Sport

L’ADN et la DTN

Question de points de vue

Il s’appelle Osian Roberts. Il nous vient du Pays de Galles, la FRMF l’a nommé au poste de directeur technique national (DTN) en remplacement de Nacer Larguet, parti sans demander son reste après un «audit» commandité par le président Fouzi Lekjaa.

Ce dernier n’avait pas sourcillé pour dire, en pleine conférence de presse, qu’on pouvait se demander ce que produisait la DTN disposant de moyens et de salaires énormes, pour des résultats peu probants. L’audit autour de la contestée DTN, alla sans surprise, dans le sens désiré par Si Lekjaa et ainsi le gallois Roberts arriva.

Après avoir pris ses marques, réglé ses contrats, et certainement jaugé l’ampleur de sa tâche, mister Osian Roberts, donna un gigantesque coup de pied dans la fourmilière technique du foot marocain. Il dénonça, face à la presse nationale qu’il rencontrait en conférence très officielle, « la pauvreté en termes de compétences techniques et physiques des cadres nationaux», et qu’en conséquence sa mission à la tête de la DTN risque fort «d’être compliquée et de longue haleine».

Bon, comme ça c’est clair dès le départ.

Le nouveau « boss » de la DTN s’est déjà désisté de ses responsabilités et donc il met entre parenthèses le succès de sa mission. 

Si les résultats continuaient de faire défaut, ce qu’à Dieu ne plaise, et bien on serait déjà averti que rien dans le football marocain ne permet la performance.

Les déclarations du DTN venant après celles de Vahid Halihodzic qui suffoquait de voir le niveau très bas du championnat national, si elles ont blessé la fierté et l’orgueil des supporters qui ont vertement réagi sur les réseaux sociaux, elles auraient dû pousser les responsables fédéraux à une vraie introspection et même à une autocritique. 

Du genre si notre foot marche aussi mal à quoi bon alors importer à gros frais des techniciens qui, malgré des salaires juteux se voient forcés d’annoncer leur impuissance.

Oui, voilà une question que l’on pourrait se poser, mais il n’y a pas eu de réponse pour l’instant.

C’est quand même bizarre de nous voir dénoncer comme des bons à rien, qui n’ont rien fait de bien depuis des années. 

Sans douter, un seul instant, des qualités et compétences de Wahid et de son collègue le gallois Osian, on aimerait tout de même qu’ils nous disent comment ils comptent honorer leur mission, (et leurs salaires et avantages) avec des bras cassés comme nous ? S’attendent-ils à un miracle ? Ou bien cherchent-ils à gagner du temps en nous accablant pour mieux justifier leur éventuel échec? Se préparent-ils à nous dire «on vous l’avait bien dit que vous étiez des nullards » avant de repartir vers d’autres horizons et de nouvelles aventures ?

Comment se fait-il que l’on accepte cela, serait-on devenu insensible, par la force de tous nos ratages, à toutes les vexations ?

Les messieurs qui viennent au Maroc pour y travailler ne sont pas payés pour seulement dénoncer nos faiblesses, même si faiblesses il y a.

Ils sont ici pour les corriger et laisser une trace de leur travail, si travail il y aura.

Ils ont parlé librement, peut-être même franchement, on leur dit merci, mais on ne va pas tendre l’autre joue.

On va juste leur rappeler que notre football, si misérable et faible qu’il puisse être, a son empreinte génétique, un ADN qui a produit de remarquables footballeurs. On ne fera à personne l’insulte de les citer. Il y en a des centaines. Et même des méconnus qui sont passés entre les mailles du filet.

Et puis, n’oublions pas que le foot est un sport merveilleux, universel qui, sans trop de jargon technico-tactiquo-démago, de sportif du dimanche, peut produire des résultats extraordinaires.

Prenez entre mille exemples le seul match du Raja contre le Réal de Madrid à Sao Paulo en 2000, Coupe du monde des clubs où un «Chaïba» (alias Bouchaïb Lambarki venu de Sidi Bernoussi) et le longiligne et magnifique Moustawdaa, ont mystifié les stars de la Maison Blanche. Hélas, juste après, le Raja a pris une raclée face au Hilal saoudien mené par un superbe Bahja, l’enfant prodige de Marrakech. Tiens Marrakech, la ville de naissance de Fontaine, fameux buteur qui a épaté le monde entier.

Alors en un mot comme en cent, messieurs les coachs bardés de diplômes et d’expérience, travaillez en silence ou laissez-nous nous débrouiller avec ce que nous avons. Et ça sera fort bien, comme a su si bien le faire le regretté Faria qui a fait des résultats énormes en croyant simplement aux valeurs de ses Timoumi, Khalifa et autres Khaïri.

Sa devise ? Son crédo était d’une simplicité lumineuse « Jougador bonne, jouer tranquille, quoilifiki » et le tout avec un accent portugais inimitable. Si inimitable que, depuis, personne n’en a pris de la graine. 

Espérons que Vahid et son compère seront touchés par cette philosophie faite de sagesse et de confiance. Confiance en les autres qui passe d’abord par de la confiance en soi.

Messieurs Vahid et Roberts, on vous demandera juste de faire confiance.

Et la moitié du chemin sera déjà parcourue, au lieu de perdre du temps sur des constats qui, pour être vrais, ne constituant  au fond, que des boulets psychologiques.

 
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