Aérien

L’autre réussite du plan Emergence

Il y a environ deux semaines, le souverain inaugurait la plateforme industrielle intégrée de Nouaceur, tout en lançant les travaux de construction de l’usine du Canadien Bombardier. 
Pourtant, ces deux événements, loin de marquer un point de départ, constituent plutôt une certaine confirmation de la validité de choix effectués par le Maroc concernant le secteur aéronautique.

A

près l’automobile, dont Renault est devenu tête de pont, c’est sans doute le secteur de l’aéronautique qui connaît la croissance la plus forte, tous indicateurs confondus. Les exportations explosent. Les investissements se multiplient. Le nombre de sociétés qu’accueille Mid Parc ne fait qu’augmenter.  Avec, à la clé, la création de plusieurs centaines d’emplois. 

Concernant les exportations, il n’y a pas de chiffres officiels provenant de l’Office des changes. Mais, si l’on s’en tient à d’autres sources comme Maroc Export ou encore le Groupement des industriels marocains de l’aéronautique et du spatial (GIMAS). Selon Zahra Maafiri, directeur général de Maroc Export, «le chiffre d’affaires à l’export du secteur de l’aéronautique et du spatial atteint quelque 8 milliards de dirhams, pour quelque 8000 emplois créés». Ces chiffres sont ce qu’il y a de plus réaliste si l’on sait que beaucoup d’opérateurs mondiaux de premier plan ont fait le choix du Maroc, selon Hamid Benbrahim Andaloussi, président du GIMAS. En effet, il affirme que, «aujourd’hui, la base aéronautique marocaine, crédibilisée par la présence de plus de 100 opérateurs de référence internationale dont EADS, Boeing, Snecma, Aircelle, Creuzet, Daher, Souriau, Labinal, Zodiac, Teuchos, Casablanca Aéronautique, Le Piston Français… connaît une nouvelle phase dans son développement avec l’arrivée de nouveaux métiers, ainsi que l’intégration de technologies et de valeur ajoutée».

Pour lui, ce succès tient  au fait que, «le Maroc, au prolongement de l’Europe, a su développer au cours de ces dernières années une plateforme aéronautique et spatiale de qualité, dans des conditions de compétitivité internationale». Et d’ajouter: «En 2013, le Maroc s’affirme désormais comme la destination de choix des opérateurs du secteur aéronautique dans le monde. Cette base connaît un véritable essor avec la consolidation de la culture industrielle aéronautique au Maroc et le développement de nouveaux centres d’excellence couvrant la palette des métiers du secteur aéronautique : production et assemblage de pièces, d’équipements, et de systèmes, câblage, électronique, traitement de surface et chaudronnerie, usinage et mécanique de précision, maintenance moteur et avions, études et ingénierie… ainsi que divers services d’accompagnement».

De plus, ces investissements concernent des domaines à très forte valeur ajoutée. Les entreprises ne sont pas uniquement attirées par les coûts de la main d’œuvre. D’ailleurs, les profils recrutés sont souvent très pointus et des géants comme le Canadien Bombardier ne viennent pas pour faire du textile pour avion. Leurs investissements sont orientés aussi bien dans le développement que la production de pièces à fort niveau de technicité. De plus, autour de ces géants, les sous-traitants sont obligés de se mettre à niveau. C’est ce que confirme Benoît Martin-Laprade, directeur général de l’Usine d’Aircelle à Nouaceur. «L’implantation de Bombardier Aéronautique au Maroc, c’est comme l’arrivée d’une star dans une équipe de football: ça donne de la crédibilité à toute l’équipe».

Le même constat peut être formulé pour d’autres investisseurs qui s’installent à Nouaceur. On peut citer notamment Sagem Défense Sécurité, filiale du groupe Safran et qui compte produire des composants pour actionneurs et équipements d’avionique. La société compte investir quelque 56 millions de dirhams dans sa première phase. 

A l’image de Bombardier, Sagem Maroc est implantée sur un site provisoire, et ce, depuis octobre. Il lui faudra une année avant de terminer la construction de son usine, mais la société estime le Maroc suffisamment intéressant pour débuter son activité. A côté de Sagem, il est possible de citer beaucoup d’autres sociétés qui ne viennent pas pour du simple câblage, mais pour la conception et la fabrication. A titre d’exemple, EADS Maroc Aviation, filiale de EADS Sogerma, participera à la fabrication d’un tronçon de fuselage de l’Airbus A321. En effet, sa maison mère a décroché un contrat dont elle le fera bénéficier.

Pour Sogema, ce contrat, acquis après une longue bataille commerciale et technique sur un marché extrêmement concurrentiel, est un repère important. « Ce type de contrat, qui s’étale sur une durée minimale d’une dizaine d’années, est rare et l’A321 est un des avions les plus vendus de la planète», affirme le PDG de l’entreprise Jean-Michel Léonard.

La production débutera au premier semestre 2014 et pourra atteindre une douzaine d’exemplaires par mois. Une quarantaine d’emplois seront créés à Rochefort ainsi qu’une quinzaine à Casablanca dans la filiale EADS Maroc Aviation, qui réalisera une partie des éléments de structure.

 
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