Placement

L’activité de gestion collective s’essouffle

Après une année 2016 euphorique marquée par une collecte additionnelle de 46 milliards de DH, l’activité de gestion collective au Maroc traîne le pas en ce début 2017 .

En effet, les encours des OPCVM (Organisme de Placement Collectif en Valeurs Mobilières) se sont établis à 375,6 milliards de DH à fin avril 2017, soit un recul de 1% par rapport à fin 2016. Sur un telle toile de fond, la hiérarchie de l’industrie de gestion des OPCVM demeure inchangée avec Wafa Gestion qui revendique 25,7% de parts de marché, loin devant ses poursuivants immédiats que sont CDG Capital Gestion, Upline Capital Management et BMCE Capital Gestion, dont les parts de marché oscillent, tous les trois, entre 13% et 14%. Toutefois, cette stabilité du podium s’est accompagnée par une évolution fortement contrastée entre, d’une part, les poids lourds de la profession, qui ont été les grands perdants du mouvement des quatre premiers mois de l’année en cours et, d’autre part, les acteurs de taille moyenne et petite. Aussi, à l’exception de la filiale de CDG Capital qui améliore ses encours de 5% en dépassant pour la première fois la barre de 50 milliards de DH, les autres gestionnaires de premier rang ont connu une hémorragie en termes de collectes avec des dégonflements de près de 6 milliards de DH chez le leader Wafa Gestion (dont les encours repassent sous les 100 milliards de DH), de 4,4 milliards pour BMCE Capital Gestion et près de 2 milliards de DH pour CDG Capital Gestion. En face, les opérateurs indépendants (non adossés à des groupes bancaires ou assurantiels) ont presque tous cartonné, à commencer par Capital Trust Gestion et Marogest qui ont bonifié leurs encours respectifs de 36% (à 4,3 milliards de DH) et 15% (à plus de cinq milliards de DH).

Il faut rappeler que l’année 2017 fait suite à un cycle de forte croissance qui a duré trois ans et pendant lequel les encours, toutes catégories confondues (actions, obligations, diversifiés…), se sont améliorés en moyenne de 15% par an. Aussi, après un tel rallye qui s’inscrit sur un fond de « marchéisation » de l’économie marocaine, les observateurs s’attendent à une année moins faste pour l’industrie de la gestion d’actifs qui risque de connaitre une certaine pression sur le rythme des collectes avant de repartir à la hausse en 2018. Un tel tassement s’expliquerait par le redémarrage de la machine du crédit (les encours du crédit bancaire affichent une croissance de 4,5% à fin mars 2017 et confirment ainsi leur redressement du deuxième semestre 2016, ce qui réduit les liquidités dans les acteurs bancaires), mais également par la baisse de la capacité d’épargne des acteurs non financiers qui préfèrent plutôt investir et/ou s’équiper dans une période de baisse historique des taux d’intérêts. Mais avec l’entrée en vigueur progressive de 2017 à 2019 de la réforme du régime des retraites du système public marocain (avec un relèvement des cotisations de l’État et des fonctionnaires plus prononcé au-delà de 2017), les encours des OPCVM devront repartir significativement à la hausse au cours des deux prochaines années.

 
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