Interview

«La sensibilité de nos performances par rapport aux variations de taux de change est très forte»

L’OCP vient de lancer sa salle de marchés pour gérer, entre autres, ses liquidités et ses risques financiers.  
«10 centimes de variation défavorable du dollar face au dirham ont un impact direct sur notre résultat net de 500 millions de DH».

Challenge. Vous êtes la première entreprise à avoir créé sa propre salle des marchés. Quels sont les éléments les plus déterminants qui vous ont poussés à vous lancer dans ce projet? 
Mohamed El Hajjouji. Compte tenu des enjeux liés à l’importance des flux financiers que nous gérons, il nous est apparu nécessaire de disposer d’un outil performant à même de nous permettre de mieux sécuriser nos flux, d’améliorer nos performances financières et maitriser les risques de nature financière.

C’est pour répondre à ces différentes attentes que nous avons décidé de créer une salle des marchés dont l’une des ambitions est d’être l’unique interface des entités du Groupe avec le marché financier.  

Mohamed El Hajjouji,
directeur exécutif en charge du Pôle finance et supports de gestion d’OCP.

C. Mettre en place une telle salle des marchés supposait plusieurs défis à relever. Comment la réalisation s’est-elle déroulée?
M.E.H. Effectivement, c’est un projet complexe avec de multiples aspects dont le volet logistique et agencement ne constitue qu’une petite partie. Nous avons, lors de ce projet revisité plusieurs aspects liés à notre gestion de la trésorerie et du cash management. Je citerais à titre d’exemple, la définition ou l’actualisation de plusieurs politiques, les process  les procédures, l’organisation etc.… je précise que l’aspect technologique et système d’information est très important , nous avons cherché à nous doter de technologies de pointe nous permettant d’améliorer la productivité administrative de nos services tout en cherchant à atteindre un niveau de sécurité plus élevé. Nous nous sommes également entourés de consultants spécialisés et avons recruté des compétences tant sur le marché marocain, qu’international ayant une expérience approfondie de ces questions. 

C. Après quatre mois de fonctionnement, quelle évaluation faites-vous de ce projet de salle des marchés? Qu’est-ce que cela change-t-il réellement?
M.E.H. Nous sommes très satisfaits et nous pensons que le processus d’optimisation va s’améliorer au fur et à mesure de la montée en charge de cette salle. Cette mise en place nous a permis de mieux gérer nos comptes bancaires, d’être plus réactifs en termes d’anticipation et de prise de décisions.

Par ailleurs, nous estimons qu’une place financière moderne, c’est aussi des pratiques financières à même de professionnaliser davantage les relations entre les différents acteurs et de les mettre au même niveau que les standards internationaux. Ce projet rentre dans ce cadre et ambitionne de contribuer modestement à cette modernisation. 

C. Quel est le poids financier de l’OCP au sein du marché monétaire ?
M.E.H. Comme vous le savez, nous intervenons sur différents compartiments du marché financier. Je citerais le marché monétaire, le marché des changes… Notre activité se traduit par la réalisation d’un certain nombre d’opérations qui amplifient les flux d’exploitation et ce, dans un rapport de 1 à 10. Ceci veut dire que chaque fois que nous réalisons 1DH de flux d’exploitation, les flux financiers correspondant sont de 9 DH.

Par ailleurs, la sensib

C. Certains de vos gains peuvent correspondre à court terme à un manque à gagner de vos partenaires banquiers. Comment la communauté financière a-t-elle accueilli votre initiative?

M.E.H. Une salle de marchés d’une entreprise ne se substitue pas à une salle de marché de banque. C’est pour mieux travailler ensemble et c’est véritablement un projet win win. A titre d’exemple, lorsque nous adoptons le protocole SWIFT pour le paiement de nos fournisseurs, nous améliorons notre propre productivité administrative, mais également celle des banques. Lorsque nous dématérialisons la réception de nos relevés et autres pièces bancaires, nous réduisons notre coût de traitement pour la banque, etc.

Par contre, ce que nous attendons, c’est que ces gains de productivité dont nous sommes à l’origine, nous soient répercutés d’une manière ou d’une autre.
Propos recueillis par 

 
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