Blog de Jamal Berraoui

La déconfiture européenne par ( Jamal Berraoui )

Plus de la moitié des citoyens européens ne se sont pas déplacés à l’occasion des élections du Parlement européen de Strasbourg. Quand on sait que le vote est obligatoire dans trois pays, on peut dire que le désintérêt est encore plus fort. En France le FN est largement en tête, au Royaume Uni, qui n’est membre ni de Schengen, ni de la zone euro, l’UKII parti anti-européen est en tête. Au Danemark, en Autriche, en Grèce, ce sont les Europhobes qui sont en tête. Le débat franco-français ne sert à rien, c’est à l’échelle européenne qu’il y a un vrai séisme. Il est clair qu’entre les abstentionnistes et ceux qui ont choisi des candidats qui promettent d’agir en tant que force de blocage, il y a une majorité. Les sondages démontrent qu’ils se recrutent d’abord chez les jeunes. Ensuite, chez les ouvriers et les employés. C’est ce que l’on appelait les couches populaires. Elles ne votent plus à gauche mais pour des courants nationalistes, qui demandent la destruction d’une Union Européenne où le pouvoir revient à des technocrates. Ceux qui veulent croire au coup de tonnerre sans lendemain se trompent. Il y a eu un grand déni de démocratie, celui de remplacer le traité de Maastricht, rejeté par les peuples, par celui de Lisbonne adoubé par les Parlements. C’est la faute originelle. Il y a ensuite les directives européennes appelant à l’austérité, à la rigueur budgétaire alors que depuis six ans les économies sont à l’asphyxie. Conservateurs, libéraux et socialistes vont s’entendre pour contenir les Europhobes. C’est une manière de les renforcer encore plus, parce que l’Allemagne refuse tout assouplissement, que Merkel est encore plus forte et que les institutions sont au pas. Ce que les peuples ont exprimé, c’est le ras-le-bol face à des théories de décisions qui ne tiennent pas compte de l’humain. Selon ces théories, une austérité forcenée, le dépeçage des services publics, l’appauvrissement des couvertures sociales amènera la relance…à terme. Et encore, si l’on peut s’appuyer sur une croissance de l’économie mondiale. En attendant, des millions d’Européens plongent dans la précarité. Ils résistent et c’est normal. L’idée européenne a réellement du plomb dans l’aile. Il est peu probable qu’on avance vers plus d’intégration, quand les peuples dénoncent “Bruxelles” comme l’ennemi, les courants nationalistes, xénophobes en profitent. L’argument de l’Europe qui assure la paix est éculé et le drame c’est qu’ils n’en ont pas d’autres en magasin. C’est une nouvelle phase historique qui s’ouvre.

 
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