Immobilier

La relance, mais pas tout à fait

Si certaines régions comme Tanger, Marrakech et Tadla connaissent une reprise, Rabat commence à sentir un certain essoufflement là où Casablanca fait encore de la résistance. Cela s’est ressenti dans les réalisations des sociétés immobilières. Le secteur fait visiblement face à une période de consolidation qui ne peut être que bénéfique.

A

lors que dans tous les secteurs se profile une certaine reprise de l’activité économique, il semble que l’immobilier, secteur entrainant par excellence, traine encore des pieds. En effet, la dernière publication de l’indice des prix des actifs immobiliers de Bank Al Maghrib et de la Conservation foncière et du Cadastre, concernant les deux premiers trimestres, faisait état, d’un certain tassement, voire d’une baisse à fin juin.

«Après une croissance annuelle de 0,5%, la Banque Centrale, les prix des biens immobiliers ont connu une diminution de 0,2% au deuxième trimestre 2013». Néanmoins, l’évolution est loin d’être uniforme tant en ce qui concerne le type de biens immobiliers qu’en ce qui est de la situation géographique. Puisque «cette baisse recouvre les replis respectifs de 3,7% et 0,8% des prix des actifs commerciaux et fonciers, ainsi que l’accroissement de 0,4% de ceux des biens résidentiels», souligne toujours la note de Bank Al Maghrib. Il faut également noter qu’il y a eu un changement de tendance dans le deuxième trimestre, puisque, «en glissement trimestriel, les prix des actifs immobiliers ont accusé une baisse de 0,6% après une hausse de 0,3% au premier trimestre 2013».

En ce qui concerne les régions, les plus touchées ne sont pas celles auxquelles on serait tenté de penser en premier. En effet, les villes qui étaient fortement touchées par la crise ont entamé une certaine reprise, nourrissant l’espoir d’une imminente embellie. En glissement annuel toujours, «les hausses les plus importantes ont concerné les régions de Marrakech-Tensift-El Haouz, Tanger-Tétouan et Tadla-Azilal», c’est-à-dire celles là-même qui ont subi les plus fortes baisses consécutives à la phase de spéculation. L’espoir peu donc renaître, même s’il faut encore se montrer prudent pour le moment et ne pas tomber dans la même euphorie qui avait donné lieu à une véritable bulle immobilière.

L’autre constat, c’est que parmi les villes qui avaient résisté à la crise, certaines commencent à connaître une certaine correction. C’est le cas notamment de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër, mais aussi des Doukkala-Abda et surtout de Chaouia-Ouardigha. Quant à Casablanca, si elle résistait encore jusqu’ici, le deuxième trimestre est marqué par une baisse qui reste néanmoins limitée à 0,4%. 

En revanche, à Agadir, l’heure est à la reprise sur le deuxième trimestre, alors qu’entre juin 2012 et juin 2013, la capitale du Souss marque une baisse non négligeable de 1,9%.

Les grandes villes sortent du lot

Quelle que soit l’évolution observée, il y a néanmoins une lueur d’espoir provenant de l’augmentation des transactions dans la plupart des grandes villes, signe que le marché reste actif. Ainsi, malgré l’évolution contrastée dans les différentes villes, les ventes au niveau de Tanger ont augmenté de 19,2%. Agadir, Casablanca et El Jadida ont vu leurs transactions hausser respectivement de 12,9%, 10,1% et 5,6%. Alors que pour les autres villes retenues au niveau de l’échantillon de la Banque Centrale, elles ont accusé des diminutions variant de 2,9% pour Oujda à 37,9% pour Méknès. «La répartition fait également ressortir la prépondérance des transactions réalisées sur la ville de Casablanca à hauteur de 28%, suivie par Tanger et Marrakech avec respectivement des parts de17,7% et 12,3% de l’ensemble des ventes», souligne la note de conjoncture sur cet indice immobilier.

A l’échelle des sociétés cotées à la bourse de Casablanca, également la tendance à la reprise n’est pas confirmée, comme en témoignent leurs comptes semestriels. D’abord concernant Addoha, les livraisons ont porté sur quelque 8.636 unités au titre du premier semestre 2013 contre 9.239 unités pour la même période 2012, dont 96% de logements sociaux et moyen standing. Cependant, cette baisse du nombre a été largement compensée par le mix prix qui est sans doute dominé par des produits à plus forte valeur ajoutée. En effet, l’entrée en vigueur des dispositions fiscales concernant la classe moyenne, a impacté positivement ce segment qui génère plus de revenu. Au final, le chiffre d’affaires semestriel d’Addoha a augmenté de 3,3% pour atteindre 3,19 milliards de dirhams.

Alliances, dont l’activité est beaucoup plus diversifiée et donc supposée moins exposée aux fluctuations, n’est pas mieux lotie. En effet, son chiffre d’Affaires semestriel a connu un repli de 5,8% à 1,8 milliard de dirhams. Cette baisse s’explique notamment par le retard dans le déstockage du projet Riad Errahma 2 à Casablanca. Selon la direction d’Alliances, ce décalage dans le segment logement économique et intermédiaire serait lié aux difficultés d’éviction de certains occupants.

Ma bonne nouvelle est pourtant venue du segment haut standing qui a continué sa reprise. En effet, durant le premier semestre 2013, le segment resort golfique et résidentiel, c’est-à-dire l’immobilier de luxe, a représenté plus de 15% de l’activité, contre seulement 4% au premier semestre 2012.

En somme, même si la reprise n’est pas effective, on peut constater que le secteur fait de la résistance ; les spécialistes parlent de consolidation à l’échelle nationale. Et certaines régions commencent à bénéficier d’une réelle reprise et, il s’agit notamment des zones qui ont un poids très important, tous segments confondus.

Il reste néanmoins que des corrections se font concernant l’immobilier commercial ainsi que le foncier pour des raisons diverses. La fiscalité du foncier non bâti n’est pas étrangère à la baisse des prix des terrains nus. Et visiblement, l’Etat a atteint son objectif en incitant les détenteurs de terrains à vendre, plutôt qu’à spéculer. 

 
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