Blog de Jamal Berraoui

La fausse bataille de la mémoire ( Par Jamal Berraoui )

Pour la première fois de son histoire, le parlement marocain a honoré la mémoire de Mehdi Ben Barka en lisant la Fatiha, le jour anniversaire de son enlèvement. Tous les groupes parlementaires ont accepté la proposition et c’est juste. Au-delà des considérations partisanes, l’histoire apaisée devient commune, un patrimoine partagé.

Mais ce n’est pas l’avis d’un homme comme Choubani. Le ministre des relations avec le parlement a refusé une autre proposition de bon sens. Son département prépare un livre sur l’expérience parlementaire marocaine.

L’USFP propose qu’y soit inclus l’expérience du conseil consultatif, présidé justement par Ben Barka. Bien que n’étant pas élu, ce conseil avait de larges prérogatives législatives et devait rédiger la première constitution avant le clash avec le Palais.

Les chefaillons du PJD veulent imposer au pays une bataille mémorielle. Les militants de la gauche ne peuvent que réagir violemment à la tentative maladroite d’occulter leur expérience. Au lieu d’écrire l’histoire de manière objective, pour la transmettre aux jeunes, on en fait un objet de polémiques.

A ce petit jeu, les Islamistes font fausse route, ils ne peuvent que perdre. Face aux centaines de morts et aux milliers de tortures de la gauche qu’ont-ils donné ? Quelques mois de prison pour une dizaine d’entre eux, et un passage chez Kholti qui s’est transformé en stage de recrutement. Selon les aveux de l’ex tortionnaire.

Ne parlons des relations de la Chabiba, mère intérim, avec les services. Les anciens du Lycée Mohamed V, de Lahlou, de Moulay Abdellah sont tous témoins que ce sont les flics qui dirigeaient la Chabiba, ouvertement, pour casser des grèves, ou agresser un militant de gauche ou d’extrême gauche. L’affaire Omar Benjelloun met en lumière ces liens structurels. Le PJD insiste souvent sur le caractère putschiste de 1973. « Des erreurs dont nous sommes fiers » comme disait Omar, pour justifier la répression du Tihad.

L’USFP parce qu’il a choisi en 1990 d’ouvrir une nouvelle page, n’a jamais fait campagne contre le PJD, sur son passé, son origine, mais sur son projet (maintenant même Benkirane dit qu’il n’est pas Islamiste). Le travail de mémoire proposé n’est pas contre quelqu’un, mais une réécriture de l’histoire plus objective que des récits personnels étalés sur les journaux. En faisant de ce travail un enjeu politicien le PJD dérape. Il ne peut qu’y laisser des plumes.

 
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