de cette tendance, la  question se pose sur les prospectives du marché actions. Analyse. par Kaoutar Khennach

Sur 72 sociétés cotées, 40 entreprises ont enregistré le premier semestre 2015 sur des bénéfices en croissance, au moment où 32 entités ont évolué dans le rouge.  Au sein de ce panel, 8 structures ont réalisé des résultats semestriels déficitaires. De plus, la cote casablancaise a été marquée, au premier semestre, par la publication de 10 profits warning.
Dans ce contexte, l’ensemble des sociétés cotées de la bourse de Casablanca a généré, au premier semestre 2015, une masse bénéficiaire de 9,8 milliards de DH en baisse de 32%  par rapport à la même période de l’année précédente.  

Pétrole & Gaz et immobilier : les maillons faibles

Cette dépréciation  est particulièrement attribuable à la Samir et Alliances, dont les déficits se sont nettement accentués à respectivement -3,5 milliards de DH et 384,3 millions de DH.  « La neutralisation de l’impact de ces deux valeurs allège la contraction de la masse bénéficiaire globale à -2% », précisent les analystes financiers d’Upline Securities.
C’est, ainsi, que la masse bénéficiaire de la cote casablancaise a été tirée vers le bas, essentiellement, par les secteurs Pétrole & Gaz et immobilier.  En effet, dans le sillage des pertes enregistrées par la Samir dont l’activité est quasiment à l’arrêt depuis le mois d’août dernier, le secteur pétrole & Gaz a accusé un déficit de plus de 3 milliards de DH contre un bénéfice de 683,8 millions de DH au premier semestre 2014. De même, le secteur immobilier, plombé par la perte par Alliances, a subi une forte baisse de plus de 67% en glissement annuel à près de 283 millions de DH. «Retraité d’Alliances, la masse bénéficiaire du secteur aurait affiché une stagnation», soulignent les analystes d’Upline Securities.

Le secteur minier sanctionné par la baisse des cours de métaux

Par ailleurs,  la chute de la masse bénéficiaire occulte également la baisse de plus de 7% de la  capacité bénéficiaire du secteur minier à 367,46 millions de DH  en raison de la baisse drastique des cours de certains métaux à l’échelle internationale. En effet,  «le recul du secteur minier a été induit par les deux valeurs Managem (-7,5%) et SMI (-48,9%) qui ont subi de plein fouet la contraction des prix de l’or (-7%), de l’argent (-17%) et du cuivre (-14%)», expliquent les analystes financiers du CDMC.

Atonie, le mot maître du BTP

Aussi, parmi les principaux secteurs dont la rentabilité n’a pas été au rendez-vous. On note celui des « Bâtiments & Matériaux de Construction » qui a affiché une masse bénéficiaire en baisse de 4,9% en glissement annuel à 1,6 milliard de DH.
«Ce secteur pâtit de l’atonie que connaît le secteur BTP avec un marché du ciment en décroissance de 1,3%, une insolvabilité accrue des grands promoteurs immobiliers, un ralentissement du rythme de production de logements et un taux de défaillance des entreprises du BTP s’élevant à 16% », déclarent les analystes financiers du CDMC.

Le secteur bancaire, toujours premier contributeur

Sans surprise, le secteur « Banques » reste, de loin, le premier contributeur à la masse bénéficiaire du marché boursier avec plus de 5 milliards de DH en hausse de 2,1% par rapport au premier semestre 2014.  En effet, « les trois grands groupes bancaires, Attijariwafa bank, Banque Centrale Populaire  et BMCE Bank ont pris de l’avance dans le provisionnement, ce qui a contribué à l’allégement du coût du risque et la hausse des bénéfices », attestent les analystes financiers d’Upline Securities.  

Assurances et Agroalimentaire: les bonnes surprises

Par ailleurs, la surprise vient du secteur des assurances qui a clôturé le semestre sur de bons auspices avec un rebond annuel de 5,6% à près de 820 millions de DH. «Cette performance est attribuable notamment à  la contraction du déficit de liquidité et la stabilité des rendements des bons de Trésor (10 ans à 3,12% et 20 ans à 4,06%) » Selon les analystes financiers de CDMC.
Comme autre bonne nouvelle, le bénéfice du secteur agroalimentaire s’est bonifié de 11,3% à près de 709 millions de DH. «Cette progression est due essentiellement à Cosumar, dont le bénéfice consolidé a enregistré un affermissement de 38,8% pour une contribution favorable de 17,8 points dans la croissance du résultat sectoriel», expliquent les analystes d’Upline.

Vers une crise de confiance ?

Logiquement, la baisse de la masse bénéficiaire de l’ensemble des sociétés cotées devrait accentuer la méfiance des investisseurs envers la bourse de Casablanca. Ainsi, le Masi, l’indice phare de la cote, devrait  maintenir son incursion dans le territoire négatif entamé depuis le mois de mars 2015.
La reprise du marché actions ne peut être tangible qu’avec des éléments de nature à raviver les espoirs des investisseurs à travers l’accélération des introductions en bourse tant attendues de Marsa Maroc et de Mutandis, la fin des déboires de Samir et d’Alliances, ainsi que la modernisation du cadre législatif de la bourse de Casablanca. n

 
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