Tribune

La faillite des révolutions arabes

Dix ans après, le printemps arabe présente un bilan plus  catastrophique que tous les régimes dictateurs réunis, depuis la nuit des temps. Des millions de réfugiés, des centaines de milliers de morts, des Etats en déperdition. Pourquoi est-ce que nous sommes face à un tel échec, des révoltes populaires qui se voulaient pacifiques revendiquaient la dignité et la liberté, et qui ont abouti à des déflagrations de sauvagerie, auxquelles on finit par s’habituer.

Pourquoi est-ce que le printemps des peuples, ou ce qui était présenté comme tel, s’est transformé en enfer, pour ces peuples qui se mettent à regretter le temps où les dictatures assuraient la réalité ? La première cause, ce sont les régimes absolutistes. Ils ne permettent aucune émergence d’une alternative même à l’âge de pousse et disqualifient les oppositions intégrées, à force d’exiger un alignement qui les met hors-jeu, dès lors que le peuple ne veut plus de doses homéopathiques, mais des ruptures.

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Les réseaux sociaux sont un facteur essentiel de la faillite des révolutions dites arabes. Ils ont constitué le moyen de mobilisation le plus fort. Mais ce n’est pas seulement une technique, c’est aussi une idéologie. Tout le monde peut cliquer. Donc, il ne doit pas y avoir de chef. Dans cette démocratie on exprime ses révulsions, pas ses propositions, son projet. Pas de chef, pas de projets, comment faire l’unité ?

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Enfin, toutes ces pseudo-révolutions, ces jacqueries, ont fini par annihiler toute expression de l’identité de ces pays. Ni Assad, ni les oppositions n’y peuvent rien. Ce sont les Russes, les Turcs, les Iraniens et les Américains qui mènent la danse. La paix en Libye aura lieu, si les sponsors le veulent. Ces nations n’ont plus la maîtrise de leur devenir. Ne pas sauvegarder l’Etat-nation a été un crime. Pourtant, que des populations se soulèvent pour réclamer la démocratie, la justice, la liberté, c’est ce qui a fait avancer l’humanité. La culture du penchant affectif a joué son rôle. Il n’y aura jamais de révolution sans direction révolutionnaire.

 
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