Agroalimentaire

La R&D, cheval de bataille des opérateurs sucriers

Agro-alimentaire.  La filière veut couvrir 62% des besoins en sucre à partir des plantes locales d’ici 2020. La R&D devient donc un maillon indispensable de la chaîne pour atteindre cet objectif. Plusieurs investissements sont prévus pour renforcer ce volet dans les années à venir.
par Roland Amoussou

Pour faire face à la compétitivité internationale, et surtout faire de ce secteur, qui occupe une place stratégique dans l’agriculture marocaine, un secteur rentable, la recherche et développement est un ingrédient indispensable. Et les professionnels ont bien saisi cette réalité. «La R&D est un élément déterminant pour assurer l’avenir de la filière. Aujourd’hui, il est indispensable pour le secteur sucrier d’accéder aux nouvelles technologies pour améliorer son rendement et sa performance», souligne Ahmed Ouayach, Président de la Comader (Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural). «La Fimasucre et la Cosumar consacrent un budget énorme à la R&D, et par conséquent, la culture est devenue aujourd’hui de plus en plus technique», ajoute-t-il. L’enjeu, désormais, pour les professionnels est donc de réussir à mobiliser les efforts nécessaires, afin de pouvoir mettre la technologie au service du développement de la filière. «Mais, on a encore des difficultés dans ce sens » concède le président de la Comader, qui tient à préciser que la majorité des investissements en R&D dans le secteur, est assurée par les opérateurs eux-mêmes. Pour réussir le pari de la recherche et développement, la filière entend beaucoup s’inspirer des modèles de réussite, tels que la France ou encore le Brésil, qui est particulièrement reconnu sur le plan mondial dans ce sens. Rappelons que la Fimasucre, avec le soutien du ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime, a lancé un centre de recherche et de développement des cultures sucrières, totalement opérationnel depuis septembre 2014.

Transfert de technologie aux petits agriculteurs

Son objectif, est d’assurer la production des boutures certifiées au profit des producteurs et la réalisation d’un programme de recherche sur la betterave et la canne à sucre permettant de répondre aux problématiques posées. Par ailleurs, trois conventions ont été, de même, signées en 2014 pour renforcer le rôle de la recherche et développement dans la filière. Le but de ces accords signés par les principaux acteurs du secteur parmi la Fimasucre, la FNIS, le groupe Cosumar ou encore le groupe Crédit agricole du Maroc vise, entre autres, à promouvoir la recherche et développement dans le domaine des semences de la betterave à sucre et à introduire des variétés performantes adaptées aux conditions climatiques du Maroc. Sur les cinq dernières années, et grâce aux différents partenariats, on peut dire sans ambages que la R&D, dans le secteur sucrier marocain, a pris son envol (micro-irrigation, semences tolérantes à la rhizomanie, mécanisation, etc). «Il faut maintenant s’inscrire dans une logique de coopération internationale pour accéder aux nouvelles technologies, et ensuite réussir à transférer cette technologie à l’agriculteur », précise un expert. Toutefois, soulignons que la mise en œuvre du plan de développement de la filière a permis de réaliser d’importants progrès ces dernières années. Ainsi, le rendement de sucre à l’hectare est passé de 7 tonnes de sucre/ha en 2006 à 10 tonnes de sucre/ha en moyenne en 2015, sachant que certaines régions sucrières du Royaume dépassent les 11 tonnes de sucre/ha. Cela a contribué à améliorer de façon significative le niveau de revenu des agriculteurs. Celui des agriculteurs betteraviers est passé de 1720 dollars/ha en 2006 à 3100 dollars/ha en moyenne aujourd’hui. De même, la production nationale de sucre est passée de 439.500 tonnes en 2006 à 510.000 tonnes en 2015, soit une progression de 30%. Aussi, le développement de la mécanisation de l’ensemble des étapes constituant le train technique et le processus de production a connu un bond significatif ces dernières années.

La mécanisation en marche

Tout le programme de mécanisation de la filière a été facilité par le préfinancement assuré par le groupe Cosumar, à hauteur de 3 millions de dollars par an. Ainsi, l’interprofession a réussi à mécaniser, en sept ans, la quasi-totalité de certaines opérations par exemple. Notons, que la mécanisation de la récolte a atteint un taux de 25% pour la betterave et 40% pour la canne à sucre en 2015. Par ailleurs, soulignons que sur le plan industriel, le groupe Cosumar dirigé par Mohamed Fikrat, a investi 600 millions de dollars sur la période 2006-2015. Cet investissement a servi à augmenter les capacités de l’ensemble des sucreries, et notamment celle de la raffinerie de Casablanca. Pour rappel, la filière sucrière est totalement intégrée de l’amont à l’aval.  Elle couvre une superficie totale de 80.000 hectares (60.000 ha pour la betterave à sucre et 20.000 ha pour la canne à sucre), avec 80.000 producteurs, notamment de petits agriculteurs, et bénéficie d’un contrat-programme depuis 2008. Afin d’accélérer la cadence et de capitaliser sur les réalisations de ce contrat-programme, une feuille de route à l’horizon 2020 a été mise en place. Elle vise l’extension progressive des superficies réalisées annuellement en cultures sucrières pour atteindre 105.700 ha, dont 77.500 ha de betterave à sucre et 22.900 ha de canne à sucre. Le rendement en sucre à l’hectare devra désormais atteindre 10,8 tonnes pour la betterave à sucre et 9,6 tonnes pour la canne à sucre. Cette feuille de route vise, également, l’augmentation du taux de couverture des besoins en sucre à partir de la production nationale pour atteindre 62% en 2020. Précisons également, que la feuille de route 2013-2020 prévoit un investissement de 5 milliards de DH dans la filière et une contribution de 2 milliards de DH destinée aux agriculteurs.

 
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