Environnement

L’Amazonie en feu : une affaire de souveraineté étatique ?

Le droit international a été conçu pour protéger la communauté internationale contre les menaces trans-frontalières qui pèsent sur l’ensemble des Etats et des peuples du monde.

L’Amazonie se situe à 63% au Brésil. C’est la région de l’Amérique du Sud, dominée par la forêt tropicale et couvrant 6,7 millions de km² dans neuf pays ou territoires dont le Brésil (63%), le Pérou (10%), la Colombie (7%), la Bolivie (6%), le Vénézuela (6%)… Avec le bassin de l’Amazone, la superficie totale atteint environ 7,3 millions de km².

Nous sommes face à la plus grande forêt dans le monde, représentant 50% des forêts tropicales de la planète Terre, produisant 15% de l’eau des rivières et constituant un frein au changement climatique grâce à l’absorption du CO2. C’est aussi un milieu naturel où vivent 10% de toutes les espèces animales du monde et plus de 40 000 espèces végétales. 95 espèces de fourmis vivent sur un seul arbre amazonien, alors que 105 espèces vivent dans l’ensemble de l’Allemagne. C’est dire l’extrême richesse de la biodiversité dans cette immense forêt.

Actuellement, la déforestation est la principale menace qui pèse sur l’Amazonie. Chaque année, 2,27% de la forêt amazonienne disparait, et, déjà, plus de 20% de la superficie a été détruite, à cause de l’activité humaine.

Depuis le début du mois de juillet de cette année, les incendies n’ont pas cessé de se propager jusqu’à soulever l’inquiétude au niveau mondial.

Est-ce une affaire de souveraineté relevant exclusivement de l’Etat du Brésil ?

Déjà, depuis longtemps, le Fonds mondial pour la nature (WWF) avait lancé un programme pour sauver l’Amazonie, le « Living Amazon Initiative », pour trouver des alternatives avec les gouvernements, les entreprises et les communautés locales, en vue de protéger la biodiversité dans cette région du monde, considérée comme le « poumon de la planète Terre ». Car sa destruction aurait irrémédiablement des conséquences au niveau planétaire. De même, l’UNESCO y a créé des « réserves de biosphère », et a inscrit le parc national de Manu, le parc national Noel Kempff Mercado et le complexe de conservation de l’Amérique centrale sur la liste du patrimoine mondial. D’après les scientifiques, l’Amazonie représente plus de 50% de l’air de la planète Terre.

Face aux incendies qui se sont multipliés cet été, Antonio Guterres, Secrétaire Général de l’ONU, a déclaré être « profondément préoccupé », pour ensuite affirmer que « nous ne pouvons accepter davantage de dégâts sur une source majeure d’oxygène et de biodiversité ». Certains chefs d’Etat, comme le président Macron, rejoindront cette déclaration, ce qui a transformé la situation en Amazonie en une véritable crise internationale. Le président d’extrême droite au Brésil, Jair Bolsonaro, a riposté en qualifiant les propos de Macron de « mentalité colonialiste ». Pourtant la sonnette d’alarme a été tirée par de nombreux acteurs non gouvernementaux parmi lesquels des scientifiques et des ONG dont la crédibilité est reconnue.

Ainsi, l’Institut brésilien de recherche spatiale a pu, en un mois, recenser pas moins de 75.300 feux de forêt. Pour les organisations écologistes, ces incendies sont directement liés à la déforestation. De nombreuses célébrités telles Ronaldo et Madonna, ont rejoint ce mouvement de contestation. Greta Thunberg a appelé à une manifestation à travers le monde. Une pétition internationale pour « stopper l’incendie » a déjà recueilli plus de 2,5 millions de signatures.

Alors que Jair Bolsonaro, président du Brésil, climatosceptique, se cache derrière la théorie du complot, 118 ONG se sont élevées contre son « irresponsabilité » et ont appelé à faire pression sur Brasilia. « La Communauté Internationale  doit participer à ce rôle de contrôle du gouvernement Bolsonaro, prendre des mesures et soutenir la société civile de ce pays qui est en état d’urgence aujourd’hui ».

L’impact des incendies en Amazonie a incontestablement une dimension mondiale, bien au-delà des frontières étatiques physiques du Brésil. De ce fait, la Communauté Internationale, à travers l’ONU, ne peut pas rester indifférente face à des menaces pesant sur l’humanité toute entière, voire sur toutes les espèces vivantes, celles d’aujourd’hui et  de demain.     

 
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