InterviewMaroc-Portugal

« La diplomatie doit être soutenue par la communauté des affaires et la classe politique »

L’Ambassadeur du Maroc au Portugal fait partie de ces femmes de la génération Mohammed VI, qui ont fait leurs preuves sur la scène internationale. S.E Karima Benyaich n’a pas choisi la voie facile mais la diplomatie qui requiert non seulement la compétence, mais une forte dose de volonté et de savoir-faire. Titulaire d’un Master en Sciences Economiques de l’Université de Montréal, elle a fait carrière au Ministère des Affaires Etrangères où elle a occupé plusieurs postes de responsabilité. Elle a été distinguée à différentes reprises dans l’accomplissement de sa mission par les gouvernements français, chiliens et argentins. Elle a été nommée par sa Majesté, comme Ambassadeur du Maroc en 2008.

Challenge : Même si le Portugal est un pays voisin, il reste absent de la scène politique internationale marocaine. Comment qualifiez-vous les relations entre le Maroc et le Portugal ? 
S.E Karima Benyaich : Les relations entre le Maroc et le Portugal ont toujours été bonnes. Les deux pays ont signé pas moins de 94 traités d’amitié, de coopération et de bon voisinage. Onze réunions se sont tenues à Lisbonne, et peu de pays ont eu autant de rencontres de haut niveau. Ces relations sont toujours au beau fixe sans discontinuer. On peut considérer le Portugal comme un pays voisin et ami. C’est un fait avéré. Le statut avancé du Maroc avec l’Union Européenne a été signé à Lisbonne. Nos politiques sont synchronisés. Et ce, quelle que soit la couleur du gouvernement en place. 

C: Pourquoi une conférence maroco-portugaise sur les axes stratégiques communs, puisque les relations sont si bonnes ? 
KB : Notre proximité géographique, comme nos relations bilatérales, sans nuages ne se traduisent pas en échanges humains et économiques. Nous devons être plus ambitieux dans ce domaine, d’autant plus qu’aujourd’hui, le pays est engagé dans de grands chantiers, sous l’impulsion de sa Majesté le Roi Mohammed VI. 

Le Portugal a un grand savoir-faire dans beaucoup de domaines qui nous intéressent. Cette conférence est d’autant plus importante qu’il faut des ponts entre nos deux pays, économiques plus que politiques. 

Il faut matérialiser les bonnes relations que nous entretenons par des échanges commerciaux et un partenariat économique renforcé. 

C: Justement, comment sont les relations économiques entre les deux pays? 
KB: Les exportations des entreprises portugaises vers le Maroc, sont en croissance constante, de l’ordre de 19% par an. Le nombre de touristes marocains vers le pays augmente de jour en jour, mais commercialement, cela ne reflète pas la proximité géographique de nos deux pays. La balle est dans le camp des opérateurs économiques. Il leur appartient de rechercher des opportunités d’affaires, de les réaliser.

C: Que préconisez-vous pour renforcer les échanges entre nos deux pays ? 
KB: Il faut travailler plus, dans un cadre bilatéral. D’autant plus que les entrepreneurs portugais sont à la recherche de partenaires marocains pour s’implanter dans le pays et développer des affaires avec le Royaume.  

C: Qu’en est-il des programmes éducatifs communs et d’échanges universitaires entre les deux pays ? 
KB: L’Université Nova a lancé un programme de partenariat avec 7 universités marocaines. Cela concerne une grande palette d’Universités: Université Mohammed V, celle de Rabat Agdal, de Kénitra, de Meknès, de Settat, de Casablanca et de Fès.  

C: Si des relais existent déjà, que prônez-vous pour développer les relations Maroco-portugaises?
KB: L’action diplomatique ne suffit pas en elle-même. Elle joue un rôle de facilitateur. Elle doit être accompagnée par des ONG, des hommes d’affaires et le monde universitaire. 

Ces différents pans de la société marocaine doivent travailler ensemble pour mettre en valeur le travail entrepris, le renforcer et le vendre. Il en est bien sûr de même pour les partis politiques et les syndicats, chacun dans son domaine et en direction de ses correspondants. 

 
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