Blog de Jamal Berraoui

La communication Qatarie (Par Jamal Berraoui)

Le Cheikh Hamad a abdiqué en faveur de son fils. Ce n’est pas anodin parce qu’il n’a que 61 ans, ce qui est relativement jeune, qu’il apparaît en bonne santé et que tout allait pour le mieux pour son pays, une toute petite fabrique à dollars, courtisée par toutes les grandes puissances, au point de croire en faire partie.

« Al Jazeera » a assuré le service après-vente, non pas en média indépendant, ce qu’elle n’est pas, mais en télévision officielle. Des reportages à la gloire du partant, sans rappeler qu’il avait déposé son père en 1995 et d’autres montrant le nouveau sous son meilleur visage s’occupant des sports, recevant des chefs d’Etats ou inspectant l’armée. Mais rien, absolument rien, sur les motivations réelles qui poussent le Cheikh Hamad à abdiquer.

Si la question se pose c’est parce que le Qatar a une particularité : aucun de ses trois émirs successifs n’a terminé son mandat, censé être à vue… cet émirat n’a jamais pu prononcer la fameuse phrase « l’Emir est mort, vive l’Emir ». Le premier a été déposé par son cousin « Al Khalifa », qui n’était même pas prince hériter. Al Khalifa a été renversé par son fils qui vient maintenant d’abdiquer.

Qu’Al Jazeera ne cherche pas à en savoir plus n’étonnera que ceux qui accordent du crédit à l’indépendance de cet outil de propagande qui ne publie que les bulletins officiels dès qu’il s’agit du Qatar. Mais que toutes les chaînes d’information, la presse internationale lui emboîtent le pas intrigue. Car le Qatar est au centre de plusieurs processus ou dispositifs très importants dans la région et investit des centaines de milliards de dollars en Occident. Cela devrait inciter à plus de curiosité.

L’on sait par le biais, que le MIG, les services anglais ont aidé à déjouer un coup d’Etat à Doha il y a deux ans, fomenté par des cadres de l’armée et une partie de la famille régnante. L’on sait aussi que le Cheikh Hamad, polygame, a fait de sa dernière épouse, Mouza, un pilier du régime. Le premier prince héritier, issu d’une autre épouse, a été dépossédé et même mis en résidence surveillée au profit de Tamim, fils aîné de Mouza. L’on peut imaginer ce que cela cache comme intrigues de palais.

Depuis la tentative de coup d’Etat, Tamim a pris le contrôle de l’armée et a mis le pied dans la gestion des fonds d’investissement, chasse gardée du Premier ministre Jassem, cheville ouvrière du régime depuis plus d’une décennie. La stabilité de façade cache des luttes sourdes au sein de la famille et des équilibres entre les Cheikhs en dehors de tout mouvement social, digne de ce nom, les qataris de souche bénéficiant de la rente gazière. Il faut croire que la puissance financière, permet même d’émousser la curiosité des grands médias, ou supposés tels.

 
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