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L’Amérique quitte l’Afghanistan pour mieux y rester

Non, cela n’a rien à voir avec le Vietnam. Les époques sont totalement différentes. Les nouvelles technologies ont totalement transformé les armes et les méthodes pour gérer ou faire face à des conflits armés. Les Etats Unis d’Amérique (EUA) n’ont pas quitté l’Afghanistan comme des vaincus. Derrière ce repli, émerge une nouvelle stratégie militaire.

L’Afghanistan a d’abord une position géostratégique. Ce pays des pachtounes se situe presque au centre de l’Asie et dispose de frontières avec plusieurs pays. Envahi d’abord par l’URSS, à l’époque de la «guerre froide», il fut le terrain d’affrontements violents, pendant plus de 40 ans.

Les «combattants de la liberté», appuyés militairement par les EUA, avec un gracieux financement de la part des pétrodollars des pays du Golfe, deviendront plus tard, après le départ des soviétiques, les «talibans», fondateurs du «nouveau terrorisme international», longtemps dirigés par un Oussama Ben Laden, exécuté par les forces spéciales américaines, et jeté à la mer, sans procès ni jugement.

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Tout récemment, pas très loin de l’Afghanistan, au nord de la Syrie et de l’Irak, Al Qaîda a failli damer le pion aux talibans. Mais le «monstre» qu’est Al Qaîda, est allé trop loin et a commencé à menacer ses propres créateurs et bailleurs. Il fallait en finir. Aujourd’hui, les talibans seraient-ils moins méchants ? Les EUA, gendarme du monde, ont décidé de quitter le territoire afghan.

Les talibans n’ont trouvé presque aucune résistance pour occuper les lieux, tellement le «pouvoir afghan fantoche» n’avait ni assise sociale, ni légitimité morale ou politique. Pour autant, les populations afghanes, dans leur vécu historique et leur mémoire, savent très bien que les talibans ne représentent point une alternative, encore moins des libérateurs. Aucun progrès ne peut être espéré et donc aucun espoir, surtout pour les femmes. N’est-ce pas le principal message transmis à d’autres peuples dans d’autres Etats pour ne plus oser rêver d’une vie meilleure.

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Les nouvelles technologies permettent aux grandes puissances militaires et surtout aux EUA de ne plus être forcés de s’aventurer physiquement dans des territoires lointains. Les nouvelles armes permettent d’opérer à distance. Satellites et drones permettent de cibler et de réduire coûts matériels et risques humains. Les moyens d’écoute et d’observation ont connu une extraordinaire sophistication.

Et encore mieux, la présence des talibans au pouvoir en Afghanistan doit garantir une permanence de la menace dans la région et simultanément la permanence du besoin de protection exprimé par les «Etats-amis». Cette protection/demande rapporte beaucoup et l’accroissement du besoin garantit la bonne continuité du financement de toute une technostructure militaire.

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Trump avait l’inconvénient/avantage d’un langage cru et direct qui dérange. Dans le domaine de la politique étrangère, le contenu de la realpolitik américaine ne change pas. Ce qui change, c’est le mode/la manière et la forme. Les présidents passent, l’«America fisrt» reste.

Les peuples qui observent, reçoivent principalement ce message : «vous n’avez que deux choix : soit un régime religieux et moyenâgeux, soit un régime militaire». Le premier emprisonne surtout l’esprit, le second emprisonne en particulier le corps. Mais l’histoire ne s’arrête pas, bien que reculant parfois.       

 
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