L'édito

L’Algérie complètement isolée ! [Par Jamal Berraoui]

La Commission européenne a répondu sèchement à l’annonce de suspension du traité d’amitié et de bon voisinage qui liait Alger à Madrid. Les termes choisis relèvent du lexique diplomatique de conflit. Laâmamra, diplomate de carrière, ne pouvait pas s’attendre à une autre réaction en optant pour le chantage face à l’Espagne, et donc, à l’Union européenne, principal partenaire économique de l’Algérie. Mais le ministre algérien a-t-il la main sur la diplomatie ?

Le Sommet de la Ligue arabe, pourtant prévu en avril dernier, est au point mort, les pays du Golfe refusant que l’Algérie introduise le dossier du Sahara, alors que depuis 45 ans un accord tacite existait pour que ce conflit factice n’ajoute pas de la division aux divisions arabes. Le Parlement des pays d’Amérique latine et des caraïbes soutient l’approche politique du Maroc et y voit une proposition crédible pour la résolution du conflit. Il s’agit pourtant d’une institution dont plusieurs pays membres sont proches de l’Algérie.

En Afrique, la débandade de la diplomatie algérienne fait pitié à voir. Le Nigéria avance sur le dossier du gazoduc à grands pas. C’est un projet qui concerne 14 pays et qui concurrencera le gaz algérien, au moment même où l’Union européenne veut se défaire de la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie.

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Chaque semaine, la liste des consulats ouverts dans les provinces du sud s’allonge, les accords de partenariat se renforçant et le Maroc, pont entre le continent Africain et l’Europe, n’est plus un constat géographique, mais une réalité économique vivante. De tout cela, la diplomatie algérienne n’a cure. Elle se complait dans son isolement parce qu’elle ne répond plus qu’à un seul impératif, celui de la propagande interne.

Depuis le Hirak, les généraux sont en perte absolue de légitimité. La nomenklatura militaire a été très affaiblie par la lutte ouverte entre les renseignements, la DRS et l’Etat-major représenté par feu El Gaid et soutenu par le clan Bouteflika, qui avait une revanche personnelle à prendre sur la DRS, responsable de son exil pendant une décennie. Le Hirak a transformé ces divisions en séisme. 

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La nomenklatura pense qu’elle détient une carte maîtresse avec l’ennemi extérieur. L’Union européenne, la Ligue arabe, l’Union Africaine, les pays d’Amérique latine, tout ce beau monde serait manipulé par le Maroc pour s’allier contre l’Algérie des martyrs. C’est le discours quotidien tenu par les officiels Algériens. Ce mensonge est condamné par les faits. L’isolement d’Alger est une résultante de l’essoufflement du régime en place.  

 
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