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La corde raide

La baisse du pouvoir d’achat est réelle. Les réactions populaires à chaque événement se font de plus en plus véhémentes. L’épisode du boycott, les manifestations contre la hausse des fournitures scolaires, les rumeurs sur les hausses à venir créent un climat malsain. 

Mais là, on est dans une séquence beaucoup plus dure, parce qu’elle concerne les fruits et légumes, le panier de la ménagère. L’Etat est directement pointé du doigt parce que c’est le prix des hydrocarbures et donc des transports qui est à la base de cette flambée. Des camionneurs ont organisé des sit-ins, d’autres corporations telles que celle des taxis s’apprêtent à en faire de même. Le citoyen lambda devra payer plus cher son alimentation, son transport, l’école de ses enfants, alors que les salaires ne bougent pas depuis des années.

La réponse du gouvernement est très insuffisante. Sur la question des hydrocarbures, la majorité n’a toujours pas d’accord pour un nouveau modèle de fixation des prix à la pompe. En attendant, les cours approchent les 80 dollars le baril au lieu de 55, il y a quelques mois et la tendance est toujours haussière pour des raisons géopolitiques. Or, cela impacte les transports et donc l’ensemble de la vie économique.

Pour les salaires, la proposition du gouvernement est ridicule. 200 DH par mois, pour les salaires les plus faibles, cela ne compense en rien l’inflation.

L’approche uniquement budgétaire a atteint ses limites. Alors que l’on relance les programmes sociaux de lutte contre la précarité, de plus en plus coûteux parce que la précarité s’étend, l’augmentation des salaires n’est pas envisageable si l’on veut rester dans les clous vis-à-vis des bailleurs de fonds internationaux.

La crise sociale s’approfondit et il faudra bien y trouver des réponses à court et à long terme. Cela passe par une refonte totale des politiques publiques. Par exemple, si on enlève les agréments, les taximen récupèreront une part de la recette qui leur permettra de ne pas répercuter la hausse du prix du gasoil sur le consommateur.

Mais il faut bien se rendre compte que la faillite du service public affaiblit le pouvoir d’achat, les Marocains envoient leurs enfants à l’école privée, se soignent hors des hôpitaux, s’achètent une voiture à crédit, parce que le service public est défaillant. A Paris, seuls 35 % des foyers fiscaux ont une voiture, parce que les transports publics marchent.

Travaillons à l’amélioration de ces services et nous auront octroyé la plus importante hausse des salaires jamais imaginée !

A court terme, il faut revoir les circuits de distribution avec leurs excès d’intermédiaires. Les hausses au détail ne profitent jamais aux producteurs mais aux autres intervenants. Ce chantier a été abandonné pour des raisons d’idéologie libérale. Il est peut-être temps de revenir à la vision d’un état qui aurait pour rôle de corriger les effets pervers du marché. Pour l’instant, il faut surtout des décisions fortes en faveur du pouvoir d’achat. 

 
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