L'édito

L’austérité n’est pas une option [Jamal Berraoui]

On le sait et il y a consensus dessus ! Le gouvernement doit arbitrer au quotidien, entre les fameux équilibres macro-économiques et les besoins de la population. Il faudra de l’inventivité et de la rigueur en même temps. Ce n’est pas d’une facilité déconcertante, même si la communication de l’exécutif, quand elle existe, laisse penser le contraire.

Ceux qui attaquent le gouvernement sur la dette, les déficits budgétaires de la balance des paiements, ne sont pas très responsables. Ils laissent à penser qu’une politique d’austérité est possible, or elle ruinerait le projet national. Ce que nous vivons n’est en rien conjoncturel et une politique d’austérité signifie l’abandon de projets vitaux, ou du moins leur renvoi aux calendes grecques.

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Listons ces projets :

– La généralisation de la protection sociale. Il s’agit d’une vraie révolution au profit de larges couches populaires. La déception qu’entrainera tout retard aurait une grave implication sur la confiance dans les institutions. Il n’est pas imaginable que l’exécutif prenne ce risque.

– La politique de l’eau nécessite des investissements très lourds. Il faut continuer à construire des barrages, des stations d’épuration et surtout le dessalement de l’eau de mer. C’est coûteux, mais on doit s’y atteler au plus tôt, pour faire face non seulement aux besoins de l’agriculture et de l’industrie, mais à ceux des populations en eau potable. C’est un enjeu stratégique et il ne peut supporter aucun retard.

– Les investissements en infrastructures, surtout ceux liés à l’aménagement des territoires ne sont pas un luxe. Les différences entre les régions et à l’intérieur de celles-ci ne sont pas seulement injustes, elles sont aussi un handicap pour l’optimisation des efforts menant à l’émergence économique.

– On ne peut réformer la santé et l’éducation sans mettre sur la table des budgets supplémentaires, même si ces réformes ont des aspects non onéreux.

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Maintenant, il ne faut pas balayer d’un revers de main les contraintes budgétaires. Le Maroc ne peut se permettre de perdre la confiance des marchés financiers et mettre sa souveraineté en péril. Les remèdes des institutions de la Bretton Woods sont catastrophiques au niveau social, la Tunisie en est un exemple.

L’austérité serait une folie, la rigueur elle, est une nécessité. On peut redéployer des milliers de fonctionnaires peu utilisés, on n’a pas besoin d’autant d’agences-conseils alors que la technostructure existe, on peut réévaluer les niches fiscales, surtaxer les mégas-profits. La politique c’est faire des choix, résoudre des équations à plusieurs inconnues

L’exécutif doit faire face.

 
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