Modèle économique

«Le capital au XXIe siècle». Faites comme si vous aviez vu le documentaire qui raconte les inégalités d’hier et prédit celles du monde d’après

Sur les écrans depuis le lundi 22 juin 2021, l’adaptation au cinéma du livre à succès de l’économiste français Thomas Piketty, « Le Capital au XXIe siècle », traduit en 40 langues et vendu à près de 3 millions d’exemplaires, a réussi le pari de mettre en images des sujets complexes, pour les expliquer de façon simple, invitant au débat. Comment en est-on arrivé là ? Avec des richesses aussi mal réparties ? C’est la question que pose ce documentaire.

Le documentaire fait réfléchir sans ennuyer. Il y parvient grâce à des images éblouissantes, qui font écho au propos sans le dénaturer : on circule dans des villes chinoises ou américaines, on vole au-dessus de la campagne anglaise ou des rues de Paris. Une voix off fait le lien entre différents intervenants, dont certains sont connus, comme le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz.

1991. Au lendemain de la chute du mur de Berlin, le régime communiste s’effondre avec comme conséquence la consécration du capitalisme. Ce système économique remporte en effet tout simplement la bataille idéologique entamée depuis plusieurs dizaines d’années. Mais un tiers de siècle plus tard, cette dérégulation continue de provoquer un creusement des inégalités. Quelle lecture pourrait-on faire à travers ce prisme du partage du capital ?

L’explosion des inégalités de revenus

Pour comprendre, le lien entre ce constat et l’économie capitaliste, le film nous replonge dans une deuxième scène. Nous revoilà alors au XVIIIème siècle. Les propriétaires terriens détiennent tout, le reste du monde rien. Tout est fait pour que rien ne change aussi. D’une part, les privilèges et l’héritage foncier continuent d’être transmis d’une génération à une autre. D’autre part, les puissants, qui monopolisent capital économique, social et culturel, votent des lois pour rester puissants. Et tout va bien pour eux dans le meilleur des mondes possibles.

En 1914, à la veille de la première guerre mondiale, la capitale française est extrêmement inégalitaire : l’élite parisienne détient 70% des richesses de Paris. « La montée des nationalismes en Europe est en partie due aux tensions sociales extrêmement fortes à l’intérieur des pays du Vieux Continent », assure Thomas Piketty, l’auteur du livre Le Capital au XXIème siècle et coréalisateur du documentaire. Résultat des courses : en juillet de cette même année, la première guerre mondiale éclate.

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Reconcentration des patrimoines dans les mains des plus fortunés

Troisième scène : Un siècle plus tard. Tout va-t-il mieux ? Non. L’histoire se répète : les riches s’enrichissent, les pauvres s’appauvrissent Pour Joseph Stiglitz, au XXIème siècle, la surconcentration du capital rappelle les niveaux d’inégalités des démocraties occidentales du XVIIIème et XIXème siècles. « Aujourd’hui, les riches s’enrichissent, les pauvres s’appauvrissent et les tensions sociales culminent. Pour la première fois, les nouvelles générations s’attendent à être plus pauvres que leurs parents », dit-il.

Et le prix Nobel d’économie de regretter qu’en 2020 encore contrairement aux Trente Glorieuses, le travail ne permet plus autant l’ascension sociale ou l’accès à la propriété, assure-t-il.  Il prend l’exemple de la Chine, deuxième économie de la planète où le revenu moyen a été multiplié par 9 depuis les années 1980 et celui des 1% les plus riches par 21. Aux États-Unis, ajoute-t-il, le revenu médian d’un ménage de la classe moyenne est aujourd’hui le même qu’il y a 25 ans. Autrement dit, si les quelques pourcents des plus riches Américains ont vu leur richesse s’envoler, celle de la grande partie de la population stagne. Quelle solution ?

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Comment arriver à la paix sociale

Pour Joseph Stiglitz, il est nécessaire de créer un impôt progressif sur le capital pour endiguer la concentration des richesses, l’accroissement des inégalités et éviter le délitement des classes moyennes.  L’économiste rappelle que de 1700 à 2018, le taux de croissance a été plus faible que le taux de rendement du capital. « Si tout le monde possédait une partie du capital, ce ne serait pas très grave. Mais le problème, c’est la concentration des richesses et du pouvoir », martèle l’économiste face caméra. Dans le monde, 1% de la population détient plus que les 99% autres. 

Ce documentaire, avec ses interviews d’experts, Thomas Piketty et son coréalisateur, le Néo-zélandais Justin Pemberton, est un des plus importants de ces dernières années. Le film qui passionne les foules, depuis sa sortie en juin dernier, porte un regard très critique sur les conséquences du capitalisme en revenant aux racines de notre système. S’il nous propose un voyage à travers les époques, afin de mieux comprendre le monde d’aujourd’hui où quelques milliardaires possèdent plus de richesses que 60 % de la population mondiale, il propose à travers les interviews d’experts de repenser le système en incitant par exemple les citoyens à participer davantage à la vie démocratique.

 
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