Grande distribution

Label’Vie Carrefour, performant mais mauvais payeur !

L’opérateur de la grande distribution a le vent en poupe affichant des indicateurs en constante progression. Seul bémol, il est fiché parmi les mauvais payeurs.

Le groupe Label’Vie confirme sa bonne santé. En effet, l’année 2019 aura été indéniablement un excellent millésime pour celui dont plus du tiers de la marge proviendrait, selon des sources avisées, de la vente de boissons alcooliques ! A commencer par l’entrée dans le club très fermé des acteurs économiques qui font plus de 10 milliards de dirhams de chiffres d’affaires. Une consécration qui fait suite, pour le numéro deux de la distribution moderne au Maroc, à une croissance pétillante de plus de 15% ayant hissé les ventes consolidées à 10,4 milliards de DH.

Et les bonnes nouvelles ne s’arrêtent pas là, puisque le groupe coté en bourse a amélioré au passage aussi bien sa marge opérationnelle (8,4% contre 7,8% en 2018), que le coût et le poids de son endettement avec un ratio charges d’intérêt/chiffre d’affaires qui a reculé à 1,3% (contre 1,5% l’année précédente). Au final, cette performance que le marché boursier a manifestement anticipée depuis plusieurs mois avec un cours de l’action qui a bondi de 63% depuis le 1er janvier 2019, érige les détenteurs du titre Label’Vie parmi les actionnaires les plus choyés de la bourse casablancaise avec, en outre, une hausse sensible du dividende par action à distribuer bientôt (+7% à 56,4 dirhams). Est-ce le lot de toutes les parties prenantes du groupe fondé et dirigé par Zouhir Bennani ? Que nenni. Car les fournisseurs contraints de passer par les fourches caudines pour placer (et garder) leurs produits dans les rayons du partenaire exclusif du français carrefour au Maroc, doivent attendre en moyenne quelque 142 jours pour être payés (ratio de fin d’année des Dettes fournisseurs par rapport aux Achats HT) ! Soit, et de loin, un des pires niveaux pratiqués dans le secteur de la GMS au Maroc.

Lire aussi : Affaire BIM : les leçons turques

Heureusement que le cadre légal au Maroc en matière de délais de paiement inter-entreprises est en voie vers un nouveau resserrement inédit (incluant de lourdes sanctions) afin de contraindre les mauvais payeurs à respecter la loi. Car, croire que les plus vulnérables (i.e la TPME qui a la malchance d’être dans le BtoB) seraient épargnés par un simple élan de bienveillance et de responsabilité de la part de leurs clients « tout-puissants », qu’ils soient publics ou privés, serait aussi utopique que de prétendre à moraliser le capitalisme par les bons sentiments… des patrons ! 

Lire aussi : EEP : Les délais de paiement reculent à 42 jours

 
Article précédent

Le leader mondial JLL décrypte le marché casablancais

Article suivant

Covid-19 : Le Maroc annonce un troisième cas de contamination