L'édito

La fluidité de la décision est le problème [Par Jamal Berraoui]

La publication du rapport de la commission Benmoussa sur le Nouveau modèle de développement est un événement. Même si ce processus a pris beaucoup de retard, que ses conclusions peuvent susciter des débats, nous avons un document, qui ne s’impose ni à l’exécutif, ni au législatif, qui n’a aucune force constitutionnelle, mais qui nous interpelle tous.

Il pose un constat que le Roi a délivré devant le Parlement : la création de richesses est très mal répartie, « où va la richesse » avait demandé le monarque. Mais nous avons déjà eu le rapport du cinquantenaire qui était très pertinent  sur le constat très sincère sur les responsabilités des gouvernants. Qu’est-ce que nous en avons fait ? si peu de choses en réalité.

Nous pouvons espérer que le rapport Benmoussa élève le niveau du débat. Il n’est pas question de l’imposer à la classe politique. Chaque parti doit se prononcer en fonction de son référentiel, non pas sur le projet de développement, mais sur le projet sociétal. Si ce débat, à ce niveau, a lieu lors de la campagne électorale, alors la commission Benmoussa aura rendu un service immense au Maroc.

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« Un Etat fort, une société civile forte » c’est un beau slogan. Lors de son congrès en 1989, l’USFP  a produit un document intitulé « la démocratisation de l’Etat et de la société », qui posait la même thématique.

C’est quoi un Etat fort ? Cela ne peut être qu’un Etat de droit qui conforte la dignité des citoyens en leur assurant l’accès aux services publics, aux soins, à l’éducation, à la formation et à la protection contre les accidents de la vie. C’est aussi un pouvoir qui assure la sécurité de tout un chacun, cela ne peut pas être un Etat qui perpétue des situations de rente, qui a une justice peu diligente, imprévisible.

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L’Etat n’est pas fort par la capacité de ses forces de l’ordre, mais par l’adhésion de ses citoyens. Or celle-ci est en chute libre, parce que les constats faits, les objectifs fixés n’ont qu’une réalisation minimale.

Nous avons un système complexe où les choix, y compris Royaux, qui sont novateurs sont éludés, ou au moins dilués par la chaîne exécutive. Le Maroc réussira son émergence quand l’Administration appliquera les orientations en petit soldat. Ce n’est pas le cas, elle a son idéologie, ses choix et elle contourne les politiques.

 
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