Blog de Jamal Berraoui

La signification du 14 août

Le Maroc avait accepté le partage avec la Mauritanie, comme une solution évitant de multiplier les ennemis. Sur le plan militaire, les FAR (Forces Armées Royales) combattaient sur les deux fronts, parce que l’armée alliée n’avait pas les moyens de se défendre. La bataille de Nouakchott qui était soldée par la mort d’El Ouali, fondateur du Polisario, a été menée par les brigades légères de sécurité « BLS » marocaines. Après le coup d’Etat pro-algérien, la Mauritanie a choisi de se retirer, le Maroc a récupéré le territoire.

Cet épisode est utilisé par nos adversaires qui voient dans l’acceptation du partage une fissure sur l’attachement à la thèse de l’intégrité territoriale. L’Algérie avait même proposé au secrétariat général de l’ONU le partage selon le même principe avec le Polisario cette fois. Proposition qu’elle a retirée quelques jours après.

Feu Hassan II en récupérant les territoires abandonnés par la Mauritanie, donnait à la terre du Sahara sa vraie dimension. Au-delà de l’histoire et conformément à son poids il y a la stratégie. Le Maroc ne peut accepter d’être coupé de ses racines africaines, par un Etat croupion affilé à l’Algérie. C’est aussi simple que cela même si la communication officielle ne le dit pas aussi clairement.

Les grandes puissances, les USA en tête, ne veulent pas d’un sixième Etat au Maghreb. Un récent rapport du Pentagone l’écrit noir sur blanc pour des raisons sécuritaires. Non viable, un tel Etat serait un foyer de turbulence incessante, mettant en péril les équilibres de toute la région. Ceux comme Fouad Abdelmoumni mettent à chaque fois en avant le coût du conflit du Sahara pour inciter le Maroc au retrait ou à une certaine souplesse n’ont pas compris le fond du problème. Ce n’est pas une question de frontière mais d’existence. Contrairement à la propagande algérienne, la récupération du Sahara est effectivement coûteuse pour le budget de la Nation. Le Maroc coupé de l’Afrique par un simulacre d’Etat est une presqu’ile compressée par trois voisins au Sud, l’Algérie, l’Espagne et l’Etat croupion. C’est la fin du Maroc tel il se vit dans nos consciences collectives. Aucune Nation n’accepterait d’elle-même de rabaisser son rôle, son influence dans son environnement pour des calculs d’épicier. Les milliards de dirhams, les points de croissance  prétendument perdus, argument d’Abdelmoumni, ne pèsent rien du tout face à la question stratégique. Le Maroc est en situation défensive, non seulement pour des questions de légitimité historique mais aussi parce qu’il refuse la perspective de presqu’ile. Le Maroc, de Tanger à Sidi Ifni, avec les performances économiques les plus fortes, est un Maroc condamné à être vassalisé. Ni notre histoire, le plus vieil Etat nation, ni notre ambition, ne nous permet d’accepter une telle perspective. L’Algérie qui vient encore d’annoncer des excédents records en dizaine de milliards de dollars parle de narcissisme historique. Je le lui concède. Nous n’avons pas attendu la décolonisation pour constituer une Nation. Hassan II avec tous ses torts avait la qualité pour respecter cette histoire. C’est le sens du 14 août.

 
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