Dossier

L’agriculture marocaine, Modernisation, intégration et fiscalisation

Personne ne peut  nier les avancées de notre secteur agricole dans beaucoup de ses composantes, ni les défis à relever pour concilier les objectifs du développement agricole avec ceux encore plus grands et plus vitaux du développement rural.
par Driss Alandaloussi

Le domaine de la production agricole est très lié à la structure de la propriété foncière, à la relation à la terre, aux pouvoirs, à l’état de l’école dans le monde rural, à la qualité des services publics dans nos villages et à la culture de l’engagement dans des projets structurants. Le Plan Maroc Vert s’est défini comme une rupture avec le passé et comme une vision qui veut créer une relation durable et équitable entre deux mondes et deux réalités de notre secteur agricole. Agrégation et agriculture solidaire sont deux concepts qui ont investi les champs et portent non seulement la marque d’un schéma « technique »  ou « d’experts » mais un dessein politique qui reflète une conscience profonde  de l’importance des équilibres sociaux dans l’équilibre politique global. Intégrer l’agriculteur moyen et petit dans le cycle de l’émancipation par la valorisation du travail de la terre, est aussi un ciment de l’unité nationale dans sa très profonde signification.

Le Plan Maroc Vert et la vision stratégique

Le Maroc s’est fixé des objectifs ambitieux au niveau de toutes les filières de son agriculture. En jeu, l’augmentation de la valeur de la production agricole et son corollaire un PIBA qui dépasserait les 120 milliards de DH, une contribution de tous les acteurs à la valorisation des produits de la terre et une amélioration des revenus des agriculteurs en général et des petits et moyens agriculteurs en particulier. Les efforts budgétaires, fiscaux et institutionnels qui ont été mobilisés sont grands et les premiers résultats nous font constater un accroissement de l’investissement privé entrainé par les aides de l’Etat, via le Fonds de Développement Agricole (de 1,5, milliard de DH en 2008 à 15 milliards de DH en 2013) et des augmentations successives des périmètres irrigués  qui ont atteint en 2013 une superficie de 1,640 million d’hectares. L’attente de l’ensemble de ces efforts est l’amélioration  durable des revenus et partant, du  pouvoir d’achat de ceux qui travaillent la terre. Celle-ci ne peut qu’élargir  progressivement l’assiette fiscale nationale. Le législateur a mis en place un système de fiscalisation qui concerne les exploitations agricoles et a délibérément gardé les petits et moyens agriculteurs dans les champs de l’exonération.

Une déclaration avant le 1er avril

Le présent dossier  tente d’analyser le début de la réintégration des grandes exploitations dans le giron fiscal. Les déclarations portant sur le revenu global au titre de l’impôt sur le revenu «  revenus agricoles » doivent être déposées avant le 1er avril. Seules les exploitations agricoles ayant réalisé un chiffre d’affaires égal ou supérieur à 35 millions de DH sont assujetties à cette formalité. Les autres tranches inférieures à ce seuil, seront intégrées durant les quatre prochaines années jusqu’au seuil de 5 millions de DH.
Challenge compte publier  un dossier spécial sur le Plan Maroc Vert, à l’occasion du SIAM  qui se tiendra du 28  Avril au  3 mai  2015. C’est un dossier qui se penchera sur l’évaluation de ce grand plan. 

 
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